GARDET Françoise [née HEINTZ Marie-Françoise, Antoinette].

Par Julien Veyret

Née le 1er décembre 1919 à Montigny-lès-Metz (Moselle), morte le 13 novembre 2015 à Guéret (Creuse) ; institutrice ; gaulliste dans la Résistance, puis compagnonne de route du PCF en Creuse ; résistante ; conseillère municipale (1977-1995) et adjointe au maire de La Souterraine (1977-1992).

Françoise Gardet
Françoise Gardet
Photographie familiale

Frédéric Heintz, son père, militant de la Confédération française des travailleurs chrétiens, était mécanicien-conducteur de locomotive à vapeur sur le réseau Alsace-Lorraine. Sa mère, née Françoise Rosfelder, était à dix-huit ans femme de chambre au pair à Nancy, où elle apprenait le français (alors interdit en Alsace-Moselle) à des enfants. Elle fut par la suite mère au foyer. Septième des huit enfants du couple, elle reçut une éducation « chaleureuse, républicaine mais germanophobe ». Elle fréquenta, dès l’âge de quatre ans, l’asile tenu par les religieuses de Sainte Chrétienne et rattaché à l’école publique de Montigny-lès-Metz. Après avoir suivi les cours de l’école primaire supérieure de Metz à partir de 1930, elle entra à l’École normale d’institutrices de Metz en 1936 où elle passa son brevet supérieur avant d’être admise au certificat d’aptitude professionnelle en 1939.

En septembre 1939, institutrice, Françoise Heintz fut évacuée vers Vierzon (Cher) puis vers la Creuse. Ses parents, arrêtés lors de la débâcle par les Allemands, durent rester en Moselle et lui déconseillèrent de revenir. Nommée à Paulhac (commune de Saint-Etienne-de-Fursac, Creuse) le 15 octobre 1939 en remplacement de Jean Monzat* mobilisé, elle devint l’année suivante adjointe à l’école de filles de Saint-Étienne-de-Fursac. Elle occupa ensuite les postes de directrice à l’école de filles de Vareilles (1952-1960), de Fursac (1960-1971) puis à l’école du Puycharraude de La Souterraine où elle prit sa retraite en 1972.

Dès 1940, Françoise Heintz, éclaireuse de France, s’investit dans la Résistance en accueillant des réfugiés puis des Juifs, et en confectionnant de fausses cartes d’identité. Se définissant comme « Giraudiste », elle fut en relation avec les réseaux favorisant les évasions de camps de prisonniers résidant à l’hôpital militaire de Lyon où un de ses frères préparait une thèse. Son mariage le 19 septembre 1942 à Saint-Étienne-de-Fursac (Creuse) avec Roger Gardet, instituteur et co-fondateur du Front national en Creuse, accentua son investissement dans la Résistance. Le couple eut cinq enfants.

Françoise Gardet aida son mari dans l’accueil de nouveaux maquisards et les soins aux blessés. Les maquisards dormaient chez elle grâce à un mot de passe. Sa classe fut le lieu de réunions du Front National en Creuse dont son mari était secrétaire. A partir de septembre 1943, elle accueillit, avant de leur trouver un asile sûr en les plaçant comme domestiques dans les fermes amies de la commune, des prisonniers évadés d’Allemagne et des réfractaires au Service du travail obligatoire. Elle joua le rôle d’infirmière bénévole pour les Francs-Tireurs-Partisans blessés. Elle effectua également des distributions nocturnes de tracts et de journaux. Elle se définissait alors comme « Gaulliste et résistante ».

Françoise Gardet devint responsable locale de l’Union des femmes françaises de mai 1945 jusqu’au début de l’année 1947 et milita pour le droit de vote des femmes. Cette section organisa des collectes pour les enfants et femmes de prisonniers, des réfugiés du nord, ainsi que pour les enfants juifs accueillis à l’école de Fursac en CM2 et en Fin d’études.

À partir de 1947, elle décida de se consacrer à sa famille et son métier. Elle fut sollicitée pour les élections communales de La Souterraine en 1977 où elle obtint le plus grand nombre de voix sur la liste de gauche. Elle devint adjointe aux affaires sociales et développa le bureau des affaires sociales. Elle créa les repas et soins à domicile, l’aide ménagère et prit en charge pendant quatre ans la responsabilité du Secours populaire de France. Elle démissionna de son poste d’adjointe en janvier 1992, en désaccord avec le maire sur la gestion du Centre communal d’action sociale. Son activité associative ne fut jamais démentie. Adhérente à l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance dès sa création, elle présida le Conseil des sages de La Souterraine, relais de transmission entre la population et le conseil municipal, de sa création (1998) à 2008. Membre des conseils d’administration du centre hospitalier depuis 1977, des Aides à domicile depuis 1980, de la cité scolaire Raymond Loewy (1977-1995) et du Foyer des Jeunes Travailleurs (1984-1995), elle fut bénévole à Amitié-Solidarité, rendant des visites hebdomadaires au centre hospitalier et à l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Elle devint présidente de la section locale de l’Union Nationale des Retraités et des Personnes Âgées, de 1993 à 2007.

Sur le plan syndical, Françoise Gardet adhéra tout d’abord au Syndicat général de l’enseignement national puis s’engagea dès 1942 dans l‘ancien Syndicat national des instituteurs clandestin. En désaccord avec l’attitude des dirigeants de la Fédération de l’Éducation nationale, lors de la scission syndicale de 1992-1993, elle adhéra en 1994 au SNUipp-FSU.
Sensible au communisme mais critique sur l’appareil politique, elle adhéra en 1987 à la Convention Alternative Progressiste de Haute-Vienne. La CAP 86 fut dissoute en juin 2008 et les adhérents se retrouvèrent au sein du courant Alternative, Démocratie et Socialisme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49446, notice GARDET Françoise [née HEINTZ Marie-Françoise, Antoinette]. par Julien Veyret, version mise en ligne le 13 mars 2009, dernière modification le 27 août 2022.

Par Julien Veyret

Françoise Gardet
Françoise Gardet
Photographie familiale

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressée. — Archives familiales. — Parrotin, Femmes de la Résistance en Creuse, Ed. Verso, Ahun, 1997, 158 p.

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