TOSTAIN Nicolas, Théodore TOTAIN Nicolas ou TOSTIN Nicolas

Né à Gouville, commune d’Ingerville (Manche), le 9 septembre 1790, mort à Sablon (commune annexée, depuis, à Metz), le 14 mai 1872. Soldat puis sous-officier du Premier Empire. Ouvrier-boulanger, puis ouvrier maçon à Metz. Député de la Moselle à la Constituante (1848).

C’était le fils d’un maître canonnier sur la corvette la Décade, qui fut blessé à Algésiras en 1801 et mourut l’année suivante, laissant une veuve et quatre enfants. Nicolas-Théodore Tostain, conscrit de 1810, devança l’appel de 13 avril 1809. Il combattit en Espagne de 1809 à 1813, fut blessé deux fois et nommé sergent en 1813. En 1815, il était à Fleurus et à Waterloo. Il fut licencié après la chute de Napoléon et se fixa à Metz où il se fit ouvrier boulanger, puis ouvrier maçon.
Avant 1848, il était très estimé et très populaire. Il s’intéressait aux questions ouvrières et en discutait avec ses camarades de travail. Par acclamations, les ouvriers le désignèrent comme candidat aux élections du 23 avril 1848 à la Constituante. Il figura sur la liste républicaine conduite par Dornès et Woirhaye et fut élu, 5e sur 11, par 91.470 voix (votants : 97.423).
Dès que les résultats furent acquis, le commissaire du Gouvernement provisoire, Billaudel, et Charles Woirhaye « allèrent quérir la mère Totain dans son magasin de revendeuse de légumes et l’amenèrent bras dessus bras dessous sur la place Mazelle, où une réunion populaire lui fit une véritable ovation » (Général Dennery, « Le Père Totain », dans Le Pays lorrain, Nancy, 1913, p. 449.)
Dans les comités de l’Assemblée nationale, Tostain continua de s’intéresser aux questions ouvrières, mais vota ordinairement avec les républicains modérés.
Il se tailla un succès de la gauche à la droite quand il s’écria : « Il faut allonger les vestes sans raccourcir les habits. »
Il se bornait, sans le savoir peut-être, à rééditer un mot authentique ou simplement attribué à Armand Carrel.
Il approuva les poursuites contre Louis Blanc* et Caussidière*, vota la Constitution, mais il accepta le bannissement des princes d’Orléans, et repoussa l’expédition de Rome.
À la fin de 1848, il porta à Metz le buste de Louis-Napoléon « comme une châsse dans une procession ». S’il combattit la politique de l’Élysée, ce fut sans masquer jamais sa sympathie pour le neveu de l’Empereur.
Les réflexes de jeunesse retrouvés faisaient de ce vieux brave homme, prolétaire authentique, mais dépourvu de toute idéologie, un homme politique qui prêtait à la raillerie. Les électeurs interrompirent la carrière de Tostain en 1849. Il ne fut pas plus réélu qu’aucun des députés républicains mosellans de 1848.
Le prince-président conquit définitivement son cœur en lui conférant la Légion d’honneur, comme il le fit pour bien d’autres vétérans en blouse, le 2 octobre 1851.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article38339, notice TOSTAIN Nicolas, Théodore TOTAIN Nicolas ou TOSTIN Nicolas , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Mun. Metz, 1 K 103 et 105 : affiches électorales et bulletins de vote ; ceux de 1848 portent « ouvrier maçon » et ceux de 1849 « ancien soldat, ouvrier, représentant du Peuple ». Il n’y a pas ou plus de professions de foi de Tostain. — Arch. Dép. Moselle, 7 E (état civil de Metz, 4e section, 1816, mariages). — Ibid., série M., détruite par faits de guerre. — Quépat, Dictionnaire biographique de l’ancien département de Moselle. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français.

ICONOGRAPHIE : Général Dennery, article du Pays lorrain cité plus haut.

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