FOREST Pierre

Par Gilles Morin

Né le 18 décembre 1899 à Vieux-Mesnil (Nord), mort le 30 novembre 1984 à Maubeuge (Nord) ; docteur en médecine ; militant socialiste SFIO puis PS du Nord ; résistant, président du Comité local de Libération de Maubeuge ; adjoint au maire (1929-1939) puis maire (1946-1984) de Maubeuge, conseiller d’arrondissement (1931-1934), conseiller général (1934-1977), député du Nord (1958-1968).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Fils de cultivateurs, Pierre Forest débuta ses études au collège d’Eu, les poursuivit au lycée d’Amiens (Somme) et les acheva à la Faculté de médecine de Paris. Il aurait été président de l’UNEF en 1925-1926. Il s’installa comme docteur en médecine à Maubeuge (Nord) en 1927. Il se maria, le 2 décembre 1936, à Cambrai, avec Odette Larose, sans profession, née le 4 novembre 1911 à Landorcies (Nord). Ils n’eurent pas d’enfant.

Actif militant du Parti socialiste SFIO à partir de 1928 (il se confond probablement avec le candidat SFIO de la 2e circonscription d’Avesnes qui obtint 1 595 suffrages sur 20 575 exprimés), Pierre Forest mena une carrière de notable socialiste classique, locale, départementale et nationale.

Conseiller municipal de Vieux-Mesnil depuis 1925, Pierre Forest se fit élire à Maubeuge par la suite. Ayant une réputation de médecin des pauvres, il fut élu conseiller municipal de Maubeuge en 1929 et devait siéger à l’Hôtel de ville pendant plusieurs décennies. Il fut tout d’abord adjoint de 1929 à 1939. Au temps du Front populaire, il fut président de la section de Maubeuge des Amis de l’URSS pendant plusieurs années. Déjà conseiller d’arrondissement de 1931 à 1934, il accéda au conseil général du canton de Maubeuge-Nord en 1934. Il échoua aux élections législatives de 1932 dans la 2e circonscription d’Avesnes pour le compte de la SFIO.

Mobilisé en 1939, fait prisonnier à Rennes en 1940, Pierre Forest réussit à s’évader et revint à Maubeuge qui avait été sinistrée à 90 % durant les combats de juin 1940, les Allemands utilisant des bombes incendiaires contre la ville, alors qu’elle avait déjà subi de lourdes destructions durant la Première Guerre mondiale. Résistant, Pierre Forest présida le Comité local de Libération en 1944 et retrouva rapidement ses mandats locaux avant de prendre la tête de la cité sinistrée qu’il appelait « la belle balafrée ».

Réélu conseiller municipal en 1945, il fut maire de Maubeuge du 12 octobre 1946 à 1984 (élu maire en 1945, il s’était retiré, mais fut reconduit l’année suivante). Au lendemain de la Libération, la ville était très touchée par la guerre et avait perdu plus de 3 000 habitants, revenant à un seuil d’environ 20 000 personnes. Le mandat de Pierre Forest fut marqué par la reconstruction de la Cité, avec l’architecte André Lurcat. Il poursuivit la rénovation de la ville jusqu’aux années 1980. Il s’illustra par une lutte résolue contre les communistes dans le cadre d’un affrontement de plus en plus sévère au plan local, mais aussi dans le cadre départemental. En 1947, il conduisit victorieusement une liste, de type Troisième force, comprenait 18 SFIO, 6 MRP et 3 indépendants. En 1965, il fut réélu à la tête d’une liste comprenant 19 socialistes, 4 centristes, 2 Conventionnels, 1 centre démocratique et 5 sans étiquette.

Aux élections cantonales de 1945, Pierre Forest se maintint au deuxième tour, malgré la décision fédérale de désistement pour les communistes lorsqu’ils étaient arrivés en tête. Il l’emporta et fut déféré devant la commission fédérale des conflits. Il fut alors exclu, temporairement, pour la durée de ses mandats de conseiller municipal, d’adjoint au maire et de conseiller général. Il fut vice-président du conseil général, reconduit en 1955 et 1958 (avec 61 % des voix au premier tour à cette date).

Durant l’été 1958, Pierre Forest approuva le retour au pouvoir du général de Gaulle et la participation de Guy Mollet au gouvernement. Il fit campagne sur ce thème aux élections législatives et fut élu député de la 22e circonscription du Nord le 30 novembre 1958. Il siégea à la commission de la défense nationale et conserva le siège jusqu’en 1968, date à laquelle il fut battu par le candidat UDR, Bernard Lebas. Il se représenta en vain aux législatives de mars 1973 mais, devancé par le communiste Albert Maton* (23,6 % contre 30,1 %), il se désista en sa faveur et Maton* fut élu. Il siégea par ailleurs au conseil régional à partir de 1973. La crise industrielle frappait alors toute la région et sa commune en particulier.

Âgé de soixante-dix-huit ans, Pierre Forest s’opposa à la désignation de Pierre Bérégovoy* comme tête de liste à la mairie pour les élections municipales de 1977 et à la désignation de ce dernier comme candidat aux élections législatives dans la 22e circonscription pour 1978. Il fut réélu maire contre le futur Premier ministre et, dans le cadre de cette grave dissension avec le parti au plan national et avec la fédération socialiste du Nord, Pierre Forest fut exclu dès février 1977. Il adhéra au Parti social-démocrate de Max Lejeune*, composante de l’UDF, et fut reconduit encore facilement à la tête de sa cité en 1983. Celle-ci comptait désormais 36 000 habitants

Pierre Forest avait été le président fondateur du syndicat intercommunal du bassin de la Sambre.

Il mourut en 1984 d’une affection pulmonaire. Commandeur de la Légion d’honneur, il eut des obsèques religieuses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49588, notice FOREST Pierre par Gilles Morin, version mise en ligne le 23 mars 2009, dernière modification le 7 juin 2009.

Par Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

SOURCES : Arch. Nat., F/1b1/998, F/1cII/205, 285, 296, 321, 451, 566,. F/1cIV/154 ; CAC 19820605, art. 1, dossier Pierre Bérégovoy. — Arch. Dép. Nord, M 35/8, M 154/200. — Arch. de l’Assemblée nationale, dossier biographique. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports de congrès fédéraux du Nord, 1946-1967. — Serge Biguet, La Fédération socialiste du Nord de 1944 à 1948, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Lille III, 1975. — Le Monde, 8 février 1977. — La Voix du Nord, 1er décembre 1984. — Who’s Who in France, 1978-1979. — Notice DBMOF par Yves Le Maner. — Renseignements fournis par la mairie de Maubeuge. — État civil de Vieux-Mesnil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable