GUÉRIN Louis [GUÉRIN Marius, Louis]

Par Jacques Girault

Né le 27 février 1868 à Serrières (Ardèche), mort le 25 novembre 1945 à Barjols (Var) ; inspecteur des chemins de fer : socialiste SFIO ; conseiller général du Var (1925-1941, 1944-1945), maire de Barjols (1922-1936, 1944-1945).

Fils d’un épicier, Louis Guérin fut chef de gare, puis inspecteur à Barjols (ligne des chemins de fer de la Compagnie du Sud-France). Il fonda le syndicat des employés du Sud-France, le 3 août 1894. En 1902, il devint le responsable du groupe d’Études sociales. Le 11 juin 1900, il avait été initié à la Franc-Maçonnerie à la loge « La Réunion » de Toulon. Affilié à la loge « L’Égalité » à Draguignan, devenu maître, il intégra la loge « L’École de la Sagesse » à Brignoles. Les 18 et 19 avril 1919, il participa au congrès de la Fédération CGT des compagnies secondaires à Paris. Au congrès de l’Union départementale CGT en février 1920, sa proposition de refuser de payer l’impôt sur les salaires fut adoptée. On pensait qu’il serait candidat socialiste SFIO aux élections législatives de 1919. Il n’en fut rien. Il fut élu membre du conseil d’administration de la Fédération varoise des coopératives de consommation au congrès des Arcs, le 1er août 1920.

Au moment des discussions dans le Parti socialiste SFIO, Louis Guérin qui avait désapprouvé l’Union sacrée, semblait être d’accord avec l’adhésion à la IIIe Internationale. Alla-t-il jusqu’à faire partie du nouveau Parti communiste ? Ses rapports avec les communistes locaux étaient excellents.

Le 30 avril 1922, des élections municipales générales étaient organisées. Louis Guérin fut le seul élu, dès le premier tour, avec 213 voix sur 655 inscrits. Finalement le conseil comprenait trois socialistes SFIO, dix radicaux socialistes et deux divers. Guérin, le 12 mai, devint maire avec 9 voix sur 13 votants. C’était la conclusion d’une période politique locale troublée. Aussi, lança-t-il un appel à l’ “Union des Républicains“ après son élection. La police annonçait son adhésion au Parti socialiste SFIO en décembre 1923.

Louis Guérin présidait les réunions de la Ligue des droits de l’homme en faveur de l’amnistie et participait régulièrement à tous les congrès de l’organisation. Il présida la section locale de la Ligue en 1929 et 1930.

Lors de l’élection législative de 1924, Louis Guérin, membre du comité fédéral SFIO, militant de la Fédération des cercles rouges, faisait partie de la commission exécutive du Comité général varois pour l’élection rouge. Mais il présida la réunion électorale de février 1924 avec Gabriel Péri. L’année suivante, il était annoncé comme secrétaire de la section socialiste SFIO de Barjols.

Le 3 mai 1925, pour l’élection municipale, Guérin conduisit la liste « d’Union républicaine socialiste » qui fut élue. Il obtint personnellement 354 voix sur 645 inscrits. Deux ans plus tard, il était élu au conseil d’administration de la Fédération des municipalités socialistes qui venait de se créer. Toujours secrétaire de la section socialiste SFIO, il fut réélu maire à la suite des élections municipales du 5 mai 1929, où il obtint 313 voix sur 647 inscrits.

Pour le conseil général dans le canton de Barjols, Guérin, seul candidat, fut élu le 19 juillet 1925 avec 881 voix sur 1 757 inscrits.

Secrétaire de l’Assemblée départementale (1925-1927) il était membre de la troisième commission (Instruction publique, Agriculture, vœux). En 1928, vice-président de l’Assemblée (1928-1937), il y ajouta la commission des transports.

À nouveau seul candidat, Louis Guérin fut réélu le 18 octobre 1931, avec 852 voix sur 1 783 inscrits. Outre les commissions précédentes, il devenait membre de la Commission départementale et la présidait en 1931-1932. Il participa aussi au comité de patronage des HBM et au conseil d’administration de l’Office public d’HBM. En 1934, restant membre de la Commission départementale, il abandonna la troisième commission pour la commission des finances.

Militant socialiste SFIO actif, membre du comité fédéral, Guérin fut un des élus varois à ne pas suivre la majorité des élus dans la scission à la fin de 1933. Il présenta notamment la motion politique préparée par Albert Lamarque * au conseil général en octobre 1934, motion qui appelait à l’union antifasciste des forces politiques de gauche et signa la motion communiste-socialiste SFIO, le 25 août 1935. Pour l’élection sénatoriale, le congrès des Arcs, le 1er septembre 1935, choisissait les candidats socialistes SFIO. Il arriva en quatrième position avec 52 voix (trois candidats à désigner). Toutefois, aux deuxième et troisième tours de l’élection, le 20 octobre 1935, il entra en lice et obtint 131 voix, puis 167 voix sur 510 inscrits. Militant de la Libre pensée, toujours franc-maçon (loge « l’École de la Sagesse » du Grand Orient à Brignoles, 18e selon le Journal Officiel pendant la guerre), il était aussi délégué à la propagande par les différents congrès de la Ligue des droits de l’homme dans les années 1930.

Louis Guérin fut réélu conseiller municipal, puis maire de Barjols, le 5 mai 1935, avec 357 voix sur 626 inscrits. Il donna sa démission de maire pour raisons de santé, le 25 mai 1936. Ce retrait était en fait la conséquence de violents affrontements dans la section socialiste SFIO, prélude à une crise municipale de grande ampleur à la fin de 1937. Mais Guérin ne siégeait plus au conseil.

Resté membre de la commission de l’Hospice, Louis Guérin fut relevé de cette fonction en raison de son appartenance à la loge « École de la Sagesse » dont il fut vénérable, Journal officiel, 21 octobre 1941. Il encouragea les Résistants de la commune. Responsable local de l’AS en 1943, il présida la constitution clandestine du comité local de Libération. Lors de la première réunion du comité fédéral SFIO, le 4 décembre 1944, il fut membre maintenu dans son mandat de conseiller général. Il présidait la Délégation spéciale provisoire mise en place à Barjols, le 21 septembre 1944. Élu conseiller municipal en avril 1945, il retrouva son fauteuil de maire. Réélu conseiller général, doyen d’âge, malade, il fut absent lors de la séance inaugurale, le 29 octobre 1945. Le préfet rendit hommage à « ce Républicain ardent », à « son savoir, son expérience des affaires publiques ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4630, notice GUÉRIN Louis [GUÉRIN Marius, Louis] par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 30 août 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F7/13021, 13085. — Arch. Dép. Var, 2 M 3.52, 2 M 5.266, 2 M 5.280, 2 M 5.292, 2 M 6.21, 2 M 7.28.1, 2 M 7.30.1, 2 M 7.31.1, 2 M 7.32.1, 2 M 7.35.1, 4 M 45, 4 M 46, 4 M 56.1, 4 M 59.4.1, 18 M 87, 3 Z 2.2, 3 Z 2.5.2. — Arch. Com. Barjols. — Arch. J. Charlot (CRHMSS).— Notes de Maurice Mistre.

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