SAINGERY Joseph, Alexis

Né vers 1820, armurier à Warcq (Ardennes). Il fut le principal des républicains « rouges » de Warcq et des environs qui passèrent devant les assises des Ardennes, le 15 janvier 1850, et furent acquittés à propos des incidents de Warcq du 30 septembre 1849.

Le village était depuis 1848 divisé en deux camps de force à peu près égale, celui des « Blancs », et celui des « Rouges ». Le dimanche 30 septembre 1849, qui était celui du « renou » de la fête patronale, soit le dimanche qui suivait le jour de la fête du saint, tout le village était rassemblé à la messe, y compris les parents et les invités des uns et des autres.
Après la bénédiction du drapeau de la garde nationale, le maire prononça un discours et le termina en criant : « Vive la République ! Vive le Président ! » ». Mais Joseph Saingery avait demandé aux Rouges de se grouper dans l’église, et d’avoir un signe de raliement, ruban ou fleurs de couleur rouge à la boutonnière. Les Rouges répondirent donc au maire : « Vive la République démocratique et sociale ! »
La sortie de l’église se fit dans le désordre des discussions partisanes et tout continua sur la place. Joseph Saingery agitait un parapluie menaçant, selon les Blancs. Les Rouges levèrent leurs casquettes et poussèrent des « Vive Ledru-Rollin ! Vivent les Rouges ! Vive Raspail ! Vive la Montagne ! ». On apostropha le maire, on le traita de mouchard.
Quand Joseph Saingery et ses amis eurent gagné leur cabaret habituel, les Blancs revinrent à la charge en hurlant : « À bas les Rouges ! Vive Napoléon ! » Une femme demandait l’emprisonnement de tous les Rouges « avec leur garce de République, avec leur monstre de Ledru-Rollin... » Les Rouges multipliaient les injures à l’adresse du maire et du conseil municipal. On n’en vint cependant pas aux mains.
Durant l’instruction, Joseph Saingery précisa que s’il était pour la Montagne, c’est parce qu’elle « prend les intérêts des ouvriers ». Poursuivi pour cris séditieux, Joseph Saingery fut acquitté, ainsi que Baucart J.-R.*, Benoît L.*, Dewailly A.*, Gérard L.*, Rousseau E.-* et Saingery X.*
Joseph Saingery fut certainement un de ceux qui, en avril-mai 1850, à Warcq, donnèrent leur signature à une pétition contre le projet de restriction au droit de suffrage universel qui devint la loi du 31 mai 1850.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37519, notice SAINGERY Joseph, Alexis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 5 juillet 2017.

SOURCES : Pour le procès du 15 janvier 1850, Arch. Dép. Ardennes, 1 U 993, et pour la pétition signée à Warcq, ibid., 1 U 1017.

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