BALSENQ Étienne, Auguste [ou Étienne, Julien ?]

Né le 6 avril 1838 à Campagnac (Aveyron) ; mort le 15 janvier 1904 à Paris (Xe arr.) ; cocher ; blanquiste, capitaine au 138e bataillon fédéré et commissaire de police sous la Commune de Paris, commissaire spécial à la gare du Nord.

Balsenq avait fait tous les métiers pour vivre, mais surtout celui de cocher, soit dans les administrations, soit chez les particuliers ou chez les loueurs de voitures particulières, et notamment à la Compagnie des Petites Voitures. Il dit avoir connu Blanqui seulement en septembre 1870, mais il avait appartenu, dès 1867-1868, aux premiers groupes de combat blanquistes. Le 14 août 1870, après l’équipée de la caserne de la Villette, ses compagnons entreposèrent leurs armes chez lui : il le reconnut devant le 3e conseil de guerre, mais affirma - sans être très convaincant - avoir ignoré le contenu des caisses. Il se terra jusqu’au 4 septembre, mais, ce jour-là, il joua un rôle très actif ; puis Blanqui le fit capitaine d’habillement, et son grade survécut à la rapide disgrâce de son chef ; il était en outre imprimeur et gérant du journal blanquiste La Patrie en danger (7 septembre-8 décembre 1870).

Au 18 mars 1871, il était donc capitaine au 138e bataillon qui envahit la Manutention. Balsenq en resta quelques jours administrateur, puis fut nommé au début d’avril commissaire de police du quartier Saint-Thomas-d’Aquin (VIIe arr.) : « J’ai donné ma démission à Eudes parce que je ne voulais pas me mêler à un pareil chaos » (à la Manutention). Le 19 avril, il fut nommé commissaire spécial à la gare du Nord ; une angine lui fit résigner ces fonctions et il devint, du 15 au 18 mai, commissaire central du XIIIe arrondissement. Blessé le 23 près de la caserne de Lourcine, il fut arrêté, détenu à l’Orangerie et déféré devant le 3e conseil de guerre.

On le classa « dangereux » et il s’employa à démentir l’épithète, avec une relative platitude que son état de santé peut expliquer ; il nia avoir appartenu à l’état-major d’Eudes - l’accusation se fondait peut-être sur ses opinions et ses relations blanquistes ? - et écrivit au préfet de police : « Si j’ai été forcé d’accepter des fonctions, les besoins de l’existence me l’ont imposé [...] J’ai la satisfaction de les avoir remplies honnêtement, loyalement ». En ce qui concerne ses fonctions à la gare du Nord, il dit : « J’ai fait tout ce qui dépendait de moi pour faciliter à tous ceux qui s’adressaient à moi les moyens de quitter Paris, pour se soustraire à la loi de la Commune. » Il refusa de signer les procès-verbaux du 3e conseil de guerre, en septembre 1871 et janvier 1872. Il définit assez bien à l’occasion les activités blanquistes, à propos du journal La Patrie en danger « que nous avons fondé dans un but non spéculatif, mais pour la propagande d’idées que nous croyons être utiles aux masses plutôt qu’aux raffinés de la littérature ».

Il ne paraît pas avoir fait bonne impression sur le tribunal : « Balsenq a le regard faux, il est insolent dans son aplomb, il ment avec impudence et sa figure est loin d’être sympathique. » On ne put prouver sa participation au meurtre de l’archevêque, mais la condamnation dépassa en sévérité celles encourues par les commissaires de police de la Commune ; sans doute visait-elle d’une part le blanquiste, de l’autre le fonctionnaire de la gare du Nord coupable d’avoir réquisitionné, arrêté, voulu empêcher les sorties de subsistances. Le 15 avril 1872, il fut condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée, le certificat de bonne conduite délivré par son chef à la gare du Nord étant resté sans effet. Ses attitudes diverses ont parfois laissé perplexe : il « croit avoir été fort honnête durant la Commune », dit une note, et « Ne serait-il pas utile de le maintenir à Versailles [...] il pourrait mettre la justice sur la voie de renseignements utiles ».

Déporté, il donna sur ses compagnons et la vie en Nouvelle-Calédonie des renseignements colorés d’amertume (Papiers du général Eudes) : peu trouvent grâce devant lui. Il réaffirmait ses opinions : « Quoi qu’il arrive, je resterai ce que j’ai toujours été, lutteur inébranlable dans les principes, ni à vendre ni à changer, incorruptible, crois-le bien. »
Amnistié, rentré par le bateau la Creuse, la misère lui fit solliciter une place d’employé auxiliaire à la Caisse municipale et il en demanda pardon à ses amis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article431, notice BALSENQ Étienne, Auguste [ou Étienne, Julien ?], version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Min. Guerre, 3e conseil. — Papiers du général Eudes, déposés à l’Institut français d’Histoire sociale. — Jean Maitron, L’Actualité de l’Histoire, n° 5, octobre 1953, p. 18-24. — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire à la fin du Second Empire, Paris, Armand Colin, 1960. — M. Dommanget, Blanqui, la guerre de 1870-1871 et la Commune, Paris, Domat, 1947. — Roger Pérennès, Déportés et forçats de la Commune, de Belleville à Nouméa, Nantes, Ouest Éditions, 1991. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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