TOURNIER Valentin, Anne, Marie.

Né le 24 mars 1821 à Montlegun (Carcassonne, Aude), mort le 15 septembre 1898.

Fils d’un soldat de la République et de l’Empire, Valentin Tournier fut un des plus ardents républicains du chef-lieu ; il collabora régulièrement à la presse de gauche. Menacé d’expulsion après le Coup d’État de 1851, qualifié « d’espèce d’idéologue, fervent adepte des doctrines fouriéristes », il s’enfuit en Corse et s’installa à Gênes. Amnistié en 1859, il rentra en France et se partagea entre Pau — où il avait des parents — et Carcassonne, ceci jusqu’en 1871. Définitivement revenu dans sa ville natale, il fut plusieurs fois élu conseiller municipal, il fonda, en 1879, la Société du sou des écoles laïques, il fut choisi comme membre du Comité de surveillance des écoles normales. Même si l’ardeur utopique de sa jeunesse s’était modérée, V. Tournier resta fidèle à des engagements que son journal, Le Bon Sens, ne cessait de défendre, refusant même « la ferblanterie » de la Légion d’honneur et la pension proposée en 1882 aux proscrits du 2 décembre...
Mais, à Gênes puis à Pau, Valentin Tournier avait été initié au spiritisme qui, face à une Église catholique qu’il abhorrait, lui semblait la religion de l’avenir. Il fréquentait, à Carcassonne, différentes personnalités dans un cercle spirite où se rencontraient bourgeois et ouvriers. L’œuvre de V. Tournier en ce domaine est d’un immense intérêt, conciliant ses options progressistes et sa croyance aux esprits, il est un intellectuel très représentatif du Languedoc de son époque. Chez Jaubert — auteur de Poésies dictées par un Esprit frappeur — il fait la connaissance d’Anna de Boltinn dont le père, général de l’armée russe, avait introduit dès 1864 le spiritisme à Saint-Pétersbourg ; âmes sœurs ils se marient en 1882, se consacrant désormais ensemble à la propagation de la doctrine. C’est pour cela qu’en 1886 le couple s’installait à Tours, auprès de Léon Denis, disciple direct de Kardec. V. Tournier mit en forme ses œuvres avant de mourir en 1877. Le faire-part de décès portait cette déclaration : « ... si Valentin Tournier a tenu à être inhumé civilement, sans le concours d’aucun prêtre, ce n’est pas une manifestation d’athéisme, mais parce qu’il puisait ses croyances dans sa conscience libre, éclairée, et dans les enseignements du spiritisme ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article38364, notice TOURNIER Valentin, Anne, Marie. , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Tournier V., La philosophie du Bon Sens, Tours, 1900. — Daniel Fabre, « V. Tournier », Les Audois, Dictionnaire biographique, sous la direction de Rémy Cazals et Daniel Fabre, Carcassonne, 1990.

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