GEOFFROY Émile

Par Rémy Gaudillier

Né le 25 avril 1905 à Devrouze (Saône-et-Loire), mort le 13 septembre 1977 à Dole (Jura) ; cheminot manœuvre puis mécanicien de route ; résistant ; syndicaliste CGT puis FO et militant socialiste SFIO du Jura, secrétaire de l’Union locale CGT puis CGT-FO de Dole, secrétaire de l’UD-CGT puis FO du Jura (1945-1964), secrétaire de la Fédération FO des cheminots (1950-1956).

Fils de Milon Geoffroy et de Léontine Pernin, Émile Geoffroy naquit dans une famille de métayers. Sa formation primaire fut réduite à quatre ou cinq mois par an par les nécessités du travail agricole. De douze à vingt-quatre ans, il travailla dans les fermes de Saône-et-Loire pour un salaire de misère. Son service militaire à Besançon au 7e train fut probablement pour lui une expérience importante, au contact d’un monde ignoré. Son mariage en 1929 à Devrouze avec Angèle Gaudillat, qui lui donna un fils en 1930, fut suivi de son entrée au PLM, le 1er mars 1930, comme manœuvre au dépôt de Dole. Admis au cadre permanent un an plus tard, il s’orientera par la suite vers la filière conduite où il deviendra successivement chauffeur de route, élève mécanicien, puis mécanicien de route.

À Dole, il rencontra Étienne Dusard qui lui fit découvrir le syndicalisme et la nécessité de l’organisation ouvrière. Syndiqué dès mars 1930, Émile Geoffroy participa à de nombreuses et vives discussions sur la nature du syndicalisme, réformiste ou révolutionnaire. Délégué syndical, il garda du 30 novembre 1938 un souvenir pénible. À Dole, Étienne Dusard et lui furent les seuls cheminots qui refusèrent de signer leur ordre de réquisition. Dès le 1er décembre 1938, il devint secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Dole.

Mobilisé à la déclaration de guerre comme affecté spécial à Saint-Florentin, Émile Geoffroy revint à Dole avec la défaite, pour cacher le matériel syndical dans un abri qu’Étienne Dusard avait aménagé dans son jardin. Avec la ligne de démarcation, il participa à l’action engagée pour conduire en zone libre prisonniers évadés, juifs, militaires démobilisés, résistants, agents anglais... et entra dans la Résistance aux côtés d’Étienne Dusard qui, arrêté le 13 mai 1944 et torturé par la Gestapo, choisit de se pendre dans sa cellule. Son action dans la clandestinité lui valut d’être choisi avec Robert Chavanelle, fin août 1944, pour représenter la CGT au Comité départemental de Libération du Jura. Il y présida la commission du travail et contribua fortement à l’institution, dans le département, de la prime de libération et au réajustement des salaires ouvriers. Nommé secrétaire général de l’UD d’août à décembre 1944, il fit partie, à partir du 21 janvier 1945, de sa commission administrative.

Secrétaire du syndicat des cheminots et de l’Union locale de Dole, il devint en octobre 1945, après le départ du secrétaire de l’UD (Courtois), responsable CGT pour le secteur de Dole. Devenu permanent, il organisa et mena les opérations de baisse des prix sur le marché de la ville.

Le 18 janvier 1948, il se prononça pour la CGT-FO pensant rester fidèle aux idéaux de Jaurès et de Blum, ses maîtres à penser. Émile Geoffroy reprit alors son travail à la SNCF, tout en conservant la responsabilité de l’UL de Dole et de secrétaire adjoint de l’UD. Son dévouement et ses qualités humaines contribuèrent à donner à l’UL-FO une image positive.

Membre du premier bureau de l’Union nationale des agents de conduite (UNAC) en 1948, puis son secrétaire général de mars à septembre 1950, il fut également secrétaire de l’Union Sud-Est de 1948 à 1954, et devint de 1952 à 1956, année de sa retraite, secrétaire fédéral. En 1953, il fit à l’invitation des syndicats américains, un voyage de six semaines aux États-Unis. Il en rendit compte aux Jurassiens, insistant sur l’importance du pouvoir d’achat de l’ouvrier américain, au moins tois fois plus important que celui de l’ouvrier français.

Retraité, Émile Geoffroy continua ses activités syndicales : secrétaire de l’UL de Dole, secrétaire administratif de l’UD du Doubs, élu président de bureau de la caisse régionale de chômage à Besançon grâce au vote de l’ensemble des organisations syndicales. Il retrouva en 1962 le secrétariat de l’UD du Jura, jusqu’au congrès de Salins-les-Bains en 1964. Responsable de l’association des vieux travailleurs, il fut membre du bureau fédéral, au titre de la section nationale des retraités, entre 1961 et 1973. Il fut également le premier secrétaire général de la STN des retraités, constituée le 5 octobre 1963, puis réélu en octobre 1965.

Laïc convaincu, membre de la loge de Dole, Émile Geoffroy fut aussi un militant socialiste, conseiller municipal de Dole de 1947 à 1959. Candidat aux cantonales de 1945, il fut battu par le communiste Barthelemy, mais se représenta en 1958 dans le canton de Dole. Il se présenta aux législatives de janvier 1956 sur la liste du front républicain conduite par André Socié, et en novembre 1958.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4289, notice GEOFFROY Émile par Rémy Gaudillier, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 28 octobre 2022.

Par Rémy Gaudillier

SOURCES : Arch. Nat., F1a/3240, F1cll/204 et 292. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — Arch. Fédération CGT-FO des cheminots. — Arch. de l’OURS, dossiers Jura. — Profession de foi aux législatives de 1958. — Arch. FO déposées aux Arch. Dép. du Jura. — Comptes rendus des congrès fédéraux (FO). — Résistance ouvrière puis Force ouvrière, 1944-1950. — Le Rail syndicaliste, 1948-1966. — FO Jura, mai 1976, mai 1980, octobre 1980. — Journal de Dole, 16 septembre 1977. — Georges Ribeill, « Autour des grèves de 1947, les scissions de l’après-guerre au sein de la Fédération CGT (CAS, FO, FAC, FgMC) », Revue d’histoire des chemins de fer, n° 3, Mouvement social et syndicalisme cheminot, automne 1990, p. 95-113. — Renseignements fournis par Maurice Geoffroy (fils d’Émile) et par Henri Lambert (retraité FO). — Notes de Louis Botella, Marie-Louise Goergen, Gilles Morin et Noël Mazet. — État civil.

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