GUTFRIED Louis (ou GOTHFRIED Louis)

Par Pierre Schill

Né le 5 mars 1899 à Weitersviller (Basse-Alsace annexée), mort le 19 décembre 1979 à Metz (Moselle) ; ouvrier à la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine à Hagondange (Moselle) ; militant du syndicat unitaire des cheminots, secrétaire du syndicat CGT réunifié des cheminots de Hagondange-Uckange-Rombas ; militant communiste ; vice-président de l’harmonie municipale d’Hagondange « L’Avenir » ; conseiller municipal et adjoint au maire d’Hagondange.

Louis Gutfried, (à gauche, moustaches et noeud papillon) vers 1925, dans la Musique communiste d’Hagondange
Louis Gutfried, (à gauche, moustaches et noeud papillon) vers 1925, dans la Musique communiste d’Hagondange
Collection Pierre Schill

Issu d’une famille protestante d’agriculteurs d’Alsace bossue, Louis Gutfried arriva en Moselle au début des années vingt pour travailler, comme visiteur de train, au dépôt de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine de Metz-Sablon. Il faisait partie de ces nombreux Alsaciens qui vinrent s’installer et travailler en Moselle après la Première Guerre mondiale suite au manque de main-d’œuvre notamment lié à l’expulsion des ouvriers allemands. Il quitta Metz pour s’installer en 1924 à Hagondange quand il fut affecté au triage de la ville desservant l’usine sidérurgique de l’UCPMI. Louis Gutfried adhéra au syndicat unitaire des cheminots en 1929 et milita aussi au Parti communiste.

Louis Gutfried fut élu au conseil municipal d’Hagondange à partir des élections de mai 1929. Il se présenta toujours sur la liste communiste. Déjà candidat aux élections municipales des 3 et 10 mai 1925, il fut élu à partir des élections de mai 1929. Il devint deuxième adjoint après son succès aux élections de mai 1935. En octobre 1938, après la démission du premier adjoint, il occupa cette fonction. Il fut aussi candidat aux élections d’octobre 1937 au conseil d’arrondissement de Sarrebourg (Moselle) pour représenter le canton de Fénétrange. Candidat sur la liste communiste, il obtint au premier tour 147 voix sur 1 452 suffrages exprimés. Il fut battu par un candidat de l’URD (droite).

Le 1er mars 1931, il participa à Strasbourg (Bas-Rhin) au deuxième congrès du PC d’Alsace-Lorraine. Louis Gutfried comptait parmi les militants les plus actifs de cette structure et devait être délégué des cheminots unitaires de la Moselle. Il participa à la réunification des syndicats de cheminots unitaires et confédérés de la Moselle à la fin 1935. Il fut nommé secrétaire du syndicat réunifié des cheminots de Hagondange-Uckange-Rombas qui comptait alors environ cent-cinquante adhérents. Il fut élu délégué du personnel.

En septembre 1939, Louis Gutfried resta en Moselle. Sa femme et son plus jeune fils furent évacués chez les beaux-parents de Louis Gutfried à Berling (Moselle). Pendant la Seconde Guerre mondiale, Louis Gutfried fit partie du groupe de résistance « Mario », le plus important du département de la Moselle, alors annexée à l’Allemagne. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national, avait été mis sur pied, au cours de l’été 1941, par l’instituteur messin Jean Burger, aidé par les cheminots Charles Hoeffel et Georges Wodli. L’activité clandestine de Louis Gutfried lui valut d’être arrêté à son domicile d’Hagondange par la Gestapo le 27 janvier 1944 et d’être emprisonné au SS Sonderlager du Fort de Queuleu dans la banlieue messine avant d’être déporté au camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin annexé) où il fut notamment affecté au Kommando d’Iffezheim situé près de Rastatt (Allemagne). Il fut ensuite transféré au camp de Dachau (Allemagne) où il fut libéré le 29 avril 1945.

Louis Gutfried fut notamment chargé de faire traverser la frontière vers la France à des résistants recherchés par la Gestapo qu’il déguisait en cheminot. Notamment Georges Wodli qui était hébergé clandestinement au domicile d’un voisin de la famille Gutfried. Louis Gutfried s’occupait ensuite du passage clandestin de la frontière. Il s’occupait aussi d’organiser le ravitaillement de résistants entrés dans la clandestinité. Il obtint le titre de déporté politique.

Il reprit au lendemain de la guerre son emploi de visiteur de train ainsi que son activité militante à la CGT et au PC. Il fut réélu au conseil municipal d’Hagondange en octobre 1947 et siégea jusqu’en 1977 toujours sur les bancs de la municipalité communiste. À sa retraite des chemins de fer il assura la présidence de la section CGT des cheminots retraités d’Hagondange et environs.

Louis Gutfried était aussi musicien dans l’harmonie municipale d’Hagondange « L’Avenir » à partir du milieu des années vingt. Il en fut le vice-président à partir de 1929 puis à nouveau dans la deuxième moitié des années quarante.

Marié le 14 février 1925 à Hagondange (Moselle) avec Henriette Philipps, il était père de deux fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4750, notice GUTFRIED Louis (ou GOTHFRIED Louis) par Pierre Schill, version mise en ligne le 4 janvier 2013, dernière modification le 4 janvier 2013.

Par Pierre Schill

Louis Gutfried, (à gauche, moustaches et noeud papillon) vers 1925, dans la Musique communiste d'Hagondange
Louis Gutfried, (à gauche, moustaches et noeud papillon) vers 1925, dans la Musique communiste d’Hagondange
Collection Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 303 M 77, 83, 84, 117 et 180 ; 310 M 95 ; 145 W 28 ; 1330 W 265 et 266 ; 24 Z 15 et 16. — Archives Direction interdépartementale d’Alsace du Secrétariat d’État à la Défense chargé des Anciens combattants : fichier du camp de Natzweiler-Struthof (renseignements fournis par Thierry Heidmann). — Volkstribüne, 30 avril 1925. — Le Messin, 6 mai 1935. — Le Républicain lorrain, 11 octobre 1937, 20 octobre 1947, 28 avril 1953, 9 et 16 mars 1959, 22 mars 1965 et 16 mars 1971. — François Goldschmitt, Alsaciens et Lorrains à Dachau, t. 5 : Les derniers jours de Dachau, Sarreguemines, Pierron, 1947, 79 p. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965. — « Resistance im annektierten Elsass und Lothringen », numéro spécial de L’Humanité d’Alsace et de Lorraine, Strasbourg, janvier 1965. — Notice DBMOF. — Victor Jolivalt, Hagondange, Du village à la cité (1848-1953), s.l., 2000. — Renseignements fournis par Raymond Gutfried, son fils et par Victor Jolivalt.

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