GAUTIER André, Charles, Robert

Par Paulette Cavailler, Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 26 avril 1908 à Breloux-la-Crèche (Deux-Sèvres), mort le 16 avril 1983 à La Seyne-sur-Mer (Var) ; ouvrier du bâtiment (fumiste) ; syndicaliste CGTU et militant communiste de Seine-et-Marne ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; conseiller municipal (1945-1959) et maire adjoint de Melun (Seine-et-Marne), député (1945-1958).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946]

Fils d’Émile Louis Gautier, scieur puis gardien de prison, et de Valère Marie Aline Ernestine, dix-neuf ans, protestante, André Gautier arriva à Melun venant de Breloux-la-Crèche en 1912 car son père était nommé gardien à la prison centrale de Melun.
Titulaire du certificat d’études primaires, il travailla à partir de 1921 et, de 1924 à 1928, fut fumiste chez Legray et Neveu à Melun. Il se maria en mairie de Melun avec Raymonde Henriette Martin le 16 juillet 1927, puis, le 31 août 1933 en mairie du XVe arrondissement de Paris avec Malca Cohn, juive originaire de la Bessarabie en Roumanie, couturière à domicile, militante communiste depuis 1930, secrétaire de la cellule Melun-Nord en 1937 et secrétaire adjointe du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Il était père de deux enfants nés en 1927 et 1946.
André Gautier adhéra aux Jeunesses communistes en 1925, y milita activement en 1926-1927, puis, les Jeunesses ayant disparu, se retourna vers le Secours rouge international (SRI). Président du groupe avant son départ au régiment (trésorier de l’Amicale des conscrits), il en fut secrétaire à son retour. C’est en juin 1932 qu’il rejoignit le Parti communiste et la CGTU. La profession de son père, pourtant syndicaliste et sympathisant, et diverses impressions politiques, n’inspiraient pas confiance à la commission des cadres qui pensait « qu’il n’était pas très indiqué comme dirigeant du parti à Melun ». Il fut pourtant secrétaire de section (420 membres en février 1937), secrétaire de l’école régionale de 1936 et délégué au congrès de Villeurbanne. Après son autobiographie rédigée le 5 juin 1937, la commission des cadres le classait « B » (ne pas donner de fonctions importantes) ; une évaluation ultérieure était plus favorable : « A1 ». Il était membre du conseil d’administration des Assurances sociales de Seine-et-Marne et membre du bureau de l’Aéroclub Albert-Moreau.
André Gautier s’engagea en mars 1938 dans les troupes républicaines espagnoles où il servit à partir du 1er avril. Blessé lors de la bataille de l’Ebre le 25 juillet 1938, il rentra en France le 1er novembre 1938 après avoir appartenu aux Brigades « Commune de Paris » et « La Marseillaise ». Blessé, il fut rapatrié « sanitaire ». À son retour, il fut secrétaire de la section de Melun et membre du comité régional.
D’abord réformé, il fut reclassé service armé le 21 décembre 1939 mais fut inculpé pour détention de tracts, affaire qui resta sans suite. Il combattit dans les autos-mitrailleuses. Démobilisé, il rentra à Melun en août 1940 et reprit contact avec le Parti communiste. Il quitta son domicile du 21, rue du Presbytère fin 1940, fut responsable de secteur en Seine-et-Marne de 1940 à 1941, puis en Seine-et-Oise en 1942. Dans une note du 11 septembre 1941 le commissaire spécial de Melun le considérait comme « intelligent, [il] doit être considéré comme dangereux, et sans nul doute, responsable de la propagande clandestine. »
Arrêté le 26 mars 1942 (dans l’affaire Celton, Kunts dit-il), il fut condamné par le Tribunal de 1ère Instance de la Seine à deux ans de prison par défaut pour « détention et distribution de tracts communistes ». Le 20 septembre 1941 la Section spéciale « ordonnait la disjonction des poursuites » contre Gautier alors en fuite. Louis Camus et Roger Audoire impliqués dans la même affaire furent condamnés à trois et quatre années de prison.
André Gautier a été emprisonné à la Santé à la fin juin 1942. La Section spéciale de la Cour d’appel de Paris le condamna le 24 mai 1943 à deux ans de prison pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 et aux lois des 14 août et 31 décembre 1941. Il fut transféré le 8 avril 1942 à la Maison d’arrêt de Melun (Seine-et-Marne). Le Procureur de la République de Melun estima que Gautier n’avait pas été jugé sur les faits ayant motivé son inculpation et demanda son renvoi devant la Section Spéciale.
André Gautier était accusé d’avoir distribué des tracts tendant à propager les mots d’ordre de l’organisation communiste clandestine. Emprisonné à la Santé jusqu’en juillet 1943. Son avocat était Veillard, un socialiste de Seine-et-Marne, qui plus tard affirma que Gautier avait pris ses distances avec le parti pendant ses soucis judiciaires aux armées. Mais sa reprise de contact rapide et ses activités clandestines et résistantes écartent toute volonté de rupture. Envoyé trois mois à Fresnes il réintégra la Santé d’où il sortit le 17 août 1944. Il fut décoré de la Croix de guerre 1939-1940 et de la médaille de la Résistance.
Secrétaire régional du Parti communiste dès août 1944, élève de l’école centrale du PCF fin 1944 (« A bien travaillé, bonne expérience d’organisation, tendance à la phraséologie, un peu superficiel, semble apte à remplir ses fonctions actuelles »). Il fut secrétaire de la Fédération communiste de Seine-et-Marne de 1945 à 1957, élu en octobre 1945, dans ce département, député de la première Assemblée nationale constituante, en seconde position sur la liste du Parti Communiste qui obtient un peu plus de 60 151 voix sur 201 085 suffrages exprimés ; et lorsque la France retourna aux urnes, en juin 1946, pour élire une seconde Assemblée nationale constituante, André Gautier était de nouveau élu. Il fut conseiller municipal de Melun en mai 1945 puis adjoint au maire et député en septembre 1945 après avoir été membre des deux Constituantes. À la Chambre, il défendit principalement les ouvriers glaisiers de la région de Provins et les populations inondées de la Bassée. Pendant tous ses mandats, il siégea à la commission de la reconstruction et des réparations. Toujours second de liste derrière Laurent Casanova, il resta député jusqu’en 1958 et conseiller municipal jusqu’en mars 1959.
André Gautier vota la confiance au socialiste Guy Mollet le 31 janvier 1956, et vota contre le projet de loi portant ratification des traités instituant la CEE et l’Euratom le 9 juillet 1957 ; il vota contre les pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 novembre 1957, et refusa la confiance à Charles de Gaulle le 1er juin 1958 et vota contre les pleins pouvoirs le 2 juin 1958. Candidat aux élections législatives de novembre 1958, André Gautier ne fut pas réélu.
André Gautier a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Interné résistant. Croix de guerre 1939-1945, il était titulaire de la Croix du Combattant Volontaire et de la Médaille de la Résistance. Il participa à diverses structures issues de la Résistance : homologué lieutenant à la Libération, André Gautier devient membre du Comité Départemental de la Libération de la Seine-et-Marne, puis président de la Fédération départementale des déportés, internés, résistants et patriotes, et membre du secrétariat national de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants patriotes (FNDIRP), lors de son XIe congrès à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) en avril 1960.
Il s’était remarié le 21 septembre 1963 avec Jeanne Mury en mairie de La Rochette en Seine-et-Marne.
Il mourut le 6 avril 1983 à la Seyne-sur-Mer dans le Var.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49550, notice GAUTIER André, Charles, Robert par Paulette Cavailler, Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 13 avril 2020, dernière modification le 13 avril 2020.

Par Paulette Cavailler, Daniel Grason, Claude Pennetier

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946]
[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 314. – Arch. AVER. – AN Z/4/6 dossier 72. – Bureau Résistance GR 16 P 247796. – AD Seine-et-Marne, série M et 10 M. – Tract de propagande pour les élections législatives du 23 novembre 1958 avec photographie. – La Marseillaise de Seine-et-Marne, 8 mai 1945. – Le Monde, 19 avril 1983. DPF, op. cit. – Dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française). – État civil numérisé année 1908 AD des Deux-Sèvres 4 E 50/19 acte n° 8.

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