BARDY René

Par Francis Colbac

Né en 1888 ; postier puis cheminot ; militant communiste, syndicaliste unitaire (CGTU) et coopérateur périgourdin.

Né dans une famille de boulangers, René Bardy, d’abord postier, entra à la Compagnie P.O. en 1911. Au début de la guerre, il fut mobilisé sur le front et était présent à Verdun en 1916, puis affecté fin 1916 aux Ateliers de la Compagnie à Périgueux. Il participa dès lors à tous les mouvements, à toutes les luttes des cheminots de cette ville. Son activité s’orienta essentiellement vers le secteur coopératif, alors très vivant et en plein développement à Périgueux. Le 9 avril 1919, il était élu président de la Boulangerie coopérative PO. Durant la grève de mai 1920 et dans la période suivante, la municipalité « bolchévik » de Périgueux organisant des « soupes communistes » pour les grévistes et leur famille, il en fut le gestionnaire. Il participa aux diverses négociations ayant eu lieu durant le conflit. Comme l’ensemble des cheminots grévistes, il fut révoqué après l’échec du mouvement. Il devint alors employé permanent des organisations coopératives. Outre la présidence de la boulangerie, il assuma la direction de la « Coopérative nouvelle d’alimentation », qui comptait onze magasins à travers le département et qui gérait de plus une pharmacie. Il devait occuper ces fonctions jusqu’en 1925.

Dans le même temps, il exerça d’importantes responsabilités syndicales et politiques. Il fut élu membre de la commission exécutive du syndicat unitaire des cheminots (où les révoqués restaient syndiqués) après une assemblée générale, le 30 juillet 1923, qui vit le succès définitif des syndicalistes communistes sur les « syndicalistes purs ». Membre du conseil de la section de Périgueux et de la commission exécutive fédérale du Parti socialiste depuis février 1919, il adhéra, avec la quasi-totalité de cette Fédération, au Parti communiste. Jusqu’en 1925, il fut membre du comité directeur de la Fédération communiste, où il joua en permanence un rôle actif. En mai 1925, il fut candidat aux élections municipales qui virent la défaite de la municipalité communiste.

Mais dès la fin de cette année 1925, il se trouva, avec Marcel Delagrange, qui était son ami, en violente opposition avec le PC, tant pour des raisons politiques que personnelles. Refusant tout contrôle sur la gestion de la coopérative, s’opposant dès lors à son fonctionnement normal, il en fut licencié en janvier 1926.

René Bardy intenta alors à celle-ci un procès devant le tribunal prud’homme. Dans sa réunion du 6 février 1926, « le comité de rayon de Périgueux, (...) considérant que l’attitude et les agissements des citoyens Delagrange, ex-maire de Périgueux, et Bardy, ex-directeur de la coopérative nouvelle de cette localité, ont porté un préjudice très grave au fonctionnement des organisations prolétariennes, tant sur le terrain coopératif que politique et syndicaliste, (...), considérant également que des déclarations faites par Delagrange et Bardy il résulte que ces deux individus sont passés au service de la bourgeoisie fasciste contre le prolétariat, décide à l’unanimité leur exclusion du Parti » (Travailleur du Centre-Ouest, 13 février 1926).

René Bardy quitta Périgueux aussitôt après ; il vint s’y retirer en 1937.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article494, notice BARDY René par Francis Colbac, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 13 septembre 2022.

Par Francis Colbac

SOURCES : Arch. Dép. Dordogne, 4 M 186, 4 M 192 et 193, 3 M 81, 4 M 208, 10 M 41. — Le Prolétaire du Périgord. — Le Travailleur du Centre-Ouest. — L’Humanité, 12 février 1926.

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