FREYMANN René, Gaston

Par Pierre Schill

Né le 18 janvier 1921 à Oeting (Moselle), mort le 2 juin 1985 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; conducteur électricien à la SNCF ; secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Forbach (Moselle) ; militant mutualiste.

Aîné d’une famille cheminote de six enfants, René Freymann fut le fils d’un mécanicien de route qui décéda en mars 1941 après avoir été ébouillanté suite à une collision qui entraîna l’éclatement de la cuve d’eau chaude de la locomotive à vapeur qu’il conduisait. René Freymann effectua un apprentissage de serrurier-mécanicien entre septembre 1936 et septembre 1939 à la Société Rémy Boucher de Forbach (Moselle). Il fut évacué avec sa famille en Charente et, du 30 novembre 1939 au 6 mars 1940, travailla comme ouvrier à la Société aéronautique charentaise à Angoulême. Il fut ensuite embauché comme ouvrier ajusteur au dépôt d’Angoulême, puis fut affecté jusqu’en juillet 1940 au service de conduite, occupant successivement le poste de conducteur de route et d’aide-conducteur électrien. Il fut ensuite obligé de regagner la Moselle au moment où le département lorrain était une nouvelle fois annexé par l’Allemagne.

De septembre 1940 à avril 1941 il fut affecté comme ouvrier à l’entreprise d’électricité Voigt de Francfort (Allemagne). De retour en Moselle annexée suite au décès accidentel de son père, il fut embauché par la Deutsche Reichsbahn au dépôt de Forbach, où il travailla au service de conduite jusqu’en octobre 1942. Il travailla ensuite pendant deux mois en Sarre au titre du Reichsarbeitsdienst (le service du travail allemand). A la fin du mois de décembre 1942 il retrouva son poste aux chemins de fer et fut chauffeur de route jusqu’en mai 1943. C’est à cette date qu’il fut mobilisé dans la Wehrmacht et, comme de nombreux autres Alsaciens-Lorrains (les « Malgré-nous »), il fut affecté sur le front de l’Est.

Le 11 novembre 1943, il déserta à la fin d’une permission qui lui avait donné l’occasion de rentrer en Moselle. Il resta caché à Oeting (Moselle annexée) jusqu’à la fin du mois de novembre 1943, date à laquelle il put gagner clandestinement la Charente à bord d’un train de marchandises partant à destination de l’Espagne. Il retrouva la famille qu’il avait connue lors de l’évacuation de septembre 1939 et se cacha en Charente et en Dordogne où il occupa divers petits emplois chez des exploitants agricoles. René Freymann avait réussi à se confectionner de faux-papiers.

À partir de la fin du mois d’avril 1945, il s’engagea dans l’armée de Libération jusqu’à sa démobilisation en novembre 1945. Il fut affecté dans la 3e DB. Le 28 décembre 1945, il regagna le dépôt de de Forbach en qualité d’ouvrier ajusteur mais il retrouva rapidement un emploi d’agent de conduite, qu’il occupa jusqu’à sa retraite en août 1973. Il occupa ensuite divers emplois d’ouvrier et d’employé jusqu’à la cessation de toute activité professionnelle en mars 1975.

René Freymann milita au syndicat CGT des cheminots. Au moment du Front populaire il avait déjà été sensible à l’action menée par les militants du syndicat confédéré pour améliorer les conditions de travail dans la petite entreprise où il effectuait son apprentissage. Son activité syndicale occupa l’essentiel de ses forces. Au niveau local, René Freymann fut secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Forbach et, après sa retraite, secrétaire de la section des cheminots retraités. Au niveau régional il fut, d’avril 1958 à février 1971, secrétaire du comité technique des agents de conduite du 7e arrondissement Traction (depuis 1972 région de Metz). Il resta membre du bureau de secteur jusqu’à sa retraite ainsi que délégué du personnel pour les agents de conduite. Il était aussi délégué suppléant au comité mixte d’établissement du dépôt de Metz.

Au niveau national il était membre de la Section technique nationale des agents de conduite, délégué du personnel auprès de la direction parisienne de l’ex-région Est (années cinquante et soixante) et membre de la Section technique Agents de conduite Alsace-Moselle. Il participa et anima toutes les grèves lancées ou soutenues par le syndicat des cheminots. Très actif, notamment sur les piquets de grève, il n’hésitait pas à employer la manière forte pour empêcher les non grévistes de rejoindre leur poste. Dans les années cinquante et soixante, il était membre du bureau des syndicats CGT du 7e secteur de la SNCF. Il fut membre du conseil national de la Fédération de 1958 à 1961 et de 1968 à 1970, au titre de l’Union Alsace-Lorraine.

René Freymann milita aussi dans les structures interprofessionnelles de la CGT en participant activement aux activités des Unions locales et de l’UD-CGT. Ses responsabilités syndicales l’amenèrent à visiter la RDA pour y découvrir le fonctionnement des chemins de fer. Cela lui permit de nouer des contacts durables avec des cheminots est-allemands.

Candidat aux élections municipales à Forbach en mars 1971, puis en mars 1977, sur la liste d’Union de la gauche, René Freymann ne fut pas élu. Il s’était aussi investi dans le mutualisme en s’occupant notamment de représenter en Moselle la Caisse mortuaire des agents de conduite SNCF d’Alsace-Lorraine.

Marié en novembre 1945 à Forbach avec Elfriede Kratz, il était père d’une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4026, notice FREYMANN René, Gaston par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 12 octobre 2022.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 76 J 94. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — Archives familiales. — Arch. personnelles de Roger Wilmet. —Comptes rendus des congrès fédéraux. — Le Républicain Lorrain, 16 mars 1971, 14 et 15 mars 1977. — Renseignements fournis par Marcelle Antérist née Freymann, sa fille, René Cholley et Gérard Rubeck.

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