TOUSSAINT Charles, Sébastien, dit MAUGEAU Charles ou MANGEAU

Par Jean-Louis Robert

Né le 10 janvier 1827 à Darney-aux-Chênes (Vosges) ; cultivateur, représentant de commerce, passementier ; opposant au Second Empire ; adhérent de l’AIT ; communard, probablement fusillé pendant la Semaine sanglante.

Charles Toussaint, marié. avait été condamné à Neufchâteau (Vosges), le 17 mai 1848, à 80 f d’amende pour violences envers des gardes nationaux et, le 30 avril 1851, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), à un mois de prison pour outrages envers magistrat. C’était « l’homme le plus à craindre du canton de Châtenois » disaient les autorités. Au moment du 2 décembre 1851, il prit le pseudonyme de Charles Mangeau (ou Maugeot ou Mangeot ?).
Venu à Paris, il fut arrêté en octobre 1852 à Montmartre, pour participation au "complot de Marseille", il fut relâché et se réfugia alors en Belgique. La Commission mixte, qui l’avait condamné à l’internement à Montreuil, le jugeait comme « un jeune homme dont la vie ne consiste qu’en voyages qui paraissent n’être entrepris que pour la propagation du socialisme et du communisme. Il n’a aucun respect pour la loi ni pour l’autorité. La justice a eu plusieurs fois à l’atteindre ».

Gracié le 2 février 1853, Charles Toussaint continua à être activement surveillé et encourut de nouvelles condamnations : le 24 juillet 1858, à Paris, à 25 f d’amende pour complicité dans une affaire de diffamation ; le 24 décembre 1858, à 500 f d’amende pour contrefaçon ; le 24 septembre 1862, il était déclaré en faillite ; le 22 septembre 1869, à six mois de prison pour complicité d’offense envers l’empereur, et 2 000 f d’amende pour offenses envers la famille impériale ; le 27 mai 1870, il était condamné à 100 f d’amende pour complicité en diffamation.
Toussaint figurait, en avril 1870, sur une liste des adhérents de la section du Panthéon de l’Association Internationale des Travailleurs, mais il comptait également parmi les principaux membres de la section du XIIIe arr. de la même organisation (cf. Dict., t. IV, pp. 61 et 68). Toussaint appartenait au Comité central des vingt arrondissements. (Procès Verbaux de la Commune de 1871, t. I, op. cit., p. 73, n. 1).
Avec ses amis du Comité central, il présenta, le 15 septembre 1870, les mesures d’urgence que le gouvernement de la Défense nationale aurait dû, selon les signataires, se hâter « de transformer en décrets pour le salut de la patrie et de la République ». Ces mesures intéressaient la sécurité publique, les subsistances et les logements, la défense de Paris et des départements. Voir Chassin Charles-Louis.

Charles Toussaint, qui habitait, en 1871, 138, rue Saint-Denis (IIe arr.), fut nommé le 3 avril membre de la délégation communale du Ier arrondissement dont les élus défavorables à la Commune avait démissionné. À la suite des élections partielles du 16 avril, où il fut candidat malheureux (il avait été soutenu par un groupe de conciliateurs se déclarant partisans de la Commune), il quitta cette responsabilité et fut nommé sous-chef d’état-major au ministère de la Guerre.
Le 13 avril, il avait signé avec les autres délégués à la mairie du 1er arrondissement un texte proclamant que « le vote à bulletins secrets est immoral au premier chef ; qu’il ne peut y avoir de vraie démocratie que là où les électeurs acceptent la responsabilité de leurs actes" et émettant le voeu "qu’aux prochaines élections, le vote nominal ou à bulletins ouverts soit seul autorisé." (JO, 14 avril)

Le 11 mai, il fut arrêté par Théopohile Ferré pour soupçon d’espionnage (lettres publiées dans Le Cri du Peuple et adressées à Varlin et Winant le 11 mai et à Vallès le 17 mai). Sa femme écrivit au comité de salut public exigeant des preuves de sa culpabilité (L’Estafette, 18 mai). Le Mot d’ordre du 17 mai soulignait qu’il y avait eu probable confusion avec un mouchard de l’Empire nommé Urbain Toussaint.
Charles Toussaint fut condamné par contumace, le 29 septembre 1873, par le 3e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée. « On croit qu’il a été fusillé au Luxembourg ». Il fut gracié le 17 mai 1879.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article38374, notice TOUSSAINT Charles, Sébastien, dit MAUGEAU Charles ou MANGEAU par Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 18 décembre 2021.

Par Jean-Louis Robert

SOURCES : Arch. Dép. Vosges, 8 bis M 20 et 12 M 12. — Arch. Nat., BB 24/859 A. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil (n° 843). — Arch. PPo., listes de contumaces.

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