GAYSSOT Jean-Claude

Par Hélène Chaubin, Pierre Vincent

Né le 6 septembre 1944 à Béziers (Hérault) ; cheminot ouvrier puis chef d’équipe ; secrétaire général de l’UD-CGT du Cantal, de la Lozère et du Gard (1968-1974), membre de la commission exécutive de la CGT (1975-1976), membre de la direction du PCF depuis 1979 ; conseiller municipal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) de 1977 à 1995, conseiller municipal (1995-1997) puis maire (janvier-septembre 1997) de Drancy (Seine-Saint-Denis), conseiller municipal de Béziers, député de Seine-Saint-Denis (1986-1997), vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon (depuis 2004) ; ministre des Transports, de l’Équipement et du Logement (1997-2002).

Jean-Claude Gayssot
Jean-Claude Gayssot
Assemblée nationale, Notices et portraits.

Issu d’un milieu modeste, fils d’un ouvrier agricole, Jean-Claude Gayssot qui avait deux frères passa son enfance à Puissalicon près de Béziers. La pauvreté de la famille amena son frère aîné à travailler comme manœuvre à partir de 14 ans. Lui-même, dès huit ans, travailla pendant toutes ses vacances scolaires au service de viticulteurs ou d’éleveurs. Il n’entra au lycée technique de Béziers qu’en 4ème après un concours, parce que son instituteur avait estimé la famille trop démunie pour qu’il pût faire des études. Les inégalités sociales très marquées lui inspirèrent un profond et durable sentiment d’injustice. Ses parents n’avaient aucune appartenance politique ou syndicale. Il obtint le brevet d’enseignement industriel et un CAP de dessinateur. Il débuta à Béziers dans l’entreprise Astre où il découvrit la nécessité des luttes sociales. Il entra à la SNCF en 1962 au service du Matériel comme ouvrier à la sous-station de Béziers Il y était intégré à une équipe de huit hommes, tous cégétistes. Six étaient communistes. L’année suivante, il adhéra à la CGT et au PCF, occupant des responsabilités dans les deux organisations. Il fréquenta des écoles syndicales , avec Albert Solié, à Béziers

Il fut en 1966 secrétaire du syndicat des cheminots de Saint-Flour (Cantal), et il y créa une cellule du parti communiste dont il fut le secrétaire, puis devint également responsable de la section de Marvejols (Lozère). Il s’y trouvait en 1968 et il anima une grève qui dura trois semaines. Il fut candidat au législatives en Lozère et obtint 7% des voix. Il lut à cette époque les ouvrages recommandés par son parti. Il s’était marié en 1963 à Jacqueline Guiter née le 13 juillet 1945 et eut trois fils nés en 1964,1965 et 1970. L’aîné devint lui aussi un militant communiste. Son épouse adhéra au parti communiste en 1968.

Jean-Claude Gayssot fut satisfait de la décision des dirigeants communistes de condamner l’intervention des forces du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie en août 1968. En 1970, il put se rendre à Moscou : une récompense offerte à l’un des meilleurs diffuseurs de l’Humanité Dimanche.Jean-Claude Gayssot exerça des responsabilités principalement dans le mouvement interprofessionnel, à l’Union départementale du Cantal, de la Lozère et enfin du Gard, dont il devint secrétaire général en 1972. Membre des comités fédéraux du PCF dans ces divers départements, il accéda au bureau fédéral dans celui du Gard. En 1972, il suivit une école du parti communiste pendant un mois à Bobigny, puis en 1974 une école centrale de quatre mois à Choisy le Roi.

Élu à la commission exécutive de la CGT au 45e congrès (Le Bourget, 22-27 juin 1975), il prit des responsabilités au niveau de la confédération. L’année suivante, il en démissionna pour militer exclusivement au PCF. Il accéda en 1979 au comité central, devint responsable de la section économique. Membre du bureau politique en 1982, il fut responsable de l’action dans les entreprises. Il fut membre du secrétariat, occupa de nombreuses responsabilités : question d’immigration, organisation, région coordination ou relations extérieures, aussi bien avec Georges Marchais* qu’avec Robert Hue.

Le 16 mars 1986, il fut élu député de la Seine-Saint-Denis, puis réélu en 1988, en 1993 et en 1997. Après avoir été conseiller municipal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) de 1977 à 1995, il devint conseiller municipal de Drancy en 1995 et fut maire de cette ville de janvier à septembre 1997.

Son travail parlementaire fut marqué par une loi portant son nom contre le négationnisme, votée le 30 juin 1990. Elle fixe des peines à l’encontre de ceux qui « auront contesté l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité ». Elle accentue également les conditions de protection et de lutte contre le racisme. Elle innove sur un point important par rapport à la loi de 1972 : l’article 9 qualifie de « délit » la contestation de la réalité des crimes contre l’humanité (notion définie par le Tribunal de Nuremberg).

Le 4 juin 1997, Jean-Claude Gayssot devint ministre des Transports, de l’Équipement et du Logement du gouvernement Jospin, en période de cohabitation ; il le resta jusqu’au 7 mai 2002. À sa prise de fonction, il lui fallut gérer des contradictions par rapport à ses prises de position antérieures, notamment sur la création de Réseau ferré de France (RFF) ou sur le financement de la politique ferroviaire régionale. Il sut mener l’action devant les instances de Bruxelles pour la reconnaissance du « service public à la française ». L’application des mesures sociales phares, que ce soit celle des emplois jeunes ou des 35 heures, fut exemplaire, avec d’un côté la possibilité de pérenniser les emplois, et de l’autre, des créations d’emplois significatives. Le 13 décembre 2002, il fit voter la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains) avec l’intention de mettre en cohérence le logement, les communications, les activités : une loi préparée par de longs débats avec de nombreuses villes. L’organisation des transports ferroviaires des voyageurs revint aux Régions. Cette loi fit aussi obligation aux villes de plus de 3500 habitants de compter au moins 20 % de logements sociaux sauf à payer des amendes : elle mit en évidence les disparités.

Jean-Claude Gayssot marqua aussi son passage au ministère des Transports en relançant de grands projets comme le TGV-Est et le viaduc de Millau qui fut mis en concession pour 75 ans. Une clause stipule que si le trafic sur le viaduc dépasse les prévisions, la durée de la concession pourra être réduite. Il renforça les effectifs de la SNCF et d’Air-France. Quand il permit l’ouverture du capital d’Air France, c’est en stipulant que l’Etat devrait conserver au moins 50% des actions.

Ayant quitté la mairie de Drancy six mois après sa prise de fonction au ministère pour éviter le cumul et ayant laissé son siège de député à son suppléant, Jean-Claude Gayssot décida de quitter la Seine-Saint-Denis et de s’implanter dans sa ville natale de Béziers. Il échoua aux élections municipales de mars 2001 face à Raymond Couderc. Drancy bascula à droite, le nouveau maire fut par la suite élu député. Jean-Claude Gayssot ne se présenta pas aux élections législatives de 2002.

Il s’installa alors à Béziers et continua à militer dans le cadre de la Région. Il siégea au conseil municipal de Béziers de 2001 à 2008. Il fonda une association « Économie, développement et Citoyenneté » (EDEC), afin d’organiser des débats (avec des invités comme Jacques Attali, Alain Bauer, Jean-louis Guigou, Emmanuel Todd), des visites de grands chantiers et de musées.

Il fut élu vice-président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon en mars 2004. Ses attributions furent les transports, les infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires ainsi que les canaux et les fleuves côtiers. Sa collaboration –parfois difficile- avec Georges Frêche fut critiquée par une partie des communistes de la circonscription biterroise. Aussi ne participa-t-il pas à la campagne des législatives de 2007.

Il choisit de quitter le Comité centraL du parti communiste tout en demeurant membre du parti. Il entra dans un club de réflexion fondé en 2007, « Gauche avenir » qui milite pour un nouveau Front populaire politique et syndical dans la perspective de 2012. Lors du Congrès de Nanterre en décembre 2008, il exposa sa vision de l’avenir : la fondation d’une nouvelle formation politique moderne et populaire, sans référence obligée avec le parti communiste, non pour le faire disparaître, mais pour le métamorphoser. Jean-Claude Gayssot s’est en effet engagé depuis 2002 dans une démarche pragmatique d’union avec des socialistes, des verts, des radicaux de gauche, pour aboutir à une alternative au libéralisme avec le souci de trouver des accords sur des contenus pratiques.
Jean-Claude Gayssot a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2006. Cette décoration lui a été remise par Pierre Mazeaud alors président du Conseil constitutionnel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4255, notice GAYSSOT Jean-Claude par Hélène Chaubin, Pierre Vincent, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 28 octobre 2022.

Par Hélène Chaubin, Pierre Vincent

Jean-Claude Gayssot
Jean-Claude Gayssot
Assemblée nationale, Notices et portraits.

ŒUVRE : Le parti communiste français, 1989, Éditeur Messidor, éditions sociales, 204 p. – Cartes sur table pour une nouvelle croissance,(en coll. Avec Philippe Herzog), Éditions section économique du parti communiste français, Paris, 1980, 207 p. – Sur ma route, Éditions Stock, Paris, 2000.282p.

SOURCES : Fonds Jean-Claude Gayssot, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (296 J), inventaire en ligne. — Arch. comité national du PCF. — Sites internet. Site internet de « Gauche avenir ». — Entretien d’Hélène Chaubin avec Jean-Claude Gayssot le 29 avril 2009. – 1997-2002, 5 années au ministère de l’équipement, des transports et du logement, Édition Ministère de l’équipement, avril 2002, 463p. (Dossiers et textes de lois).

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