GAUTRAIS Célestin

Par Guy Decamps, Madeleine Peytavin

Né le 13 août 1929 à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) ; cheminot (homme d’équipe, caleur puis aiguilleur) ; militant de la JAC, syndicaliste CGT et militant communiste de Seine-Inférieure (Seine-Maritime) puis du Calvados, secrétaire de la Section technique nationale CGT Exploitation (1973-1976), délégué du personnel.

Né dans une famille paysanne et catholique, Célestin Gautrais se maria en 1952 avec une Bretonne originaire d’une famille d’agriculteurs de Mont-Dol. Un enfant naquit en juillet 1953 juste avant la grève d’août. Il eut cinq enfants, dont deux sont cheminots et militants CGT à Caen (Calvados). Quant aux trois filles, elles militent aussi.

Célestin Gautrais garda des souvenirs pénibles de son enfance et de son adolescence. À l’âge de douze ans il fut charretier, couchant dans l’écurie. Il fit une rencontre déterminante, le prêtre-aumonier Jeanne qui lui fit lire Le Capital et lui fit prendre conscience de la nécessité de la lutte.

C’est avec l’aide de ce prêtre que Célestin Gautrais anima au sein de la Jeunesse agricole catholique (JAC) une pétition qui circula parmi les charretiers, réclamant un autre logement que l’écurie. Cette pétition envoyée à Rennes, la section de la JAC fut dissoute et l’abbé déplacé.

Durant ces années de JAC, Célestin Gautrais suivit des cours par correspondance. À vingt ans, il partit au service militaire et fut affecté au 6e Régiment des tirailleurs marocains. C’est au régiment qu’il connut le confort et s’éloigna définitivement du monde agricole. Il trouva un emploi dans le bâtiment à Saint-Malo comme tailleur de pierre. Il était seul à conduire le camion et se mit en grève (bloquant tout le chantier de reconstruction) pour une augmentation salariale qu’il obtint.

Célestin Gautrais passa des concours : les douanes et la gendarmerie, qui exigeait le départ pour l’Indochine. Alors il opta pour les chemins de fer en qualité d’homme d’équipe et fut affecté à Rouen-Orléans où il arriva le 30 octobre 1951.

Célestin Gautrais progressa en qualité de caleur, métier ingrat et dangereux. Dans les équipes, il y avait Pierre Pinot qui refusa de travailler par temps de pluie sans l’équipement vestimentaire réglementaire : le trois-pièces Dautry. Le lendemain, Pinot travaillait avec les vêtements réglementaires ; les autres caleurs ne le reçurent que quinze jours après.

Célestin Gautrais se syndiqua àla suite de cet incident et fit la grève de 1953 : il prit l’initiative d’un tract appelant à libérer le pont Boëldieu et deux cents jeunes et moins jeunes répondirent à l’appel. Ils boutèrent les gendarmes hors du pont et firent un prisonnier qu’ils libérèrent. Cette action ne fut pas très appréciée du syndicat.

Gravement accidenté le 3 septembre 1953 (les deux épaules et la jambe gauche brisées : il était passé entre la locomotive et une grue du port), Célestin Gautrais fut muté dans un poste d’aiguillage de Rouen. Il passa l’examen d’aiguilleur et fut nommé à Dieppe le 1er mai 1954 où il fut logé dans un baraquement de célibataires. Il rencontra un militant et devint receveur syndical. Le 1er juin 1955, il fut nommé au triage de Saint-Étienne-du-Rouvray ou il rencontra de nouveaux militants et en particulier Jean Prévost sous-chef de gare.

Nommé le 1er mai 1959 àRouen-Orléans, il se vit confier la tâche de réorganiser la CGT dans ce site dominé par la CFTC. Célestin Gautrais se rappelle avoir gagné le concours des adhésions (67) au cours du premier trimestre de 1963 : un voyage en URSS (où il retourna sept fois.)
Il participa aussi àla grève de 1968 : il était alors un responsable local de premier plan. Il aimait rappeler que lui et ses camarades ont refusé de retirer les drapeaux rouges fixés aux pylônes ; cela fut fait par les pompiers.

Il fut nommé chef aiguilleur le 1er juin 1970 à Sotteville où il participa à la grève de 1971, cette action ne lui laissant pas de bons souvenirs.

Célestin Gautrais avait adhéré au Parti communiste en 1960.

Pour se rapprocher de la Bretagne, il obtint en 1972 sa mutation à Caen où il partit à la retraite le 30 septembre 1984.

Tout au long de sa carrière, il eut différentes responsabilités syndicales (membre du collectif national Exploitation pendant quatorze ans et secrétaire de la Section technique nationale Exploitation de 1973 à 1976, responsable de la formation syndicale) et de nombreux mandats électifs (délégué du personnel, au comité mixte.)

En 2005, Célestin Gautrais continuait à s’occuper des cheminots retraités àla section de Caen. Des militants qui l’avaient beaucoup marqué il se souvenait de l’abbé Jeanne, de Paul Edom, Marcel Rivault, André Babin, et Joseph Caugan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4241, notice GAUTRAIS Célestin par Guy Decamps, Madeleine Peytavin, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 28 octobre 2022.

Par Guy Decamps, Madeleine Peytavin

SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — Notes Jean-Pierre Bonnet. — Témoignage recueilli le 7 décembre 1999 à la salle Pierre Semard de Caen par Guy Decamps.

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