Né le 22 avril 1888 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 28 avril 1978 à Antibes (Alpes-Maritimes) ; cheminot ; militant syndicaliste de la CGT et socialiste SFIO de Charente-Inférieure, de Seine-et-Oise [Yvelines], des Alpes-Maritimes.
Sa mère, Delphine Ferru, était journalière, son père, Auguste, tôlier lors de sa naissance, devint chef forgeron à l’arsenal de Rochefort. Brillant élève à l’école primaire, Julien Guilmoteau entra à l’école primaire supérieure annexée au lycée après avoir été reçu premier du secteur à l’examen des bourses. Mais son père étant décédé d’une maladie des reins lorsqu’il avait quatorze ans, il dut abandonner ses études au bout d’un an, pour aider sa mère dont il était l’enfant unique. Il travailla comme manutentionnaire dans une épicerie en gros, puis il s’engagea à La Rochelle dans un régiment d’artillerie à dix-huit ans, en septembre 1906. Réengagé en 1909 puis en 1911 jusqu’en novembre 1913, il fut sous-officier dans l’artillerie de forteresse dans les îles de Ré, Oléron et Aix. Il s’était marié à Rochefort en août 1910 avec Eglantine, Louise Courpron.
Après avoir été rappelé en août 1914, une blessure au genou gauche, le 17 mai 1915 à Saint-Rémy-sur-Bussy (Marne) le rendit inapte au service armé. D’abord détaché à la maison Emery et Tournay, il fut classé affecté spécial aux Chemins de fer de l’Etat jusqu’en mars 1919. Il poursuivit son travail dans cette entreprise publique comme dessinateur à Rochefort après sa démobilisation.
Adhérent du Parti socialiste SFIO depuis 1907 et franc maçon, Julien Guilmoteau joua un rôle important dans la vie syndicale et politique à Rochefort en 1919-1920.
Il fut élu conseiller municipal à Rochefort en novembre 1919, sur la liste d’union à majorité socialiste. Auguste Roux devint le premier maire socialiste de la ville arsenal et Roger Hymond, piqueur aux Chemins de fer de l’Etat, son second adjoint. Ce dernier était en même temps secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Rochefort dont lui-même était l’adjoint. Julien Guilmoteau était aussi adjoint de la Bourse du Travail dont Louis Bernard.
Julien Guilmoteau fut élu membre de plusieurs commissions municipales dont celle du ravitaillement, les difficultés persistant à la fin 1919. Au début du mois février 1920, il présenta un long rapport au conseil au nom du Comité de vigilance de la Bourse du travail créé pour surveiller le ravitaillement et les prix. Il préconisait la suppression de l’octroi et la mise en place d’entreprises municipales.
Il n’apparut plus ensuite dans les réunions du conseil municipal car son activité fut accaparée par les grandes grèves des cheminots en février et en mai, dont il assuma la présidence du comité de grève localement, puis pour tout le département. Il fut révoqué mais n’en poursuivit pas moins son investissement jusqu’à la fin de la grève, se séparant de son camarade Hymond qui avait tout fait pour mettre un terme à la grève. Il le dénonça d’ailleurs publiquement. Louis Bernard lui céda durant un mois le secrétariat de la bourse du travail en mai-juin 1920.
Cet épisode laissa des traces dans la CGT et le PS. Dans la section de Rochefort Julien Guilmoteau fit partie de la faible majorité qui signa la motion du Comité pour la reconstruction de l’Internationale avant le congrès de Tours.
En fait, il ne résidait plus alors à Rochefort. Il n’assista au conseil municipal que le 15 juin 1921 pour se faire élire délégué municipal pour les élections sénatoriales. On trouve sa trace comme directeur de coopératives à La Rochelle en 1921-1922.
Il partit ensuite dans la région parisienne. Il était dessinateur à Paris en 1926,. Il fut candidat du Parti socialiste SFIO dans la 1ere circonscription de Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines) aux élections législatives de 1928. Il recueillit 1 903 voix sur 21 346 suffrages exprimés et se retira pour le second tour qui vit l’élection du député de droite sortant R. de Fels.
En 1941, il fut répertorié comme franc-maçon notoire : il était mentionné comme ayant appartenu à la loge Union parfaite de La Rochelle en 1921-1922 et à la loge Phare Soisonnais, en 1926.
Un Guilmoteau fut membre de la commission exécutive de la Fédération des syndicats d’agents des cadres et techniciens des chemins de fer en 1945. Il fut président de la commission technique (consultative) en 1947. S’agit-il de lui ?
Julien Guilmoteau fut secrétaire de section du Parti socialiste la SFIO dans les Alpes-Maritimes en avril 1954. Candidat non élu au comité directeur du parti en 1957 et 1958, il fit partie de la commission chargée d’étudier les problèmes de politique économique et sociale au conseil national des 3-4 mai 1958. Au congrès de la même année, il fut membre de la commission de réintégration. Il siégeait au groupe d’études doctrinales en décembre 1958. Secrétaire fédéral adjoint chargé de la propagande en 1957, il démissionna en janvier 1959. Le ministère de l’Intérieur le considérait comme l’une des « personnalités marquantes » de la fédération.
Veuf en avril 1969, il s’était remarié en décembre 1970 à Nice avec Jacqueline Patrice.
SOURCES : Arch. Nat. F1cll 201. — Arch. Nat. F7/12978, rapport du 3 avril 1920. — Arch. Dép. Charente-Maritime, 4 M2/68, 14 M2/7, 2 M7/19, état civil, registre matricule. — Ach. mun. Rochefort, délibérations municipales, 1919-1925. — Archives de l’OURS, dossiers Alpes-Maritimes. — Arch. Gazier. — JO, lois et décrets, 8/09/1941. — La Vie socialiste, 14 mai 1932. —Bulletin intérieur, n° 95, 103, 108. —Le congrès de Tours, Editions sociales. — Renseignements communiqués par son arrière-petite-fille, Béatrix Guilmoteau.— Notes d’Alain Dalançon et Gilles Morin.