SIMONIN Amédée

Par Michel Cordillot

Comptable français installé à New York en 1851, il avait été chargé d’organiser aux États-Unis la souscription en faveur de l’expérience fouriériste de colonisation au Texas. Cette souscription ne fut en fait jamais lancée. À partir de mars 1855, il fut en correspondance avec de nombreux fouriéristes français (J. Juif*, Vézian, V. Considerant*, Cantagrel*, etc), mais aussi américains (Thomas J. Durant, B. Urner, Paulina M. Davis, etc). Bien qu’il n’apparaisse pas avec certitude qu’il ait été à proprement parler fouriériste, il fut néanmoins mandaté par la gérance parisienne pour aller s’occuper des comptes de la colonie de Réunion laissés plus ou moins à l’abandon par Bussy.

Il quitta New York le 26 novembre 1855. Il tint durant toute la durée de son voyage un journal de bord, qui constitue un témoignage de premier ordre sur les colons et la vie de la colonie.

De New Yok il gagna Austin (Tex), via La Nouvelle-Orléans et Galveston. Arrivé le 16 décembre, il y séjourna quelques temps, visita Castroville (27 décembre 1855) et retrouva Daly* et V. Considerant. Ce dernier se trouvait à Austin pour tâcher d’obtenir des concessions domaniales gratuites. Simonin ne parvint pas à obtenir de lui des réponses claires à ses questions, et n’eut pas davantage de succès lorsqu’il lui demanda de revenir avec lui à Réunion afin de fournir toutes les pièces nécessaires à la mise au clair de la comptabilité. Dès lors Simonin fut convaincu que Considerant n’était pas à la hauteur de la situation. Il partit seul pour Réunion, où il ariva le 1er février 1856. Il y fut fraîchement accueilli par Cantagrel, beaucoup plus chaleureusement par Savardan*. Très vite il prit conscience des divisions qui étaient en train de miner la colonie. Le retour de Considerant à Réunion le 24 mars ne contribua en rien à améliorer la situation. De fait, après la démission (refusée) de Cantagrel le 4 avril, Simonin acquit la certitude que l’éclatement de la colonie interviendrait à brêve échéance. Peu à peu il fut d’accord avec Savardan et Cantagrel pour estimer que Considerant était au bord de la déchéance intellectuelle, ce qui était grave pour un homme ayant en charge « la cause phalanstérienne, et un peu aussi l’avenir des théories socialistes ». Mandé par la gérance qui souhaitait entendre son rapport de vive voix, il quitta Réunion le 25 mai 1856. Lors d’une ultime entrevue, Considerant lui demanda de ne rien dire de plus que ce qu’il avait lui-même transmis.
Parti directement pour la France de la Nouvelle-Orléans (où il vit et informa Jules Juif) afin de rendre compte de sa mission, il profita de son voyage pour tâcher de s’y assurer des relations en vue d’un établissement commercial à New York. Une lettre de recommandation signée Godin*, Guillon, Bureau* (qui lui fut renouvellée l’année suivante) lui permit d’entrer en contact avec de Boissière, Koechlin, et de nombreux autres hommes d’affaires éminents.

En 1868, il était toujours en rapport avec Cantagrel, et s’occupa à sa demande de la liquidation des derniers terrains ayant appartenu à la colonie. Il était toujours en vie aux États-Unis en décembre 1874, ainsi que l’atteste deux correspondances de Zoé Bureau en date des 27 juillet et 19 décembre de cette même année.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article37887, notice SIMONIN Amédée par Michel Cordillot, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 15 novembre 2011.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Papiers Simonin, Bibl. du Congrès, Washington DC, USA. — Le Devoir, 1900. — Augustin Savardan, Un Naufrage au Texas, Paris, Garnier, 1858. — Gabrielle Rey, Le Fouriériste Allyre Bureau, Thèse, Univ. d’Aix-en-Provence, 1962.

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