GAUTIER Pierre, Edmond, Louis

Par Guy Haudebourg

Né le 17 décembre 1924 à Angoulême (Charente) ; ajusteur-monteur ; dirigeant communiste (1945-1955) de Loire-Inférieure [Loire-Atlantique] puis militant du PSU (1962-1969) et du PS (1970-1984) ; conseil municipal de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne)

Fils d’un cheminot socialiste et d’une ménagère, Pierre Gautier fit ses études à Angoulême (Charente) et les arrêta en quatrième en 1939. De septembre 1939 à juillet 1942, élève au centre d’apprentissage de la SNCF à Bordeaux (Gironde), il obtint un CAP d’ajusteur et un CAP d’ajusteur-monteur. Il travailla alors au dépôt de Saint-Jean de Bordeaux. Pierre Gautier adhéra au Parti communiste clandestin en 1942, rédigeant et diffusant des tracts et journaux du PC, des Francs-tireurs et partisans (FTP) et du Front national. Il participa aussi à divers sabotages dans les ateliers de réparation de la SNCF. En juillet 1943, à la suite d’une dénonciation, les membres de son réseau furent arrêtés. Son frère Jacques ayant été arrêté par la police allemande à sa place — emprisonné au fort du Hâ à Bordeaux, il ne fut libéré qu’en avril 1944 —, il quitta Bordeaux et rejoignit la Loire-Inférieure où il resta caché jusqu’à la libération du département dans diverses planques familiales. Joseph Autret le chargea alors de constituer une section des Jeunesses communistes à Châteaubriant (Loire-Inférieure) avant de devenir le secrétaire départemental des JC en décembre 1944 puis de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) à partir de sa création en avril 1945. De 1945 à 1947, il fut secrétaire permanent de cette organisation qui comptait en 1946 environ 1 200 adhérents répartis en 30 cercles.

En juin 1947, il retourna à la vie professionnelle. Employé aux Batignolles (Locomotives Batignolles-Chatillon) comme ajusteur-monteur, Pierre Gautier fut de toutes les délégations syndicales et secrétaire du comité d’établissement et du comité central d’entreprise de l’usine Batignolles-Châtillon (1950). Il resta secrétaire de l’UJRF jusqu’en 1948, date où il fut remplacé par Michel Lemaire, tout en continuant à superviser l’organisation en tant que conseiller technique et à être à l’instigation des manifestations. Membre du comité fédéral du PCF depuis 1945, il accèda au secrétariat en mars 1950, remplaçant Marcel Bertrand, exclu depuis quelques mois. Parallèlement, il était secrétaire de la section Nantes-Est. En 1951, il quitta le secrétariat départemental du PCF mais resta membre du comité fédéral et fut chargé du secrétariat départemental de France-URSS, devenant membre du comité national de cette organisation de 1953 à 1955.

Pierre Gautier fut candidat à Nantes aux municipales de 1953 sur la liste de Jean Philippot. Ses premières critiques de la ligne du PCF eurent lieu en 1954 lorsqu’il contesta la théorie thorézienne de la paupérisation absolue de la classe ouvrière. La même année, dans un article du Peuple, organe de la CGT, il combattit les orientations proposées au 30e congrès par la direction de la CGT. Il quitta le PCF en 1955 et se consacra alors à son activité professionnelle, occupant des fonctions commerciales pour le groupe Batignolles-Creusot-Loire.

Pierre Gautier quitta Nantes et se rendit au Creusot (Saône-et-Loire) en 1956 puis à Paris en 1958, Poitiers (Vienne) en 1975 et Bordeaux (Gironde) en 1978. En 1958, il se rapprocha de Pierre Mendès-France, pensant qu’il pouvait être à l’origine de la création d’un grand parti français pour le socialisme. En 1962, ayant toujours le même objectif, il adhéra au Parti socialiste unifié (PSU) à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) écrivant des articles dans Tribune socialiste. Le PSU n’ayant pas répondu à cette attente et se confondant toujours plus avec les mouvements d’extrême-gauche, il le quitta en 1969. Le remplacement de Guy Mollet par Alain Savary* à la direction du Parti socialiste l’amenèrent à adhérer à ce parti en 1970. En 1971, il fut élu au conseil municipal de Vitry-sur-Seine sur la liste d’Union de la Gauche menée par le communiste Marcel Rosette. Ayant été muté à Poitiers en 1975, il milita alors à la section socialiste de cette ville. Candidat à la mairie de Vouneuil-sous-Biard (Vienne) dans la banlieue de Poitiers en 1983, il obtint 47 % des voix comme tête d’une liste d’union de la gauche. En 1984, il prit sa retraite professionnelle. En désaccord avec la politique menée par Laurent Fabius, il quitta le PS en 1984 mais restait, en 1998, proche de ce parti.

En 1947, Pierre Gautier s’était marié à Nantes (Loire-Inférieure) avec Christiane Hingouet. Née le 27 octobre 1924 à Nantes (Loire-Inférieure), elle était employée de bureau, fille de sympathisants communistes. Elle fut arrêtée avec sa mère, condamnée pour activité communiste par la même section spéciale de la cour d’appel de Rennes (Ille-et-Vilaine) le 21 octobre 1943 à un an de prison et emprisonnée à Vitré (Ille-et-Vilaine) avant d’être déportée en Allemagne. A la Libération, elle devint secrétaire des foyers féminins de l’UJRF. Elle était aussi secrétaire adjointe de l’association départementale de l’amicale des FTP. Elle divorça en 1959, abandonna toute activité militante et ouvrit un restaurant à Saint-Nazaire avec son second mari. En 1997, elle était toujours membre de la Fédération nationale des déportés, internés et résistants patriotes (FNDIRP) et de l’union des retraités CGT. Elle eut deux enfants avec Pierre Gautier.

Pierre Gautier se remaria en 1959 à Corzé (Maine-et-Loire) avec Josette Poisson, socialiste. Ils eurent quatre enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4238, notice GAUTIER Pierre, Edmond, Louis par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Guy Haudebourg

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique, 67W 82-86, 213W112, 270W485, 270W488. — Arch. PCF Loire-Atlantique. — Documents de Pierre Gautier. — La Résistance de l’Ouest, 19 février 1945, 3 et 18 avril 1945. — Clarté, 1945-1949. — Renseignements communiqués par Michel Prodeau (1998), Georges Prampart (1998) et Pierre Gautier (1998).

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