GUIMBERT François, Mathurin, Joseph, Marie, Hyppolite

Par Henri Dubief, Jean-Louis Robert

né le 20 septembre 1834 au Faouët (Morbihan), mort le 17 août 1904 à Paris XVe arrondissement, mécanicien au PLM à Paris puis directeur de l’élévateur d’eau de Javel, syndicaliste cheminot ; sympathisant communard, de tendance proudhonienne, puis antidreyfusard.

François Guimbert fut embauché par la compagnie des chemins de fer de Lyon en 1858 comme mécanicien. Dès 1869, il fut à l’initiative d’une première pétition des mécaniciens et chauffeurs. Cette pétition, développée, fut envoyée en novembre 1870 au ministère des Travaux publics et diffusée dans tous les dépôts de la compagnie. Le texte associait une dénonciation des mauvaises conditions de travail des mécaniciens (insuffisance des salaires, surcharge de travail…) et une mise en cause de la responsabilité des compagnies dans les accidents du travail. Ce double axe se retrouvera dans toute l’action de Guimbert. En même temps il projetait de créer une Union fraternelle des mécaniciens et chauffeurs.
Profitant de la liberté syndicale qui régnait à Paris après le 18 mars 1871, Guimbert y organisa le 27 mars une réunion des délégués des réseaux. Un manifeste fut adopté se terminant pas « Homme libre, vivre en travailleur ! » Le 13 avril, l’Union fraternelle fut constituée par une assemblée de 250 mécaniciens et chauffeurs. Guimbert et l’Union fraternelle ne soutinrent nullement la Commune de Paris, mais des contacts eurent lieu en particulier avec Antoine Arnaud. Et certains des membres de l’Union comme le mécanicien Laporte convoyaient en province à la fois les circulaires de l’Union fraternelle et les journaux communards.
Après la Commune, Guimbert ne fut pas victime de la répression politique, mais les compagnies profitèrent de la situation pour procéder en juin-juillet à 86 révocations dont celle de Guimbert. Et l’Union fraternelle fut dissoute comme association illicite. Toujours combatifs, Guimbert et plusieurs de ses camarades (Frébereau, Chasselon) se pourvurent devant le conseil des prudhommes qui contraignit les compagnies à leur verser une part de leur retraite.
En 1876, Guimbert fut embauché, sur la recommandation de Gambetta, par la Ville de Paris comme chef mécanicien et devint directeur de l’usine d’élévation d’eau de Javel. Ce nouvel emploi ne l’empêcha nullement de s’occuper activement de la situation des mécaniciens et chauffeurs. En 1880, il publia une brochure, De la Sécurité des voyageurs sur les chemins de fer, qui fit grand bruit. À compter de 1882, il organisa des cours professionnels qui prirent progressivement une grande ampleur
Il adhéra en 1884 au syndicat professionnel ou « syndicat Petit », dont il fut vice-président. Mais le 7 mars 1885 il transforma son comité en Syndicat général professionnel des mécaniciens, chauffeurs, conducteurs de machines à vapeur de France et Algérie ce qui lui valut son exclusion du syndicat Petit. Le syndicat général ou syndicat Guimbert s’opposa aussi au Syndicat national Guérard. Il représenta un groupement d’ouvriers de qualification élevée : les mécaniciens et chauffeurs. Guimbert en resta président jusqu’à sa mort en 1904, non sans de sérieuses difficultés qui, en général, profitaient au syndicat Guérard. Le syndicat Guimbert refusa ainsi de participer aux grèves de 1891 et 1898. En 1894, le titre de l’organisation devint Fédération générale française professionnelle des mécaniciens et chauffeurs des chemins de fer et de l’industrie.
La qualité de l’enseignement professionnel organisé dans le cadre de la Fédération, son action corporative intense en faveur des mécaniciens et chauffeurs et l’influence de Guimbert dans les milieux parlementaires où il faisait un fort lobbying (Édouard Lockroy était le président d’honneur de la Fédération) permirent à la Fédération d’atteindre entre 7000 et 10000 adhérents. Son journal mensuel L’Alliance était d’un très haut niveau technique, ce qui ne l’empêchait pas de rappeler sans cesse les revendications des mécaniciens et chauffeurs et de mettre en cause la qualité du service des compagnies.
En janvier 1899, Guimbert et la Fédération adhérèrent à la Ligue de la Patrie française et à l’antidreyfusisme et, à partir de 1900, une nouvelle fédération formée d’abord par les mécaniciens du PLM se développa et finit en 1905 par absorber la fédération présidée par Guimbert, mort l’année précédente. La nouvelle Fédération des mécaniciens et chauffeurs dirigée par Toffin au Nord fut beaucoup plus active.
Lors de sa mort, en 1904, Guimbert habitait 1 rue de Javel, Paris XVe arrondissement. Il était officier de l’Instruction publique et chevalier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4731, notice GUIMBERT François, Mathurin, Joseph, Marie, Hyppolite par Henri Dubief, Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 2 mars 2022.

Par Henri Dubief, Jean-Louis Robert

SOURCES : Guy Chaumel, Histoire des cheminots et de leurs syndicats, Paris, Librairie Marcel Rivière, 1948, 200 p. — G. Thuillier, « La pétition des mécaniciens et chauffeurs des chemins de fer en 1871 », Le Mouvement social, janvier-mars 1969, p.65-88. — Atsushi Fukasawa, Histoire du syndicalisme cheminot en France. Des grèves générales à la Grande Guerre, Thèse sous la direction de Jean-Louis Robert, université de Paris 1, 1992. — L’Alliance, mensuel, 1889-1905. — Pétition des mécaniciens et chauffeurs des chemins de fer français – Adresse à M. les députés de l’Assemblée nationale – Lettre à M. le ministre de l’Intérieur. – Réponse aux notes de l’ingénieur Marié, Paris, Association générale typographique, 1871, 24 p. — Archives de la préfecture de police, BA 182
État-civil du Faouët
État-civil de Paris 15e arrondissement

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