HAAG Émile [HAG Émile, Charles changé en HAAG le 15 juin 1948]

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Né le 31 décembre 1882 à Strasbourg-Robertsau (Basse-Alsace, Alsace-Lorraine annexée), mort le 17 avril 1948 à Bischheim (Bas-Rhin) ; cheminot tourneur ; vice-président du syndicat CGTU ; maire communiste de Bischheim (1935-1940, 1945-1947).

Son père, Jacob Hag, était menuisier ; sa mère s’appelait Salomé Keller. Tous deux étaient protestants luthériens. Le jeune Émile fut embauché comme tourneur aux ateliers des chemins de fer à Bischheim. Vraisemblablement déjà militant social-démocrate avant 1914, il figura sur la liste socialiste SFIO dirigée par Charles Bock aux élections municipales de 1919 et fut élu dans cette ville ouvrière et cheminote de la banlieue nord de Strasbourg. Il passa comme beaucoup de cheminots socialistes alsaciens au Parti communiste dès janvier 1921. En 1930, il était vice-président du syndicat CGTU des ateliers de Bischheim du réseau d’Alsace et de Lorraine et dirigeant de la section communiste qui comptait une centaine de membres et qui, restée « ligniste », n’avait pas suivi la scission régionale des Strasbourgeois Charles Hueber et Jean-Pierre Mourer en 1929. Tête de la liste socialo-communiste dite « Antifa » ou « Front antifasciste » en 1935 qui obtint 53 % des voix sur 86 % de votants, il fut élu maire de Bischheim. Ce fut donc le maire du Front populaire dans le « bastion rouge » de l’agglomération strasbourgeoise. Les relations avec le curé de la paroisse catholique furent tendues. Que ce soit sur les horaires des écoles primaires ou le déplacement du cimetière, le maire passa outre l’opposition de la paroisse. Dès son élection, la question de la laïcité scolaire avait été soulevée, mais, en raison du statut scolaire particulier d’Alsace et de Moselle, la municipalité Haag n’aboutit qu’à l’interconfessionnalité, ce qui constituait une avancée quand même par rapport à la situation antérieure où des écoles publiques différentes existaient pour les enfants catholiques et les enfants protestants. Émile Haag poursuivit la politique de logements sociaux de son prédécesseur socialiste SFIO de 1919 à 1935, Charles Bock : une centaine de logements furent construits jusqu’en 1939. En 1937, la prolongation de la ligne de tramways facilita la liaison avec Schiltigheim et Strasbourg. En octobre 1935, il fut candidat du PC aux élections sénatoriales et obtint 39 voix au premier tour. Au 3e tour, les communistes apportèrent leurs voix au chanoine Muller, Union populaire républicaine (UPR), et contribuèrent à battre le démocrate Charles Frey.

Le 1er septembre 1939, Émile Haag dut organiser l’évacuation des habitants de sa commune dans 16 communes de la Haute-Vienne. À la différence de la plupart des élus communistes, il ne semble pas avoir été démis de ses fonctions par le gouvernement Daladier durant l’automne 1939. En effet, il présida une réunion de son conseil municipal replié le 8 janvier 1940 à la mairie de Saint-Laurent (Haute-Vienne). Au retour de l’évacuation dans l’Alsace annexée de fait, il fut révoqué par les autorités nazies et la commune de Bischheim fut intégrée au Gross-Strassburg. Vraisemblablement mis à la retraite par les chemins de fer allemands, il ne semble pas avoir été inquiété durant toute la période de l’annexion. Il fut réintégré de plein droit dans ses fonctions de maire par le préfet après la Libération et réélu en octobre 1945 sur une liste d’union. Les difficultés financières de la reconstruction entravèrent les projets sociaux de la municipalité. En 1947, le socialiste Georges Rossdeutsch*, qui aurait été son neveu, rompit l’alliance en constituant une majorité de 16 conseillers (SFIO, MRP et RPF) contre 10 PCF. Il avait été, en septembre 1946, président du comité d’honneur électoral communiste du Bas-Rhin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4775, notice HAAG Émile [HAG Émile, Charles changé en HAAG le 15 juin 1948] par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 17 février 2014.

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

SOURCES : Arch. Dép . Bas-Rhin , 544 D 4, 102 AL 47. — Arch. mun. Strasbourg, état-civil. — F7 13378. — L’Humanité, 17 mai 1935. — La Presse libre de Strasbourg, Périgueux, 27-28 janvier 1940. — Entretien de Léon Strauss avec Alphonse Boosz. — Jean-Pierre Zeder, Bischheim au fil des siècles, IV, Strasbourg, 1986. — Jean-Pierre Zeder, Avant de tourner la page…Bischheim de 1900 à 2000, Bischheim, s.d. — Cheminots et militants, Cédérom. — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, fascicule n° 45, Strasbourg, 2006, p. 4651.

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