Né à Samazan (arrondissement de Marmande, Lot-et-Garonne), entre 1825 et 1833. Ouvrier tonnelier. Initiateur de l’émeute de Chalon-sur-Saône, en 1858.
La police reconnaissait ses qualités morales : « Travailleur, sobre, rangé, sa bourse est toujours ouverte à ses camarades quand ils sont sans ouvrage. » Il appartenait sûrement à un compagnonnage. En 1848, il passait pour un des chefs les plus décidés du parti républicain dans sa contrée natale. Le 17 juin 1850, la cour d’assises du Lot-et-Garonne le condamna à un mois de prison pour trouble à la paix publique et, par décret du 8 décembre 1851, à dix ans de transportation en Algérie pour affiliation à une société secrète et rassemblement armé. Il s’en évada en 1854 et se réfugia à Barcelone où il vécut jusqu’à la fin de 1856. Il fut alors gracié.
On ignore la date de son retour en France. La police releva son passage ou ses séjours à Samazan, à Nevers, à Châteauneuf-du-Pape, à Dijon. Il arriva à Chalon-sur-Saône à la fin de novembre 1857. Il acquit tout de suite une profonde influence sur les ouvriers. Dès le 1er mars 1858, une lettre anonyme avertissait la police qu’il les préparait « pour la très prochaine révolution ». Il faut dire qu’à cette époque, un certain nombre d’ouvriers du port se trouvaient sans ouvrage, par suite de la suppression d’un vapeur appartenant à la Compagnie du Creusot.
C’est dans ces conditions qu’éclata l’émeute. Le samedi 6 mars 1858, à 8 heures du soir, 30 à 40 ouvriers se rassemblèrent sur la place du Palais de Justice. Ils marchèrent sur le poste militaire de la route de Beaune, tenu par 14 hommes. Ils garrottèrent la sentinelle et s’emparèrent de 10 fusils. Sur le pont de Saint-Laurent, ils crièrent : « La République est proclamée dans toute la France ! Vive la République ! Nous voulons la République ! » Ou encore : « Il faut sonner le tocsin... Nous fusillerons ceux qui ne marchent pas... C’est aujourd’hui que la République doit éclater, à 10 heures, dans toute la France. Elle est déjà proclamée dans quarante villes... Vive la République ! »
La foule des curieux grossissait, mais personne n’alla rejoindre les émeutiers, qu’une compagnie de soldats dispersa. À 10 heures du soir, le calme était rétabli. À la grande surprise des autorités, parmi les émeutiers saisis ou présumés, dominait la profession de tailleur ; c’étaient les métallurgistes du Petit-Creusot qu’elles soupçonnaient a priori.
Rapidement, on découvrit qu’« Henri » était l’instigateur de l’émeute et qu’il était vraisemblablement un émissaire de la Marianne. Un mandat d’arrêt fut lancé contre lui. Il échappa aux poursuites et fut condamné, par défaut, par le tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône, le 21 mai 1858, à quatre ans de prison, 1 000 F d’amende, un an d’interdiction des droits civiques pour avoir pris part à l’échauffourée du 6 mars 1858 à Chalon-sur-Saône. Il ne quitta pas la France, il se réfugia à Paris.
Furent mêlés à l’émeute du 6 au 7 mars à Chalon-sur-Saône : Anspach*, Berthaud Jean, Bertrand Bertrand G.*, Bertrand H.*, Blanc, Bonnin*, Bouguero*, Brun, Catherine*, Chaussay*, Commaret*, Dard*, Defay*, Douard*, Douin*, Jouand fils*, Jouhot*, Knuchel*, Laroze*, Martin N.*, Martin S.*, Michel*, Pernette*, Pierre A.*, Pugeant*, Raudot*, Saurand*, Steinzel*, Tivray*.
SOURCES : Arch. Nat., BB 30/420, p. 1548. — Arch. Dép. Lot-et-Garonne, série M non classée. — Journal de Toulouse politique et littéraire, 18 mai 1858. – Gazette des Tribunaux, 18 au 23 mai 1858. — Note de A. Jeannet.