VIEILLEFOND Eugène, Jules, Albert ou VIEILLEFONT Eugène, Jules, dit Parisien, dit « Lucifer »

Par Jean Risacher

Né le 7 novembre 1820 à Paris, mort en 1850. Ouvrier passementier, chansonnier. Républicain révolutionnaire à tendance babouviste. Membre de sociétés secrètes, animateur à Tours (Indre-et-Loire) d’une société chantante.

Ouvrier passementier à Paris et médiocre chansonnier, Vieillefond avait fréquenté à Paris une « goguette », la société de l’Enfer, animée par Jules Leroi, dit Pluton, et qui regroupait un grand nombre de chansonniers populaires se réunissant dans « la grande chaudière », rue de la Grande-Truanderie. La société avait été dissoute par la police en raison de son action antigouvernementale et républicaine. En décembre 1840, il avait été enfermé aux Madelonnettes passant pour avoir fait partie des sociétés secrètes parisiennes et participé aux journées de mai 1839. Mais nous n’avons pas pu retrouver de document sur ce point. D’après M. Dommanget, c’est à lui qu’Eugène Pottier* confia le manuscrit de l’une de ses chansons babouvistes, Il faut que chacun ait sa part qu’il répandit dans sa société.
Sans doute expulsé de Paris, Vieillefond s’installait à Tours en 1842 où le communisme icarien était assez fortement implanté, avec le médecin Louis Desmoulins* et l’architecte Habert*. La présence d’Auguste Blanqui* à partir de 1844 et de quelques autres, comme Jean-François Béasse* n’est sans doute pas étrangère à l’émergence d’autres mouvements. Vieillefond créa vers août-septembre 1846 une société lyrique qu’il appela « Goguette des Fils du Diable », se baptisant lui-même, en tant que président, Lucifer. Étienne Cabet* dénonça dans la constitution de cette goguette une manœuvre de « révolutionnaires », Béasse, Pierre-Antoine Béraud*, Vieillefond, pour détourner les communistes de Tours de son influence et interdit à ses amis d’y participer. Voir Sylvain Blondeau* et Étienne Bonin*
On ne sait si Vieillefond vint souvent à l’hôpital de Tours rendre visite à Blanqui, comme la plupart des membres de la goguette, mais comme Blanqui lui-même l’expliqua, « on ne pouvait l’oublier car il était borgne ». À l’issue des émeutes de novembre 1846 à Tours, il fut arrêté le 27 novembre, prévenu d’association illégale, écroué à la maison d’arrêt de Tours, transféré à Blois le 21 avril 1847 et condamné à trois mois de prison par le tribunal correctionnel de Blois le 29 avril 1847. .La brochure Les communistes de Tours. Persécutions de police à Blois (25 avril – 22 août), indique qu’il avait obtenu ce verdict clément parce qu’il n’était pas communiste, comme il le disait lui-même. Il fut incarcéré au pénitencier de Tours et de nouveau transféré à Blois le 16 mai 1847, sur réquisition du préfet.
Il mourut en 1850 de la petite vérole en soignant l’enfant d’un de ses amis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article38732, notice VIEILLEFOND Eugène, Jules, Albert ou VIEILLEFONT Eugène, Jules, dit Parisien, dit « Lucifer » par Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Jean Risacher

SOURCES : Arch. Dép. Indre-et-Loire, registres d’écrou 2Y/340*-1050, 2Y/161*-490. 2Y/236*-422. — Journal du Loir-et-Cher, avril 1847. — Les communistes de Tours. Persécutions de police à Blois (25 avril – 22 août), Blois, Impr. de F. Jahyer, 1847, 28 p. [Extrait du Courier de Loir-et-Cher]. — Étienne Cabet, Le voile soulevé sur le procès communiste à Tours et à Blois, au bureau du Populaire, mai 1847. — M. Dommanget, Auguste Blanqui. Des origines à la Révolution de 1848. Premiers combats et premières prisons, Paris, Mouton, 1969. — Jeanine Labussière, « La décennie décisive (1840-1851) », Histoire de Tours, Toulouse, Privat, 1985. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — Jean Prugnot, Des voix ouvrières, Plein chant, 2016.

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