VIDAL François

Né à Coutras (Gironde) le 16 février 1812, mort à Coutras le 6 février 1872. Théoricien socialiste éclectique ou syncrétique. Élu le 10 mars 1850, représentant du Bas-Rhin à la Législative.

François Vidal
François Vidal

Vidal vint achever ses études de droit à Paris en 1831. Tout en commençant à écrire au Courrier des Beaux-Arts., il s’y mêla au mouvement saint-simonien.
Ce fut ensuite un disciple orthodoxe de Charles Fourier*. En 1835, dans un ouvrage intitulé Les Caisses d’Épargne, il préconisait la création d’associations ouvrières de production commanditées par les capitalistes et par l’État, sur les ressources des caisses d’épargnes. En 1846, dans un autre ouvrage, De la Répartition des Richesses ou de la Justice distributive en Économie sociale, il demanda une organisation des coopératives de consommation qui assurerait l’écoulement des produits des coopératives de production et transformerait l’industrie capitaliste en une industrie d’État « coopératisée ». Il fut l’un des rédacteurs de Démocratie pacifique de Victor Considerant* et l’un des collaborateurs de l’Encyclopédie nouvelle de Pierre Leroux* et Jean Reynaud*.
En 1848, il devint, grâce à Louis Blanc*, qu’il fréquentait depuis peu, secrétaire de la Commission du Luxembourg. Avec Constantin Pecqueur*, il en rédigea le plan général de réformes qui parut le 26 avril 1848. Il le publiera plus tard dans un ouvrage, La Révolution de Février au Luxembourg. On a pu dire de ce plan que c’étaient « les idées de Louis Blanc et de Philippe Buchez*, mises en programme d’action pratique et amendées par le fouriériste Vidal et le collectiviste Pecqueur ». Son nom figura, dans Le Représentant du Peuple du 15 mai 1848, parmi ceux des gens qui patronnaient le projet de Banque du Peuple de Proudhon. La même année, il publia Vivre en travaillant, projets, vues et moyens de réformes sociales.
En 1849, il fonda, avec Alphonse Toussenel*, Le Travail affranchi (7 janvier). La feuille était sous-titrée Journal des Associations ouvrières. Vidal en rédigea le programme : Droit au travail abolition de toute exploitation de l’homme par l’homme, organisation du travail par l’association. Le fouriériste qu’avait été Vidal avait un peu évolué et tendait vers une sorte de communisme, mais il se souvenait encore de la critique fouriériste et écrivait, par exemple : « Ce journal sera le moniteur des associations d’ouvriers. La politique y tiendra peu de place, elle sera complètement subordonnée à l’économie sociale [...] Il s’agit de substituer la coopération émulative des associés à la concurrence homicide des salariés travaillant au rabais, la fraternité à la compétition, le sentiment du devoir et du droit aux intérêts impitoyables, la justice à l’iniquité, la raison à la force, la prévoyance au hasard ; en un mot, l’ordre au désordre. Il faut que la solidarité réelle des intérêts entre producteurs et consommateurs corresponde à la fraternité des cœurs et des âmes. »
Considéré comme un homme de science plutôt que comme un homme d’action, François Vidal fut choisi par le Comité central socialiste, lorsqu’il préparait les élections parisiennes du 10 mars 1850, afin de représenter le socialisme théorique auprès de l’ancien saint-simonien Hippolyte Carnot*, mué en républicain « formaliste », et auprès de l’ancien transporté de Juin, Paul Deflotte*. Les électeurs lui donnèrent le second rang sur trois, avec 128.439 voix sur 260.908 votants et 366.655 inscrits. Le même jour, le Bas-Rhin l’élut aussi avec 55.495 voix, sur 97.491 votants et 137.534 inscrits. Afin de provoquer une nouvelle élection complémentaire à Paris, il donna la préférence au département du Bas-Rhin.
Vidal ne joua qu’un rôle effacé durant la fin de la Législative et fut rendu à la vie privée par le coup d’État du 2 décembre 1851. Il cessa même d’écrire et exerça vraisemblablement dans son pays natal sa profession première, celle d’avocat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article38726, notice VIDAL François , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 9 avril 2014.
François Vidal
François Vidal

ŒUVRES : Outre celles qui ont été citées, notons : Organisation du Crédit personnel et réel, mobilier et immobilier (1851). Mentionnons également les autres périodiques auxquels il collabora : La Presse d’Émile de Girardin, en diverses circonstances, la Revue indépendante où il avait fait la connaissance de Louis Blanc.

SOURCES : Paul Louis, Louis Blanc, Pecqueur, Vidal, Librairie de l’Humanité, 1922. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français. — Jean Gaumont, Histoire générale de la coopération en France, t. I. — Note de Ph. Régnier.

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