GUÉGAN René

Par Jean-Pierre Besse, Annie Pennetier

Né le 4 juin 1911 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; cheminot ; militant communiste de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) et de Paris, résistant FTPF.

René Guégan
René Guégan
Musée de la résistance nationale. Fichiers de l’Association des familles de fusillés.

Fils de Yves Guégan, employé de chemin de fer, et de Marie Anne Merrien, ménagère, René Guégan s’était marié le 8 juillet 1933 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine) avec Simonne Villars et devint père de deux enfants Yves et Claude.
Après son service militaire effectué au 23e régiment de tirailleurs algériens (octobre 1933-octobre 1934), il avait travaillé comme ouvrier peintre puis fut embauché dans sa spécialité, par la Compagnie de chemins de fer PLM en décembre 1936, aux ateliers wagons de Villeneuve-Triage. Il habita à Paris puis à Villeneuve-Saint-Georges.
Membre du Parti communiste depuis 1935, René Guégan fut secrétaire de la cellule du quartier Bel-Air à Paris (XIIe arr.) en 1936 puis l’année suivante, d’une cellule de Villeneuve-Saint-Georges.Il était secrétaire des Amis de l’Union Soviétique.
Fiché par la police, il faisait l’objet d’une surveillance resserrée, ainsi le 30 mars 1940, son domicile avenue de Valenton à Villeneuve-Saint-Georges fut perquisitionné. Le 3 ou 4 avril il fut mobilisé à Fontainebleau après avoir été rayé de l’affectation spéciale « pour menées antinationales ». Démobilisé le 9 août, il reprit son service le 12 suivant.
René Guégan fut arrêté le 24 octobre 1940 par la police française sur ordre du préfet de Seine-et-Oise, interné au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; il fut transféré, en octobre 1941, au centre de séjour surveillé de Gaillon (Eure), d’où il s’évada dans la nuit du 16 au 17 janvier 1942 avec Pierre Villon directeur de la publication des Cahiers du bolchevisme clandestins (qui raconta en détail cette aventure dans Résistant de la première heure), aidés par des camarades cheminots de Villeneuve-Saint-Georges. La SNCF l’avait licencié le 22 juillet 1941 en application de la loi du 23 octobre 1940.
Dès son retour à Villeneuve, René Guégan reprit contact avec ses camarades et entra dans les FTP du XXe arrondissement de Paris. Les Brigades spéciales l’arrêtèrent le 2 août 1941 à Paris, porteur de faux papiers au nom de « Jean Patissier ».
Détenu à la prison de la Santé (Paris, XIVe arr.), il fut livré aux autorités allemandes qui l’inscrivirent sur la liste des otages en motivant ainsi leur décision : « Guégan connaissait les tâches que se donnait l’OS [Organisation secrète]. En tant que responsable du PCF pour les masses de la région Paris-Sud, il était également en rapport avec les responsables de l’OS. Il était sur le point de rétablir le contact entre le chef de groupe de l’OS de Bicêtre coupé de son responsable. »
Dans la nuit du 10 au 11 août 1942, les Allemands sortirent René Guégan de sa cellule pour le conduire à Romainville.
Le 11 août 1942 les Allemands fusillèrent René Guégan au Mont-Valérien comme « otage en représailles à l’attentat du stade Jean-Bouin à Paris et de divers attentats qui provoquèrent 31 morts allemands dans le même mois ».
Le même jour, plusieurs jeunes communistes de Villeneuve-Saint-Georges connurent le même sort : Roger Calvier, André Bretagne et Gilbert Deschanciaux, arrêtés le 1er août 1942.
Quatre-vingt-huit otages furent ce matin du 11 août 1942 passés par les armes dans la clairière du Mont-Valérien, c’était la première exécution massive d’otages décidée par la Sipo-SD.
Les quatre-vingt-huit fusillés, dont René Guégan, ont été incinérés au cimetière du Père-Lachaise à Paris (XXe arr.). Les urnes furent réparties dans quatre cimetières extra-muros : Pantin, Bagneux, Saint-Ouen et Thiais.
René Guégan fut reconnu Mort pour la France par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 5 avril 1945, et il fut homologué membre de la Résistance intérieure française (RIF). Le titre d’Interné politique lui a été attribué le 23 avril 1963.
Son nom est gravé sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur la plaque commémorative 1939-1945 SNCF à Paris (XIIe arr.). À Villeneuve-Saint-Georges son nom figure sur le monument aux morts au centre du cimetière ancien, sur une stèle « à la mémoire des héros de la Résistance et des déportés » au cimetière communal, sur une plaque commémorative apposée à l’entrée du Fort de Villeneuve-Saint-Georges, sur la stèle commémorative 1939-1945 SNCF et sur une plaque apposée Avenue des fusillés à la mémoire des patriotes fusillés par les Allemands : André Bretagne, Roger Calvier, Gilbert Deschanciaux, Édouard Girard, René Goguelat, René Guégan, Raymond Guénot et Jean Guyonnet.
Une rue de la commune de Villeneuve-Saint-Georges porte le nom de René Guégan.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4614, notice GUÉGAN René par Jean-Pierre Besse, Annie Pennetier, version mise en ligne le 15 avril 2014, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Annie Pennetier

René Guégan
René Guégan
Musée de la résistance nationale. Fichiers de l’Association des familles de fusillés.
Avenue et plaque des fusillés à Villeneuve-Saint-Georges
Avenue et plaque des fusillés à Villeneuve-Saint-Georges
Cliché Annie Pennetier

SOURCES : AVCC, SHD Caen, AC 21 P 459 598. — SHD Vincennes GR 16 P 273689 (nc). — Serge Klarsfeld, Le livre des otages, p. 144. — Jean-Marie Castel, Les Villeneuvois et les Villeneuvoises sous l’Occupation (1940-1944), Montgeron, Desbouis Gresil, 1990 [l’auteur dit que René Guégan avait été libéré début 1942 en signant un engagement de ne pas agir contre l’État français, version infondée comme le prouve le témoignage de Pierre Villon]. — Pierre Villon, Résistant de la première heure, Éd. Sociales, p. 58 à 60, et sa fiche à la DAVCC de Caen, BVIII dossier 3 consulté par Thomas Pouty. — Thomas Fontaine,Stéphane Robine dans Mémorial des cheminots, 2017. — État civil. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb.

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