SAMBUC Jules, Théophile

Par Jean Risacher

Né en 1804 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 2 août 1834 à Nyon (Suisse) ; étudiant en droit, animateur du mouvement étudiant et de société républicaine.

Sambuc était issu d’une famille protestante, de bourgeoisie aisée. Son père, Théophile Sambuc, était officier public et juge de paix sous l’Ancien Régime, rallié à la Révolution, puis au Consulat et à l’Empire qui firent son ascension sociale, Peut-être victime des persécutions religieuses qui marquèrent le début de la Restauration, puisqu’il fut absent de France tant que dura la Restauration, Jules Sambuc fit ses études secondaires et supérieures en Allemagne. Il fut en 1825 professeur de français à l’institution du Bernois P. Emmanuel von Fellenberg à Hofwil dans le canton de Berne. A côté d’un institut d’agronomie très réputé, se trouvait une école très remarquable destinée à l’éducation des pauvres. Il fréquenta la faculté de théologie de Lausanne en 1827.

Sambuc revint en France dès septembre 1830 pour reprendre ses études de droit. Sa logeuse, une dame Michel en témoigna au procès des Dix-Neuf pour la période du 7 septembre au 9 octobre 1830. Il s’inscrivit en novembre à la faculté de droit avec Auguste Blanqui*, Alexandre Plocque*, etc.. Il rédigea le 29 novembre 1830 une brochure qui parut le 1er décembre : Aux Étudiants, sur les derniers événements des Écoles de Droit et de Médecine de Paris et sur la nécessité d’avoir recours à un mode régulier d’organisation et d’expression, chez Benoist, Béchet, l’auteur, in-8, (2), 27 p. C’est le premier manifeste du monde étudiant à l’époque, appel à la nécessaire création d’une association d’étudiants et d’un journal. Il habite aux confins du Quartier Latin et du faubourg Saint-Marceau, 34, rue des Postes (XIIe arr. ancien, maintenant rue Lhomond, Ve). Il proposa aux étudiants de signer une pétition demandant la suppression de l’interdiction d’association et de la déposer aux bureau de La Sentinelle du peuple, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel (XIe arr. ancien, maintenant rue Monsieur-le-Prince, VIe).

Fin novembre, il créa la Société de la Liberté, de l’Ordre et du Progrès, la SLOP, avec Adolphe Audry*, Francfort* (trésorier), Chaparre*, qui n’avait pour but que de préparer une association des Écoles, et fut financée par Sambuc et Labutte. Elle n’eut que 32 adhérents. Il fréquentait Trélat* et les Amis du Peuple, Cavaignac* et Aide-toi, le ciel t’aidera, Juchault*, Morhéry*, La Tribune, la Révolution. Il prit la parole à l’occasion de la lecture dans les Écoles de l’adresse des étudiants de Glasgow avec Saint-Firmin* et un troisième étudiant anonyme, le 11 décembre 1830. Bien que l’un des plus actifs manifestants le 20 décembre, il ne semble pas avoir participé directement aux journées des 21-22 décembre 1830 (selon certaines sources non vérifiées, et non confirmées par son journal, il aurait été arrêté le 22 décembre).

Il saborda la SLOP vers le 22 décembre pour la remplacer par l’Association patriotique et scientifique des Écoles, et se rapprocha de Morhéry. Il a recruté des gens, distribué les rôles etc. Il prit la parole pour soutenir la protestation des écoles du 24 décembre dont il est peut- être l’auteur. Il prit la parole avec de Saint-Firmin chez Lafayette, lors de la manifestation de soutien le 27 décembre. Le 29 il préparait une adresse aux Polonais. qui sera lue avec une réponse aux Écossais le 5 janvier devant des milliers d’étudiants. Il participa au Comité provisoire des Écoles désigné ce même jour avec Morhéry, de Saint-Firmin et Teissonière* chargé de rédiger avant le 20 janvier un nouveau règlement d’association. Le 7 janvier une nouvelle réunion eut lieu d’où fut issu un nouveau comité, beaucoup plus large et où il était le seul représentant du précédent. L’explication en fut sans doute la nécessité d’un départ précipité pour Strasbourg de Morhéry, dont la femme était malade et qui avait appris qu’un mandat d’arrêt avait été lancé contre lui. Le nouveau comité s’appuyait davantage sur les organisations existantes, comme la SLOP, avec Sambuc, Audry, Rouhier*, etc... et la Société des Amis du Peuple, avec Blanqui, Plocque, Juchault, Fulgence Girard*...

Sambuc rédigea le 11 janvier un « Manifeste pour le Droit d’Association et la Société des Écoles » qui sera publié dans La Tribune du 12. Membre et signataire des textes du Comité des Écoles, il rencontra le 14 janvier Barthe, ministre de l’Instruction publique, et Blondeau, doyen de la faculté de droit pour exposer son projet d’association. Parallèlement, il fréquentait les salons de Lafayette et d’autres. Appelé avec les autres devant le conseil académique du 22 janvier, il subit la plus grosse sanction, l’exclusion d’un an de l’Université. Il fut arrêté le 24 janvier pour les troubles qui avaient suivi le Conseil. Demeurant alors 34, place de l’Estrapade (XIIe arr. ancien, maintenant Ve), il fut écroué le 25 janvier à La Force, signataire de la lettre collective de La Force du 30 janvier 1831, puis de celle des inculpés de Sainte-Pélagie du 28 février. Bien qu’ayant bénéficié comme les autres du non-lieu pour les incidente du 22 janvier, il fut renvoyé devant la cour d’assises pour complot contre la sûreté de l’État, et restait écroué pour décembre. Il comparu le 7 avril au procès des Dix-Neuf dont la plupart étaient des membres de la SLOP et les autres de la SAP. C’est son journal, saisi par la police et publié par Le Courrier français, qui constitua la base de l’accusation du procès des Dix-Neuf, ce dont il fut contraint de s’excuser auprès de ses camarades et qui l’obligea sans doute à quitter la France et se couper des milieux républicains. Acquitté, il retourna à Lausanne, s’y maria (18 juillet 1831) et, lié avec Druey, devint rédacteur de La Constituante, La Gazette vaudoise, L’Helvétia. Il semble avoir participé à une société secrète suisse en liaison avec Mazzini pour coordonner l’action des patriote suisses et italiens. Soi-disant pour des motifs politiques, il se battit en duel à Crassier (en France) avec l’avocat Pierre Allier*, le 29 juillet 1834 et mourut le 2 août chez son ami le pharmacien Monnier à Nyon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37575, notice SAMBUC Jules, Théophile par Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 mars 2016.

Par Jean Risacher

SOURCES : Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou DY/4 5-7706. — Le Courrier français, 8 avril 1831. — La Gazette des Tribunaux du 6 avril 1931, — Procès de la Conspiration dite républicaine de décembre 1830, par Émile Babeuf, éditeur du Procès des ministres de Charles X, A. Hocquart jeune, 1831. — Procès des Dix-Neuf citoyens accusés de complot tendant à remplacer le gouvernement royal par la république. Contient leur défense et celles de leurs avocats, Prévot, libraires éditeurs, 22 rue de Vaugirard, 1831. Introduction d’Achille Roche. — J.-C. Biaudet, La Suisse et la monarchie de juillet, 1830-1848, Lausanne, 1941. — Marc Vuilleumier, Le saint-simonisme en Suisse, Économie et sociétés, Cahiers de l’ISEA, oct. 1970. — J.-C. Caron, Génération romantisme, Les Étudiants de Paris et le Quartier latin, Paris, A. Colin, 1991. — J.-C. Caron, "Jules Sambuc (1804-1834). Libéralisme et mouvement étudiant", in Christophe Charle, Jacqueline Lalouette, Michel Pigenet, Anne-Marie Sohn (dir.), La France démocratique. Mélanges offerts à Maurice Agulhon, Publications de la Sorbonne, 1998, pp. 191-197. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993.

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