GEIGER Jean

Par Pierre Schill

Né le 20 mars 1921 à Montigny-lès-Metz (Moselle) ; cheminot (instructeur puis ajusteur) ; syndicaliste CGT et militant communiste de Moselle.

Jean Geiger à la fin des années 1940
Jean Geiger à la fin des années 1940
Collection Jean Geiger

Fils unique d’un ajusteur de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine Jean Geiger entama son apprentissage aux ateliers de Montigny-lès-Metz en octobre 1936, après avoir été reçu premier au concours d’entrée. Il entra à la SNCF en octobre 1939 et devint instructeur au centre d’apprentissage qu’il venait de quitter. Il adhéra au même moment au syndicat des cheminots CGT.

Jean Geiger fut notamment influencé par son père qui militait à la CGT et au PC et l’avait inscrit à la Fédération sportive du travail où il côtoyait les enfants du responsable communiste Marcel Kirsch. Jean Geiger adhéra aussi au Club d’accordéons ouvriers messin, société constituée sous l’égide de la CGT.

En juillet 1938, il fut envoyé en colonie de vacances au camp de Wahlbach (Haut-Rhin) dans la vallée de Munster où il rejoignit d’autres apprentis du réseau Alsace-Lorraine. L’une des activités des vacanciers consistaient à organiser des jeux de rôles. Dans l’un d’entre eux opposant « jeunesse ouvrière » et « jeunesse hitlérienne », Jean Geiger fut fait « prisonnier », jugé et condamné à mort comme « communiste » et devait être « décapité ». Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la réalité devait rejoindre la fiction.

En septembre 1939, Jean Geiger était en vacances dans le Cantal avec un groupe d’apprentis de la SNCF lorsque les vacances furent interrompues et la jeune troupe dut regagner la Moselle. Le 12 juin 1940, les ateliers de Montigny-lès-Metz devaient être évacués vers Perpignan, mais le train fut bloqué dans les Vosges et Jean Geiger, instructeur d’apprentissage, regagna la Moselle alors annexée de fait par les Allemands avec son groupe d’apprentis. Le 22 juin 1940 il reprit son poste aux ateliers de Montigny-lès-Metz mais, ayant refusé d’adhérer aux Jeunesses hitlériennes, il ne retrouva pas son emploi d’instructeur.

En septembre 1940, Jean Geiger contribua à fonder « l’Espoir français », association patriotique anti-allemande qui devint en décembre 1940 un sous-groupe « étudiants » du réseau « Uranus-Kléber ». Il récolta, avec son groupe, des informations sur les déplacements de la Wehrmacht et commença à recueillir des armes pour organiser une éducation militaire. Arrêté par la Gestapo le 5 juillet 1941, Jean Geiger fut d’abord interrogé à Metz avant d’être transféré le 11 juillet 1941 à la prison de Sarrebruck (Sarre, Allemagne). Il passa en procès à la fin août 1942 et fut condamné à mort par le tribunal de Zweibrücken (Sarre, Allemagne). En octobre 1942 il fut transféré à la prison de Stuttgart où il fut enfermé dans le cachot des condamnés à mort. Après intervention de son père, ancien soldat de l’armée allemande pendant la Grande Guerre, auprès du Gauleiter, il fut gracié en octobre 1943 et sa peine commuée en dix années de prison. Jean Geiger avait été défendu à Berlin par un avocat payé avec l’argent réuni clandestinement par les militants de la CGT des ateliers de Montigny-lès-Metz. Il fut ensuite transféré à la prison d’Ulm d’où il s’échappa le 4 mars 1945. Arrêté cinq jours plus tard il fut transféré à Ehlingen avant de retrouver la prison d’Ulm où il fut libéré par les Alliés le 25 avril 1945. Jean Geiger fut démobilisé avec le grade de sous-lieutenant qui devint un grade réel dans la réserve après un stage à l’école d’application du génie à Angers (Maine-et-Loire). Il fut promu lieutenant de réserve en décembre 1955.

De retour de déportation il reprit son emploi d’ouvrier aux ateliers de Montigny-lès-Metz et recommença à militer au syndicat CGT des cheminots. Jean Geiger adhéra également à la Libération au Parti communiste, favorablement influencé par les communistes allemands rencontrés lors de sa déportation. Il se présenta aux élections municipales dans sa commune natale.

Jean geiger fut candidat aux élections municipales du 23 septembre 1945 sur la Liste d’union nationale républicaine démocratique et antifasciste, mais ne fut pas élu. Il se présenta à nouveau, sans succès, aux élections d’octobre 1947 sur la liste d’Union républicaine et résistante qui rassemblait des candidats socialistes et communistes.

Le 13 avril 1947 à Metz, il participa au congrès de l’UD-CGT de la Moselle et fut élu au poste de secrétaire général adjoint de l’UD. Ayant été muté à Béning dans l’est du département de la Moselle, il ne put guère se consacrer à sa nouvelle tâche. Il compléta, au même moment, sa formation par une année de cours à l’école de formation générale de la SNCF à Saint-Prix et fut affecté à la fin de sa formation à Toul (Meurthe-et-Moselle).

Jean Geiger participa à de nombreuses grèves, notamment à celle d’août 1953, où, alors en poste à Toul, il était le seul cadre en grève. En mai 1968 il participa aux manifestations qui se déroulèrent à Metz. En poste à Bischheim (Bas-Rhin), il participa au cours de l’année 1974 à un mouvement contre la torture en Espagne.

Jean Geiger avait quitté le PC en 1956 après sa mutation pour l’Alsace. En 1968, il adhéra à la Fédération autonome des cadres et fut élu en 1973 au comité central des activités sociales. Il reprit sa carte à la CGT en 1976 et y adhère encore aujourd’hui.

Jean Geiger était membre de la fédération mosellane de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) depuis 1970. Il devint secrétaire de la section de Metz en 1976 et secrétaire de la fédération mosellane en 1988. Depuis 1992 il assure la charge de président de la fédération mosellane.

Jean Geiger reçut la Légion d’honneur en 1973. Marié le 3 août 1946 à Vivonne (Vienne), avec Denise Bourlier, ils eurent deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4260, notice GEIGER Jean par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 28 octobre 2022.

Par Pierre Schill

Jean Geiger à la fin des années 1940
Jean Geiger à la fin des années 1940
Collection Jean Geiger

ŒUVRE : « Ceux de l’Espoir français », Cahier Jean Macé, n° 57, 1999, p. 6 à 11.

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 151 W 191 ; 1330 W 265 et 266. — Le Républicain Lorrain, 25 septembre 1945, 20 septembre 1947. — Fernand Leroy, Montigny cité cheminote. Histoire des ateliers SNCF de Montigny-lès-Metz... qui n’a jamais eu de gare !, Metz, Union départementale d’économie sociale de Moselle, 1993 (2e édition), 127 p. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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