SAUPIQUE-DUFAYS Claude, Augustin

Fils d’un marinier de la Noue, Saupique-Dufays devint avocat. Il fut propriétaire et rédacteur de L’Ancre, journal de Saint-Dizier, de 1841 à 1852, date à laquelle son fils lui succéda.
Dès la parution du journal républicain de la Haute-Marne, Le Bien public, Saupique y écrivit des articles à tendance socialiste pour demander notamment que « tous les citoyens avancés dans les hautes pensées sociales s’entendent sans retard pour créer les comités électoraux », « pour excuser les agitations populaires causées par l’ignorance où on a tenu le peuple », « pour proclamer que la révolution de Février était plus sociale que politique ». En contact étroit et permanent, à cause de ses opinions, avec les ouvriers des deux faubourgs de Saint-Dizier, mariniers et vignerons, il semble avoir été à l’origine de l’émeute ouvrière du 11 mars 1848 qui aboutit au pillage et à la mise à sac des bureaux de la régie et de l’octroi. (Voir Costant*).
Après les Journées de Juin 1848, il fut accusé d’avoir poussé les jeunes gens du faubourg de la Noue à fondre des balles et à fabriquer des cartouches pour se défendre contre le maire réactionnaire qui venait de succéder au maire socialiste Godard.
Son arrestation, en février 1852, provoqua de nouveaux troubles dans la ville. Ses amis, les ouvriers, pour protester, refusèrent de voter et huèrent le candidat, un maître de forges qui ne payait ses ouvriers que quinze sous par jour. Traduit finalement, en mars 1852, devant la Commission mixte départementale — voir Arnaud François* — il fut condamné à la déportation en Algérie, à Lambessa, pour « avoir toujours été la cheville ouvrière de toutes les échauffourées survenues à Saint-Dizier ». Il quitta la Haute-Marne pour Lyon, première étape, le 1er juin 1852, à 4 h. 30 du matin avec quatre autres déportés, sous escorte de douze hommes de la garnison de Chaumont. Gracié, il rentra dans ses foyers en 1853. Voir Godard L.-E.* et Paquot J.*