Cheminot dans le Limousin ; animateur de grèves en 1888.
Ancien employé de commerce parisien, devenu mécanicien à Souillac (Lot), puis chargeur de wagons sur la voie ferrée Limoges-Brive en construction, Godet fut l’animateur d’une grève des terrassiers construisant la voie, motivée par une question de salaires. Les ouvriers demandaient une augmentation de 0,50 F par jour, alors que les patrons voulaient accorder seulement 0,35 F. Déclarée au village du Gaucher, commune de Donzenac (Corrèze), la grève s’étendit peu à peu sur toute la ligne jusqu’à Limoges. Les grévistes, partis en cortège de Donzenac et grossis, chemin faisant, d’ouvriers de divers chantiers échelonnés le long du parcours, avaient formé le projet de se rendre à Limoges en suivant la voie. Ils en furent empêchés par la troupe chargée de garder les chantiers où parfois l’on travaillait encore. Ils arrivèrent à Limoges le 31 août 1888 par la vieille route de Solignac, précédés d’accordéons, de trombones et de drapeaux. Ils furent reçus à l’hôtel de ville par le maire Adrien Tarrade qui fit délivrer à chacun une livre de pain.
Le 6 septembre eut lieu à Limoges, à l’École de dressage, un grand meeting avec Jean Allemane et Godet, le leader de la grève, que les ouvriers appelaient « le Parisien ». Dans son discours, Godet se montra moins violent qu’Allemane, préconisant surtout des mesures d’hygiène et de propreté. Mais à mesure que la grève se prolongeait et s’étendait, de nouveaux ouvriers grévistes arrivaient à Limoges. Devant cet afflux insolite de population qui pouvait poser des problèmes de ravitaillement, le maire Adrien Tarrade fit diriger sur la Corrèze les grévistes originaires de ce département. Allemane et Godet faisaient la navette entre Limoges et Brive, donnant ici et là des conférences au bénéfice des grévistes.
Le 17 septembre 1888, un nouveau meeting eut lieu à Limoges dans la salle des Pénitents blancs. Devant l’intransigeance de certains éléments grévistes désireux de poursuivre le mouvement, alors que les demandes ouvrières étaient satisfaites pour la plus grande part, Godet abandonna la conduite de la grève. Le 20 septembre 1888, une réunion eut lieu à Vigeois (Corrèze) sur la ligne en construction, et les ouvriers corréziens décidèrent d’accepter les tarifs des patrons. La grève se termina cinq jours plus tard.
SOURCES : Le Courrier du Centre, 6 septembre 1938 : « Il y a cinquante ans, une grève », article signé « L’Observateur », pseudonyme d’un rédacteur du journal en 1938, A. Valérie. — L’Écho du Centre, 24 et 25 avril 1957, La Grève des cheminots de la ligne Limoges-Brive, article non signé, cite une brochure : La Grève du chemin de fer de la ligne Limoges-Brive, par H. Delor, maire du Vigen, Limoges, 1888.