GARNIER Louis, Achille (version DBGE)

Par Paul Boulland

Né le 11 août 1916 à Lons-le-Saunier (Jura), mort le 19 mai 1964 à Menton (Alpes-Maritimes) ; employé de la société des Forces motrices de l’Est puis d’EDF ; militant socialiste puis communiste, secrétaire de la fédération PCF du Doubs (1948-1956) ; déporté à Mauthausen ; député du Doubs (1956-1958), conseiller général d’Audincourt (Doubs).

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Enfant naturel de Juliette Garnier, cultivatrice, qu’il décrivait comme « commerçante » et sympathisante communiste en 1945, Louis Garnier poursuivit sa scolarité jusqu’au niveau primaire supérieur. Il obtint le brevet commercial et un CAP de commis de banque. Il travailla par la suite comme employé et comptable à la société des Forces motrices de l’Est, puis à EDF-GDF.

Louis Garnier adhéra aux Jeunesses socialistes en décembre 1933 puis à la SFIO et à la CGT en 1935. Il assista au congrès constitutif des Jeunesses socialistes du Doubs qui eut lieu le 20 septembre 1936. Cent quarante jeunes et adultes étaient présents et les villes suivantes étaient représentées : Audincourt, Baume-les-Dames, Besançon, Morteau, Pontarlier, Villers (plusieurs communes de ce nom dans le département). Louis Garnier fit un historique du mouvement de la Jeunesse et fit état d’une forte progression des effectifs (60 adhérents en janvier contre 270 à la date du congrès). D’autres rapports furent présentés : par J. Jouchoux* sur la presse et la propagande, A. Jeanneret sur les loisirs, Mauvais sur l’éducation. Louis Garnier fut élu secrétaire fédéral à l’issue de ce congrès. L’année suivante, il présenta le rapport moral (cf. La Tribune du Doubs, 9 octobre 1937), mais ne fut pas réélu à la direction des Jeunesses socialistes car il devait partir au service militaire (voir J. Jouchoux*). Il resta mobilisé jusqu’à la Drôle de guerre, mais il démissionna des JS et de la SFIO en 1938 et il déclarait en 1945 avoir approuvé le pacte germano-soviétique.

Démobilisé à l’automne 1940, Louis Garnier entra en contact en juillet 1941 avec le responsable régional de l’organisation communiste clandestine. Il fut alors chargé de la diffusion de tracts et de contacts en direction des militants socialistes. Il fut arrêté le 13 novembre 1941 avec une quinzaine de militants, lors d’une vague d’arrestations à Besançon et dans la région. Condamné à quatre ans de prison le 8 décembre 1941, il fut enfermé à la prison de la Butte à Besançon. Condamné à un an de prison supplémentaire après une tentative d’évasion, il fut transféré à la centrale de Clairvaux en 1943, puis à Blois et enfin à Compiègne d’où il partit pour l’Allemagne, au camp de Mauthausen. Il fut rapidement affecté au camp annexe de Loibl-Pass Süd (aujourd’hui Ljubelj en Slovénie) où les prisonniers travaillaient au creusement d’un tunnel. Dans les prisons et les camps, Louis Garnier fut organisé avec les militants communistes qui étaient informés de son itinéraire socialiste, notamment Auguste Havez et Marcel Paul avec qui il séjourna à Blois. Toutefois, à Loibl-Pass, craignant la défiance de Maurice Colin et Albert Morin, membres avec lui du triangle de direction communiste, il tut son passage par la SFIO. Après la guerre, la commission des cadres, sous l’égide de Jean Chaumeil, s’efforça d’éclaircir ce point, qui ne lui fut nullement reproché puisque par la suite les documents du parti datèrent son adhésion de 1941. Le kommando de Loibl-Pass Süd fut libéré par les partisans yougoslaves le 6 mai 1945. Louis Garnier devint commissaire politique de la Brigade Liberté, commandée par Maurice Colin, assisté d’Albert Morin. Ce groupe d’une centaine de survivants du camp se joignit aux partisans yougoslaves, notamment pour contrôler divers axes de communication.

Revenu à Besançon, Louis Garnier fut immédiatement promu secrétaire à l’organisation de la fédération PCF du Doubs. Il suivit les cours d’une école centrale d’un mois consacrée aux questions d’organisation en novembre 1945, démontrant selon les responsables une grande intelligence et une grande capacité de travail. Il intervint également sur ces questions lors du XIe congrès du PCF, à Strasbourg, en juin 1947. Après la nationalisation, il entra à EDF-GDF comme employé. Ayant à nouveau suivi les cours d’une école centrale de quatre mois, entre avril et juillet 1948, il devint premier secrétaire de la fédération. En 1953, Louis Garnier avait déjà demandé à être déchargé de cette responsabilité, avant d’en être dissuadé par la direction du parti. En 1955, Jean Burles, délégué du comité central dans la fédération, jugeait que sous l’influence de Garnier, le bureau fédéral était « troublé » par la reprise des relations entre l’URSS et la Yougoslavie. Elu député début 1956, Louis Garnier fut reconduit dans ses fonctions en février 1956, dans l’attente de la conférence fédérale de juillet, où il céda le poste de premier secrétaire à Serge Paganelli. Il resta membre du secrétariat fédéral jusqu’en 1961, puis du comité fédéral jusqu’à son décès.

Candidat communiste aux élections législatives en 1951, 1956, 1958 et 1962, Louis Garnier fut élu le 2 janvier 1956, député du Doubs. A l’Assemblée nationale, il fut membre de la commission des pensions et membre suppléant de la commission des immunités parlementaires. Il intervint à plusieurs reprises sur les problèmes de son département (droit aux prestations familiales pour les salariés travaillant en Suisse, aide aux sinistrés de la crue du Doubs) et sur les questions de pensions. Il fournit ainsi un rapport défendant la proposition de Marie-Claude Vaillant-Couturier d’étendre la liste des prisons et camps reconnu comme lieux de déportation et un second en faveur de la participation de la France à la création du mémorial d’Auschwitz. Louis Garnier ne fut pas réélu en 1958. Cette même année, il fut toutefois élu conseiller général du canton d’Audincourt (Doubs). Serge Paganelli, son suppléant, lui succéda après son décès. Louis Garnier fut également conseiller municipal d’Audincourt (Doubs) de la Libération à son décès.

Après la perte de son mandat parlementaire, le secrétariat du PCF encouragea Louis Garnier à s’investir dans les associations d’anciens déportés et d’anciens résistants. Au début des années 1960, il fut ainsi secrétaire départemental de l’ANACR, qu’il contribua à créer dans son département, et de la FNDIRP. La déportation affecta durablement la santé de Louis Garnier, qui décéda en 1964 à l’âge de quarante-huit ans.

Louis Garnier avait épousé Andrée Fornage, dactylo, militante communiste, le 14 juin 1941 à Besançon. Ils eurent trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49530, notice GARNIER Louis, Achille (version DBGE) par Paul Boulland, version mise en ligne le 18 mars 2009, dernière modification le 28 juillet 2012.

Par Paul Boulland

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — RGASPI, Moscou, 495 270 8935. — Arch. André Marty, E VII. — DPF, op. cit. — René Gaudy, Les porteurs d’énergie, tome 1, op. cit. — Janko Tisler (Christian Tessier), De Mauthausen à Ljubelj (Loibl-Pass), Paris, l’Harmattan, 2005. — Notice DBMOF par Jean Maitron. — La Tribune du Doubs, 26 septembre 1936. — l’Humanité, 25 juin 1947. — Le Monde, 23 mai 1964. — État civil de Lons-le-Saulnier. — Biographie version DBMOF par Jean Charles et Claude Cuenot : Louis Garnier.

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