SCHUMACHER Jean, Nicolas

Né en 1805 à Ham-sous-Varsberg (Moselle). Mécanicien. Militant socialiste.

Assez solidement établi, depuis 1843, 35, rue Basfroi à Paris, pour occuper un bon nombre d’ouvriers en 1848, Schumacher était lui-même ouvrier habile. Révolutionnaire « très turbulent » mêlé à toutes les conspirations, il se trouvait, le 23 février au soir, boulevard des Capucines, et son attitude en présence du colonel du 14e régiment de ligne, que sa troupe croyait menacé, semble être à l’origine de la fusillade qui décida de la révolution. Lieutenant de la garde nationale dans la VIIIe légion, il manifesta, le 15 mai, et fut contraint de démissionner de son grade.
Le 23 juin, il parcourut les quartiers Saint-Merry et Beaubourg, se mêlant aux groupes insurgés. Le 24, il était rue Rambuteau et fit une tentative de conciliation. Le 25, au moment de l’attaque, place de la Bastille, il s’opposa à l’évasion des prisonniers de la Roquette, puis gagna la barricade de la rue Popincourt, où les insurgés lui demandèrent de les commander. Il les accompagna chez Pihet, constructeur mécanicien, où il dirigea la fabrication de trois canons. Le 26 juin, sur l’invitation d’un émissaire de Recurt*, il traversa la barricade rue de la Roquette, se présenta en parlementaire, fut conduit chez le banquier Sinet, place de la Bastille, où le rejoignirent cinq ou six délégués du Faubourg. À la demande d’un colonel d’artillerie : « Mais que voulez-vous donc ? », Schumacher répondit : « Nous voulons la République démocratique et sociale. » Puis il mit en demeure Recurt de faire cesser le feu faubourg du Temple.
Après la conférence, Schumacher repassa la barricade et engagea ses défenseurs à cesser leurs préparatifs de combat.
Arrêté, Schumacher fut transporté, mais il revint dès septembre 1848, sur la recommandation de Recurt et du policier Carrier.
En décembre 1851, il avait reconstitué un établissement de tournage sur bois et métaux, 27, rue Popincourt, qui lui assurait un revenu de 6 000 F (francs-or de germinal an XI). Poursuivi comme membre de la Chaîne des Martyrs, il fut saisi et la police s’empara chez lui de proclamations, de professions de foi, de pétitions, de chansons et de listes de candidats socialistes. Bien qu’aucune autre charge ne pesât sur lui, il fut transporté (« Algérie moins »). Voir Carpentier.

Almain Rustenholz nous écrit en novembre 2021 :
SCHUMACHER, Jean Nicolas

Jean Nicolas Schumacher est né le 19 messidor an XIII, soit le 8/7/1805, à Ham-sous-Varsberg (Moselle).
Son père, Michel François, est déclaré “tourneur“ à sa mort, le 24/10/1839 au 22 quai de Jemmapes, (mais quand Jean Nicolas demande la reconstitution de son état-civil après la Commune, et en l’occurrence de son acte de mariage, par une lettre à l’appui de laquelle il ne fournit aucun document, il dit son père « fermier » en 1827.
Jean Nicolas apparaît en 1840 comme “Schumacher aîné“, 37 ( et non “35“) rue Basfroi, mécanicien spécialisé dans le filetage, avec cette précision dans l’Annuaire Didot de 1844 : « tours, laminoirs, découpoir, file toutes sortes de vis ». Son frère cadet, Nicolas, tourneur sur bois et métaux, apparaît en 1845 au 9 av Parmentier puis, l’année suivante, 27 rue Popincourt, avec, à partir de 1848, la mention de son prénom : Schumacher (Nicolas). La notice du Maitron confond les deux frères (voir leur état-civil ci-dessous).
Jean Nicolas Schumacher figure sur la liste des membres du comité central pour la réforme électorale publiée par le National le 30 août 1840. Il est l’un des trois seuls ouvriers, sur 49 noms de députés, d’avocats, de journalistes et d’académiciens, aux côtés de l’ébéniste Dansat et du typographe Leneveux, l’un des fondateurs de l’Atelier.

Jean Nicolas Schumacher (né le 19 messidor an XIII, soit le 8/7/1805 à Ham-sous-Varsberg (Moselle)), habite chez ses parents au 24 ou au 58 (on trouve les deux selon les actes) rue Popincourt à son mariage civil, le 5/7/1827 (et religieux le 14/7/1827 à l’église Ste-Marguerite). Il est fils de Michel François, fermier, et de Catherine Elisabeth Dorr. Il épouse Marie Françoise Ruby, 17 ans, née le 6/2/1810, blanchisseuse, fille de Jacques Ruby, tisserand, et Catherine Neveu, qui habitent 215 Fbg St-Antoine. Le couple aura un 1er enfant, Adrien Nicolas, le 3/6/1830.
Jean Nicolas se retirera (quand ?) à Rochefort (auj. en-Yvelines), où Alfred, son (dernier ?) fils, mécanicien, né en 1845 au 37 rue Basfroi, mourra célibataire au domicile rochefortais de son père le 27/3/1875. Jean Nicolas décèdera à Rochefort-en-Yvelines le 12/12/1880.
Nicolas Schumacher, frère cadet de Jean Nicolas, est né le 19/4/1808. Il épouse le 30/6/1832, Marie Anne Greffier, brunisseuse, fille de Claude, décédé, et d’Hélène Dannegre. Les deux époux donnent la même adresse : 19 rue du Chemin Vert. Nicolas est déclaré tourneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37720, notice SCHUMACHER Jean, Nicolas , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 mai 2022.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 11880 et B 1588. — Notes d’Alain Rustenholz.

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