SÉBERT Julienne, épouse FREMAUX

Née à Lille (Nord) en 1824, morte en France après 1882 ; corsetière puis marchande de tabac ; militante blanquiste et rationaliste.

Admiratrice de Blanqui à partir de 1848, Julienne Sébert figurait parmi les dix signataires de l’acte de constitution d’une ambitieuse "association des travailleurs de toutes les classes et de tous les pays", en fait destinée à ouvrir un établissement de cuisiniers réunis à Châtillon et à financer des associations féminines. Parmi les dix cofondateurs (six hommes et quatre femmes dont Désirée Verret, épouse Gay), le document, daté du 18 août 1849, mentionne Julienne Sébert, fabricante de corsets, âgée de vingt-cinq ans, autorisée par son mari François Frémaux et demeurant avec lui à Paris, rue du faubourg Saint-Denis (Xe arr.).
Elle se réfugia à Bruxelles après le coup d’État du 2 décembre 1851, parce qu’elle avait distribué les tracts du Comité de Résistance. Voir Greppo L., Pensée. En 1858, elle était notée comme "corsetière à la place d’Ixelles" (faubourg de Bruxelles) dans une liste de visiteurs du militant belge Nicolas Coulon, emprisonné après sa condamnation à 18 mois de prison par la cour d’assises de Bruxelles (mars 1858) pour son article dans Le Prolétaire sur l’attentat manqué d’Orsini contre Napoléon III. Elle agissait manifestement par sympathie et par solidarité pour les propos du condamné. Elle fut ailleurs mentionnée comme "fabricante de corsets, 7 rue Neuve à Bruxelles, réfugiée politique, ayant obtenu la permission de rendre visite à François Attibert, évadé de Cayenne, qu’elle avouait elle-même ne pas connaître" (Archives générales du Royaume-Parquet général, 208). Elle vivait seule, son mari et leur fillette continuant d’habiter à Paris et venant la voir.
Une fois rentrée à Paris, en 1860, Auguste Blanqui prenait clandestinement chez elle les repas qu’il ne prenait pas chez sa sœur, Mme Antoine. Elle comparut avec lui devant la 7e chambre correctionnelle de la Seine, le 14 juin 1861, et fut condamnée à un an de prison, 100 F d’amende et deux ans de privation des droits civiques.
Exilée une nouvelle fois à Bruxelles, elle tint un magasin de tabacs où elle accueillit plusieurs révolutionnaires exilés français. Le 24 février 1866, elle assistait aux Trois rois, rue Haute, à un banquet de la société Le Peuple, pour la démocratie militante. Elle y porta un toast à la révolution : "J’espère que dans la révolution future, qui n’est pas éloignée, nous serons plus heureux", et chanta ensuite deux chansons républicaines.
Louis Bertrand écrivit à son propos : "La citoyenne Sebert était blanquiste en politique, raspailliste en médecine. Expulsée de France après le coup d’État elle fut condamnée à l’emprisonnement pour sa participation dans les sociétés secrètes. Elle habitait une maison de la Grand-Place où Victor Hugo écrivit dans une modeste chambre Napoléon le petit ( Bruxelles, 1852). Elle y tenait un petit débit de tabac et de cigares au "Petit Gavroche". C’est chez elle, que se réunissaient les pères du socialisme selon Saint-Ferréol" (L. Bertrand, Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique, T II, Bruxelles-Paris, 1907). Il ajoutait en note : "Après la guerre la citoyenne Sébert habitait encore Bruxelles. Elle était devenue incapable de gagner sa vie. Léon Defuisseaux (député libéral de Mons), qui avait protesté à la Chambre contre l’expulsion de Victor Hugo (en mai 1871, lorsqu’il avait désavoué les agissements des Communards, mais proclamé que sa porte serait ouverte aux réfugiés), écrivit un jour au poète pour lui demander un secours pour la citoyenne Sébert, L. Defuisseaux a reçu une lettre fort aimable, mais pas un sou." De fait à une réunion des Cosmopolitains (société rationaliste d’enterrements civils) le 14 septembre 1875, Louis Van Peteghem (dessinateur), secrétaire, signala la situation difficile de la citoyenne Sebert et fit une collecte qui rapporte 10 francs (or) (Archives de la ville de Bruxelles, Mt 2). Le même Van Peteghem dans une réunion d’une autre société rationaliste, L’Affranchissement (créée notamment par Nicolas Coulon), expliqua que "la citoyenne Sébert avait exprimé le vœu d’être enterrée par L’Affranchissement en présence de son fils et du citoyen De Steiger (le baron Hippolyte De Steiger, rentier). Des motifs (connus de tous) l’empêchent de se faire recevoir membre de la société" (Archives de la ville de Bruxelles, 4e section-160). Cela témoignait de la notoriété de Julienne Sébert dans ce milieu.
Julienne Sébert, qui aurait confectionné le catafalque de Gustave Tridon lors de son décès en Belgique en 1871, rentra à Paris en 1882.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37737, notice SÉBERT Julienne, épouse FREMAUX, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 2 décembre 2022.

SOURCES : Le Droit, 31/08/1849. — M. Dommanget, « La vie de Blanqui sous le Second Empire », dans Le Mouvement social, avril-juin 1961. — Notes de Vincent Robert. — Florence LORIAUX, Femmes et exil durant la Première Internationale, CARHOP, 2008-1. — Notes de Jean-Jacques Puissant sur l’exil belge.

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