FORTIN Victor [FORTIN Ferdinand, Jean, Marie, Victor]. Ecrit parfois par erreur FORTUN.

Par Alain Prigent

Né le 1er septembre 1914 à Saint-Pol-Mont-Penit (Vendée), fusillé le 30 décembre 1942 au stand de tir de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) ; peintre à la SNCF ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.

Victor Fortin communiant
Victor Fortin communiant
Cliché Guy Chauvin

Fils de Victor, demeurant au Fougan-de-Mer à Bouguenais (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et d’Aimée, née Guilbaud, Victor Fortin fut militant communiste à partir de 1937. À Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), le 30 avril 1938, il épousa Gabrielle Louise Rontard. Le couple eut deux enfants, Jacqueline (1939) et Viviane (1941). Il était domicilié à Rennes (Ille-et-Vilaine) au 4 boulevard de Beaumont et Victor Fortin était peintre aux ateliers SNCF, rue Pierre-Martin.
Engagé dans l’activité résistante à partir du mois de septembre 1940, Victor Fortin participa en 1941 à l’organisation d’un groupe du Front national pour la libération et l’indépendance de la France (FN), mouvement de résistance fondé et dirigé par le Parti communiste français (PCF), à la SNCF dans le secteur de Rennes et à la diffusion de tracts clandestins. En 1941 et 1942, au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF), organisation militaire du Front national, il contribua à la récupération d’armes dans la région de Redon pour l’armement des groupes FTP de Rennes et à des actions contre l’ennemi : sabotages de voies ferrées et de matériel roulant, notamment sur la ligne Rennes-Saint-Malo et – probablement, si l’on se réfère à l’acte d’accusation – à des attentats contre les locaux des groupes collaborationnistes. Selon l’acte d’accusation, il participa aussi à un vol d’explosifs dans le magasin de la carrière Roalini à Saint-Pierre-de-Plesguen (Ille-et-Vilaine), explosifs qu’il détint à son domicile avant de les enterrer dans le jardin de Pierre L’Hotellier à Saint-Jacques-de-la-Lande.
Il fut arrêté par la Sipo-SD le 26 septembre 1942 au Mauperthuis de Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) sous les yeux de sa femme et de son beau-père, M. Rontard. La police allemande arrêta environ cinquante personnes. Internés à la prison Jacques-Cartier de Rennes, ils furent trente à passer en jugement à partir du 15 décembre devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 748 siégeant au palais de justice de Rennes. « La défense des inculpés fut assurée par trois avocats français assistés d’un professeur d’allemand faisant office de traducteur. » Le 22 décembre, 25 des inculpés, dont Victor Fortin, furent condamnés à mort comme « francs-tireurs ». Le président du tribunal justifia la sévérité du verdict en déclarant que « les peines qui sont prononcées serviront à la population française, puisqu’elles éviteront à l’avenir de nouveaux attentats... Le tribunal est certain qu’il trouvera la compréhension chez les Français raisonnables. » Ce verdict suscita une émotion intense à Rennes, mais c’est en vain que l’archevêque, Mgr Roques, et le maire de Rennes, François Château, intervinrent auprès de la Feldkommandantur de Rennes pour obtenir la grâce des condamnés. Le jugement devint exécutoire le 29 décembre.
Le 30 décembre 1942, les condamnés furent emmenés dans deux camions cellulaires jusqu’au lieu d’exécution, le stand de tir de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande. Jean Pont, maire de Saint-Jacques à la Libération, a raconté : « J’ai vu passer sous mes fenêtres le cortège des patriotes allant à la mort. Ils étaient parqués dans des voitures cellulaires, encadrés par des motards de gendarmerie allemande. Les pauvres futurs suppliciés chantaient à tue-tête des chants patriotiques. Arrivés sur place, ils furent liés à trois poteaux et fusillés toutes les 5 minutes. Le jeune Fourrier, âgé de 18 ans, demanda à être fusillé le dernier et pendant toute la durée du carnage, soutint le moral de ses camarades. »
Entre 9 h 20 et 10 h 18, ils furent donc passés par les armes par groupes de deux ou trois. Tombèrent successivement sous les balles du peloton, à 9 h 20, Jean-Marie Bras, Léon Jaffre et Pierre L’Hotellier ; à 9 h 30, Yves Déniel, Ernest Moraux et Louis Moraux ; à 9 h 35, Henri Déro et Jean Belliard ; à 9 h 42, Albert Déniel et Albert Martin ; à 9 h 47, René Nobilet, Georges Riandière et Henri Bougeard ; à 9 h 55, René Hirel, Albert Gérard et Victor Fortin ; à 10 h 02, Joseph Vaillant, Yves Le Bitous et Maurice Leost ; à 10 h 08, Jean Jaffres, Joseph Boussin et Albert Deshommes ; enfin, à 10 h 12, Maurice Fourrier, Pierre Langais* et Édouard Hervé.
« En janvier 1945, des obsèques solennelles sont organisées à Rennes. Une chapelle ardente, installée dans la salle des pas perdus du palais de justice, accueille les corps des suppliciés. La population assiste nombreuse à cet hommage. Les corps de quatorze des vingt-cinq résistants, fusillés à la Maltière, sont transférés au ``Carré des fusillés’’ du cimetière de l’Est. Les onze autres sont inhumés dans leur ville natale. » (Site web.)
Victor Fortin reçut la Médaille de la Résistance à titre posthume. Il fut déclaré « Mort pour la France » le 13 février 1950 et reconnu « Interné Résistant » le 19 mars 1954. Une rue de Rezé porte son nom depuis 1957, mais déformé en Victor Fortun.
Entre 1940 et 1944, soixante-seize résistants ont été fusillés au stand de tir de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande. Un monument et une stèle y rappellent aujourd’hui leur mémoire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49580, notice FORTIN Victor [FORTIN Ferdinand, Jean, Marie, Victor]. Ecrit parfois par erreur FORTUN. par Alain Prigent, version mise en ligne le 22 mars 2009, dernière modification le 3 mai 2023.

Par Alain Prigent

Victor Fortin communiant
Victor Fortin communiant
Cliché Guy Chauvin
Collection Josiane Hégron, cousine de Mme Fortin
Cliché Isidore Impinna

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire de guerre.

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