FIGUÈRES Léo [FIGUÈRES Léopold, dit]. Pseudonyme à l’ELI : Mobile

Par Jean Sagnes, Claude Willard

Né le 27 mars 1918 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 1er août 2011 à Perpignan ; typographe ; dirigeant des Jeunesses communistes, membre du comité central du Parti communiste français (suppléant 1945-1956, titulaire 1956-1976), secrétaire du comité central (1959-1964) ; député des Pyrénées-Orientales aux deux Assemblées nationales constituantes (1945-1946), conseiller général (1959-1994), maire de Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine) de 1965 à 1996.

[Assemblée nationale Notices et portraits, 1946]

Fils de Jacques Bonaventure Figuères, maraîcher à Perpignan devenu journalier chez des jardiniers de Prades (Pyrénées-Orientales), et de Marie Rosalie Comes sans profession, Léo Figuères, orphelin de mère à quatre ans, connut une enfance difficile. Après l’école primaire, titulaire du certificat d’études primaires, il fut, durant deux ans, élève de l’école primaire supérieure de Prades qu’il dut abandonner pour devenir, en 1933, typographe à Perpignan. À cette date, il était déjà un lecteur assidu de l’Humanité et, depuis 1932, adhérent à la Jeunesse communiste.

Dès 1934, il eut des responsabilités au sein de la JC de Perpignan. C’est à ce moment qu’il adhéra au PCF et, quelques mois plus tard, devint membre du comité régional du Languedoc dont dépendaient les Pyrénées-Orientales.

En juin 1935, à l’appel du comité central des JC, il fit son premier voyage à Paris où on lui proposa de devenir « instructeur » des JC. Il partit organiser la JC dans le Var puis à Toulouse (Haute-Garonne) où il régla des litiges surgis parmi les étudiants communistes. Lors du rassemblement national des organisations de Front populaire le 14 juillet 1935 à Paris, au stade Buffalo, il prit la parole au nom des organisations de Jeunesse.

D’août 1935 à mars 1937, il participa à Moscou à l’école de l’Internationale. Il assista notamment, comme observateur, au VIe congrès de l’Internationale communiste des jeunes et effectua un voyage en Ukraine.

De retour en France, il devint secrétaire de la JC des Pyrénées-Orientales en même temps que de l’hebdomadaire fédéral du PC, Le Travailleur Catalan. C’était l’époque de la guerre d’Espagne et du passage clandestin des volontaires des Brigades internationales ; Léo Figuères participa à l’organisation de ces convois.

En juillet 1937, il fut appelé à Paris pour organiser l’Union de la jeunesse agricole de France (UJAF) qu’il dirigea jusqu’à sa mobilisation en octobre 1938. En août 1938, il fut un des délégués de la JC au congrès mondial de la jeunesse pour la paix qui se tint à New York. Ce furent ensuite les tournées au titre de l’UJAF dans le Centre et le Sud-Ouest du pays.

Appelé au service militaire en octobre 1938, il partit pour la Corse où il demeura pendant deux ans et demi tout en gardant le contact avec le PC et la JC. En décembre 1940, à Bastia, il entra en contact avec Pierre Georges* (futur Colonel Fabien) venu assurer les liaisons avec la JC dans l’île. En avril 1941, lorsqu’il fut démobilisé, il pouvait utiliser diverses identités.

Dès lors commença une période d’activité clandestine. Léo Figuères fut un des trois dirigeants de la zone sud de la JC et son premier responsable à partir d’août 1941. Il résida dans la région lyonnaise jusqu’à la Libération, date à laquelle il prit la direction de la JC au plan national. Délégué à l’Assemblée consultative provisoire, au titre des Forces unies de la jeunesse patriotique, il participa à la constitution de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) qui remplaça la JC.

Léo Figuères et Léa Lamoureux, née le 10 décembre 1922 à Vallenay (Cher), qui fut son agent de liaison dans la Résistance, se marièrent le 18 avril 1945 à Paris (Ve arr.). Ils eurent quatre enfants, tous membres du PC : Jean-Pierre, Gilles, Claudine et Françoise.

Léo Figuères fit partie de la commission politique désignée par le comité central tenu à Ivry-sur-Seine les 21-23 janvier 1945. André Marty écrivait le 16 décembre 1946 : « Il semble que les deux seuls dirigeants de valeur, ayant une certaine envergure politique [dans les Pyrénées-Orientales], soient Figuères et Roque. »

Député des Pyrénées-Orientales aux deux assemblées constituantes d’octobre 1945 à novembre 1946, Léo Figuères fut ensuite exclusivement un militant de l’UJRF, dirigeant notamment son journal L’Avant-Garde. À ce titre, il fit alors des séjours importants à l’étranger : à Londres en juillet 1948, puis à Varsovie, à Moscou et surtout, en 1950, au Viêt-nam, où la guerre était menée par le corps expéditionnaire français. Entré depuis la Chine dans les régions libérées par le Viêt-minh, Léo Figuères, qui avait eu en Chine des entretiens avec Mao Tsé-toung, Liu Shaoki et Chou En-lai, passa plusieurs semaines avec les combattants vietnamiens et rencontra les principaux dirigeants : Hô Chi Minh, Vô Nguyen Giap, Pham Van Dong.

Léo Figuères revint à Paris en juillet 1950, tint une conférence de presse, publia des articles et un ouvrage sur le Viêt-nam. Il était notamment porteur de propositions d’Hô Chi Minh relatives à l’échange des prisonniers de guerre pouvant donner lieu à des entretiens politiques. Mais le gouvernement français lança contre lui un mandat d’arrêt pour « démoralisation de l’armée et de la nation ». Il entra dans la clandestinité, participant de temps à autre à des meetings publics. En 1952, il succéda à Georges Cogniot comme représentant du PCF auprès du Bureau d’information et partit donc pour Bucarest. Il fit alors divers séjours en Bulgarie, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie.

À la fin de l’année 1954, la guerre d’Indochine étant terminée, Léo Figuères revint en France et participa à des réunions publiques afin de se faire arrêter, pour faire le procès de la guerre d’Indochine et retrouver une vie politique normale. Après plusieurs tentatives de ce type dans l’Hérault, le Vaucluse, les Pyrénées-Orientales, il fut arrêté pour d’autres motifs (amendes non payées de L’Avant-Garde) le 15 décembre 1956 dans le Tarn et emprisonné à la Santé durant 48 heures. Son procès fut ouvert le 17 janvier 1957, renvoyé, il ne fut jamais repris.

Membre du comité central du PCF depuis le Xe congrès de 1945, Léo Figuères fut chargé, en 1957 – moment particulièrement délicat –, aux côtés de Laurent Casanova, du travail parmi les intellectuels. Il fut à ce titre l’initiateur des semaines de la Pensée marxiste et de la création du Centre d’études et de recherches marxistes (CERM). Au XVe congrès (juin 1959), il fut élu membre du secrétariat du comité central, participant aux travaux du bureau politique. En 1960, il publia La Jeunesse et le communisme et, en 1961, Le Parti communiste, la culture et les intellectuels.

Comme secrétaire du PCF, il fut un des organisateurs de la Conférence des partis communistes d’Europe capitaliste à Rome, en novembre 1959. Il dirigea la délégation du PCF au congrès du Parti ouvrier romain (mai 1960), où éclatèrent les divergences entre le PCUS et le Parti communiste chinois. La position de Léo Figuères, qu’il exprima après son retour à Maurice Thorez, était que le PCF devait user de son autorité pour aller dans le sens de la conciliation, non sur les problèmes de fond, mais sur la façon d’en débattre. Il participa à la commission préparatoire de la Conférence mondiale des 81 partis communistes, puis à cette conférence qui se tint à Moscou en novembre 1960.

À un comité central tenu à Malakoff en 1962, Léo Figuères prépara la résolution sur le problème du PC chinois, dans laquelle il adopta une attitude nuancée. Ce qui amena Jeannette Vermeersch* à se prononcer vigoureusement contre cette position « conciliatrice » (la résolution fut beaucoup plus critique à l’égard du PCC que le projet primitif) et coûta probablement à Léo Figuères sa place au secrétariat.

En avril-mai 1964, il participa, avec François Billoux et Eugène Hénaff*, à une délégation au Viêt-nam, pour essayer d’aplanir les divergences avec le Parti communiste vietnamien, notamment sur les rapports sino-soviétiques. À son retour, à la veille du même congrès, Léo Figuères apprit de la bouche de Waldeck Rochet*, assez embarrassé, que le XVIIe congrès (14-17 mai 1964) allait le retirer du secrétariat, pour lui confier la direction des Cahiers du Communisme, qu’il assuma jusqu’en 1976, date où, à sa demande, il quitta le comité central.

Léo Figuères participa à plusieurs délégations du PCF, au congrès du Parti démocratique de Guinée, du Parti communiste péruvien, des PC marocain et tunisien. En 1969, il publia Le Trotskisme cet antiléninisme et, en 1970, avec la collaboration de Charles Fourniau, Hô Chi Minh notre camarade. En 1971, il écrivit Jeunesse militante, évoquant son itinéraire entre 1932 et 1957.

En 1959, Georges Marchais*, alors secrétaire de la fédération Seine-Sud, lui proposa d’être présenté, sans chance sérieuse de succès, au conseil général dans le canton nouvellement créé Malakoff-Centre-Vanves. Contre toute prévision, Léo Figuères fut élu et demeura, de 1959 à 1994, conseiller général de la Seine, puis des Hauts-de-Seine.

En 1965, après la mort de Léon Salagnac*, il devint maire de Malakoff et se consacra dès lors, jusqu’à sa démission en septembre 1996, à ses fonctions électives.

Médaillé de la Résistance en 1944, Léo Figuères a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1983, au titre de la Résistance. En 1995, il publia la suite de son itinéraire, Passé et avenir d’une espérance et en 1996 un essai sur l’Histoire des communistes Français.

Il restait un militant actif en 2010.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49587, notice FIGUÈRES Léo [FIGUÈRES Léopold, dit]. Pseudonyme à l'ELI : Mobile par Jean Sagnes, Claude Willard, version mise en ligne le 29 mars 2009, dernière modification le 18 février 2022.

Par Jean Sagnes, Claude Willard

[Assemblée nationale Notices et portraits, 1946]
Ouvrage consacré à Léo Figuères en 2013, Le Temps des cerises
Ouvrage consacré à Léo Figuères en 2013, Le Temps des cerises

ŒUVRE : Nombreux articles dans Les Cahiers du communisme, l’Humanité, L’Avant-Garde, etc. — Je reviens du Viêt-nam libre, Éditions de la Jeunesse, 1950. — Le Parti communiste, la culture et les intellectuels, Éditions sociales, 1961. — La Jeunesse et le communisme, Éditions sociales, 1960. — Le Trotskisme cet antiléninisme, Éditions sociales, 1969. — Hô Chi Minh notre camarade (en collaboration avec Charles Fourniau), Éditions sociales, 1970. — Jeunesse militante, Éditions sociales, 1971. — Passé et avenir d’une espérance, Le Temps des Cerises, 1995. — Histoire des communistes Français (essai), 1996.

SOURCES : Fonds Léo Figuères, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (270 J), inventaire en ligne. — RGASPI, 495 270 45 ; son dossier personnel avait existé dans les archives du Komintern mais il est vide car le contenu à été transféré à la section de politique extérieure du PCUS puis au RGANI et demeure inconsultable. — Arch. com. Perpignan, registre de l’état civil. — Arch. comité national du PCF. — Le Travailleur catalan, 1936-1939. — Léo Figuères, Jeunesse militante, Éditions sociales, 1971. — Les Cahiers du communisme. — Comptes rendus des congrès nationaux du PCF. — L’Humanité, 6 mai 1983. — Interview réalisée en 1996. — État civil de Perpignan, 2008.

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