SAVARD Jean-Baptiste (ou SAVART Jean-Baptiste)

Né à Rochefort (Charente-Inférieure). Marié, père de cinq enfants. Instituteur à Saint-Pierre-d’Amilly (Charente-Inférieure) en 1851. Arrêté à Paris après le coup d’État du 2 décembre 1851, il fut transporté en Afrique. En 1853, revenu en France, il rédigea les statuts de la société secrète la Militante et organisa cette société.

La Militante prit racine dans plusieurs départements de l’Ouest. Savard entretenait des relations avec les affiliés de Cognac (Charente). C’est pourquoi il fut condamné avec eux, le 21 juin 1856, par le tribunal correctionnel de Cognac, pour délit de société secrète. Sa peine fut de un an de prison, 100 francs d’amende et cinq ans de privation de droits civiques. Le procureur impérial de Cognac le jugeait intelligent et énergique, capable d’exercer sur les ouvriers une influence sérieuse et durable.
La Militante, c’était la société secrète de la Marianne, transformée. Voir Ramade Isidore*.
Son but était l’émancipation universelle de tous les citoyens. Tout nouvel affilié prêtait le serment suivant : « Je jure sur mon honneur et sur ce que j’ai de plus cher au monde d’appartenir tout entier à la société dite la Militante dont le but est l’émancipation universelle de tous les citoyens, et de faire tout ce qui me sera ordonné pour arriver à ce but. » Dans l’immédiat, les responsables demandaient de former des associations ayant pour but d’empêcher la force publique de se porter sur Paris où ils assuraient qu’un mouvement révolutionnaire devait éclater prochainement. Ils voulaient renverser le gouvernement et le remplacer par une République démocratique et sociale.
Le recrutement des membres de la Militante amena des discussions entre les responsables. Certains précisèrent leur point de vue : à Angoulême (Charente), Malarte refusa d’admettre des bourgeois dans la société. Il prétendait que « les bourgeois resteraient chez eux quand on se battrait et que, quand l’affaire serait faite, ils se présenteraient pour prendre tout et occuper les places ». Il ne voulait pas non plus de membres de la franc-maçonnerie. Signalons qu’en 1853, Henri Chabanne* essaya plusieurs fois d’établir à Cognac (Charente) une association politique parmi les ouvriers. Il ne put y réussir.
Chaque société de la Militante était organisée ainsi : il y avait un ou plusieurs chefs sous les ordres desquels se rangeaient les membres de la société groupés en sections. Malarte engagea les affiliés d’Angoulême à former des associations de douze personnes, dont chacune en affilierait d’autres. À Bordeaux, il y eut à la tête sept puis dix membres principaux. Au-dessous d’eux, il y avait des centurions puis des décurions (qui dirigeaient une décurie : dix hommes). À Bordeaux, il y eut jusqu’à quatre à cinq cents affiliés. Chaque société était en relations — épistolaires ou par émissaires — avec les sociétés des villes voisines et avec le Comité central de Paris. Elles utilisaient, pour correspondre, des lettres aux expressions commerciales : marchandises pour armes, commis voyageurs pour émissaires, actions pour souscriptions.
De Rochefort, la société étendit ses ramifications vers plusieurs départements de l’Ouest : Gironde, Charente-Inférieure, Charente. En Charente, il y eut trois sociétés : à Cognac, à Châteauneuf-sur-Charente, à Angoulême.
À Cognac, un comité était fondé dès le mois d’avril 1854. Les statuts avaient été remis à Joseph Pitet*, ouvrier cloutier, par Henri Chabannes, alors à La Rochelle. Des affiliations furent faites dans la campagne.
À Châteauneuf, le comité fut organisé en 1855 par Louis Barbin*, Alexis Gueslin* et François Buisson*. Ils firent de nombreux voyages entre Cognac, Angoulême, La Rochelle et Bordeaux. Barbin était le lien principal entre le Comité central de Paris et les affiliés de la Charente. Le 22 octobre 1855, Barbin partit pour Paris avecPierre Boyer*, de La Rochelle, pour entrer en communications avec les chefs du mouvement prochain. Ils allèrent chez Fauconnier* qui était en correspondance avec Paillet*, de Niort (Deux-Sèvres). Ils allèrent aussi chez Baffet*, tourneur, et Géraux*, tailleur, qui se dirent directeurs d’un Comité central, tous condamnés récemment à Paris. Baffet parla de ses relations avec Secrétain*, chef de la société secrète la Marianne d’Angers. Les délégués parisiens demandèrent qu’on leur envoyât de l’argent. Barbin leur fit parvenir cinq cent cinquante francs. Le 25 novembre 1855, Baffet et Géraux vinrent en Charente puis partirent avec Barbin pour s’enquérir de la situation des autres provinces.
C’est le 16 décembre 1855 qu’eut lieu à Angoulême l’organisation de la Militante par Antoine Malarte, peintre en bâtiment. Il lut des lettres de plusieurs personnalités révolutionnaires. Il rappela que dans une réunion précédente, il avait défendu la prééminence de la classe ouvrière. Il donna enfin un plan d’insurrection locale : la ville fut divisée en six quartiers, chacun sous la responsabilité de deux membres du comité.
Le 31 janvier 1856, tous les membres du comité d’Angoulême furent arrêtés. Malarte, qui s’était enfui à Limoges, fut arrêté peu après.
Différents procès eurent lieu au cours desquels furent jugés les membres des sociétés de la Militante.
Le 20 mai 1856 le tribunal correctionnel d’Angoulême jugea les seize inculpés d’affiliation à la société secrète d’Angoulême.
Le 23 mai 1856 le tribunal correctionnel de Cognac jugea les dix-neuf inculpés d’affiliation à la société de Châteauneuf.
Le 2 juin 1856, le tribunal de police correctionnelle de Bordeaux jugea les trente-deux inculpés d’affiliation à la société de Bordeaux.
Enfin le 21 juin 1856 le tribunal de Cognac jugea les trente-neuf inculpés d’affiliation à la société de Cognac. Voir Arbello P.* (Deux-Sèvres), Malarte A.* et Dognon J.*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37660, notice SAVARD Jean-Baptiste (ou SAVART Jean-Baptiste) , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 30 décembre 2016.

SOURCES : Arch. Dép. Charente, 4 M 2/25 à 29, et M 646. — Journal Le Charentais du mois de mai 1856. Registres des tribunaux correctionnels d’Angoulême et de Cognac, de 1856.

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