Par notice complétée par Gauthier Langlois
Né le 9 juin 1805 à Montaiguet-en-Forez (Allier), mort le 24 novembre 1876 au Donjon (Allier). Condamné politique de 1831 et de 1833, représentant montagnard de l’Allier en 1848 et 1849, exilé à Jersey suite au coup d’État du 2 décembre 1851 où il devint le médecin de famille des Hugo.
Bien que l’on trouve plusieurs personnages de ce nom parmi les étudiants en médecine actifs dans leurs diverses actions, Barthélemy Terrier a participé aux activités de la Société des Écoles dans les premiers mois de 1831, comme en témoigne Auguste Blanqui. Demeurant 5, rue des Cordiers (XIe arr. ancien, actuel emplacement de la Sorbonne, Ve), bien que déclarant 20 ans à l’écrou, c’est bien lui qui fut condamné à 20 jours de prison le 10 mai par le tribunal de police correctionnelle pour rébellion envers la force armée, sans doute au cours d’une manifestation en faveur de la Pologne, sujet sensible dans les milieux étudiants, soit aussi pour les incidents au moment de l’anniversaire de la mort de Napoléon, place Vendôme, soit enfin à la célébration de l’acquittement des Dix-Neuf. Il séjourna donc à Saint-Pélagie du 24 mai au 13 juin. Sans doute membre de la Société des droits de l’Homme, il fut inculpé, et peut-être écroué, à l’issue des journées insurrectionnelles d’avril 1834, mais bénéficia d’un non lieu. A l’époque il voyageait sans cesse entre Moulins et Paris.
En 1838, il s’installa médecin au Donjon, où il conserva intacte sa volonté républicaine.
1848, il fut élu à la Constituante le 23 avril, quatrième sur huit, avec 52 939 voix, sur 72 233 votants et 89 404 inscrits. Il siégea avec les démocrates socialisants. Réélu le 13 mai à la Législative, quatrième sur sept, avec 40 424 voix, sur 65 506 votants et 90 096 inscrits, il siégea à la Montagne et signa l’Adresse au Peuple. (Voir Charles Madet)
Terrier protesta contre le coup d’État du 2 décembre 1851 et figura sur la première liste des bannis. Il gagna la Belgique, puis s’installa à Jersey où il devint le médecin de famille des Hugo. Après le « Coup d’État de Jersey », en 1855, il suivit les Hugo à Guernesey. Il était régulièrement reçu à Hauteville-House, notamment pour l’inauguration de la salle-à-manger en 1857. En 1858, pour le remercier de ses interventions à son chevet ou à celui de sa fille Adèle, Victor Hugo le conviait à sa table chaque semaine. Et le poète lui offrit également un de ses ouvrages accompagné de la lettre suivante :
« Je vous donne ce livre comme à l’un des hommes que j’aime et que j’estime le plus au monde. Dans deux maladies graves, vous avez guéri ma fille et vous m’avez guéri. (…) C’est à l’ami que j’offre ce livre. Je l’offre aussi à l’intègre représentant du peuple qui a défendu la république et au vaillant proscrit qui honore l’exil. (…) Nos deux noms se touchent sur le décret de l’exil ; qu’ils se touchent aussi sur ce livre. À vous donc, et du fond du cœur, cher docteur Terrier. »
Barthélémy Terrier revint au Donjon avant la fin de l’Empire, mais ne joua plus de rôle politique.
Par notice complétée par Gauthier Langlois
SOURCES : Bnf, notice autorité. — Archives départementales de Paris (Seine), registres d’écrou, DY/8 5-14308. — Maison de Victor Hugo - Hauteville House à Guernesey, Album Philippe Asplet. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 610 d 1 n° 289. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français.. — J.-C. Caron, Génération romantisme, Les Étudiants de Paris et le Quartier latin, Paris, A. Colin, 1991. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993, p. 470. — Jeanne Gilmore, La république clandestine 1818-1848, Paris, Aubier, 1997. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Terrier - Barthélémy », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — « Barthélémy Terrier », Maisons Victor Hugo Paris-Guernesey, consulté le 28 novembre 2020. — « Barthélémy Terrier », Base Sycomore.— Notice Wikipedia. — Note de Jean Risacher.