GARCIAS Pierre

Par André Balent

Né le 5 mars 1906 à Laroque-des-Albères (Pyrénées-Orientales), mort le 22 mars 1982 à Espira-de-Conflent (Pyrénées-Orientales) ; employé de commerce ; syndicaliste CGT et militant militant de la SFIO puis du PC des Pyrénées-Orientales, dirigeant clandestin du PC (1940-1941), responsable départemental du PCF après la Seconde Guerre mondiale.

Pierre Garcias était fils d’un maréchal-ferrant prénommé également Pierre et de Catherine Pacouil, ménagère. À sa naissance, son père et sa mère qui étaient domiciliés à Laroque-des-Albères mais n’étaient pas nés dans cette commune  ; ils étaient âgés respectivement de trente-deux et vingt-huit ans.

Dans la première moitié du XIXe siècle, la famille Garcias, ou du moins une de ses branches, était très cossue. Un des grands oncles de Pierre Garcias, Laurent Garcias, riche propriétaire à Saint-André et dans le Vallespir, possédant par ailleurs d’importants intérêts bancaires en Espagne, avait été élu député de l’arrondissement de Céret en 1830 lors du premier scrutin de la Monarchie de Juillet. Le 4 mars 1937, Pierre Garcias épousa à Perpignan Jeanne Conte dont il eut des filles (Voir Pierrette Garcias) et un fils, Pierre.

Pierre Garcias milita tout d’abord dans les rangs de la SFIO, à laquelle il adhéra au moment du Front populaire, puis se rapprocha progressivement du Parti communiste. Tout en demeurant membre de la SFIO, il participa aux activités des « Comités de défense de l’Humanité » (CDH) de Perpignan. Il finit toutefois par adhérer au Parti communiste vers 1937 ou 1938.

Domicilié à Perpignan, il fut désigné par le comité de la région catalane du Parti communiste comme délégué à la conférence nationale du PC à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) du 21 au 23 janvier 1939.

Pierre Garcias milita activement dans le mouvement syndical à compter de 1935. Il adhérait au syndicat CGT des employés des deux sexes de Perpignan où il côtoya l’un des deux fils de Joseph Berta, actif militant des JS puis de la SFIO. Avec le fils Berta et d’autres militants comme Gabriel Delbreil ou Amédée Gardon*, il contribua au renouveau de ce vieux syndicat perpignanais. Pierre Garcias, quant à lui, en devint le trésorier général à compter du 17 décembre 1936. Il fut réélu à ce poste par ses camarades à la fin de 1937 et en février 1939. Pierre Garcias fut délégué au XXIIIe congrès de l’Union départementale CGT des Pyrénées-Orientales (27 octobre 1935). Il fut membre suppléant du comité général de la Bourse du Travail de Perpignan en 1935. Il siégea ensuite à cet organisme, en qualité de membre titulaire délégué par son syndicat en 1936, 1937 et 1938. (En 1939, le « comité général » disparut à la suite de la réforme des statuts de la Bourse du Travail et de l’Union locale de Perpignan).

Juste avant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Garcias militait également dans d’autres organisations : la Fédération sportive générale du travail (FSGT, dont il était le président départemental en 1939), les CDH (dont il était le responsable juste avant la guerre) et les « Amis du Travailleur catalan ».

Mobilisé en septembre 1939, il participa aux activités clandestines du PC dès octobre 1939 où il prit part, à l’occasion d’une permission, à une réunion organisée à Perpignan par Joseph Baurès afin de mettre en place une direction départementale.

À l’automne 1940, il était l’un des membres du « triangle » de direction de la « région » clandestine du Parti communiste. Il était alors le responsable « syndical », Jean Poch* étant responsable « politique » et Julien Dapère, responsable « technique ».

Jean Poch*, le premier responsable politique départemental clandestin du Parti communiste, fut arrêté le 24 décembre 1940. Il fut alors remplacé par Pierre Garcias qui occupa ces fonctions pendant près de quatre mois (mars 1941). À cette date, Julien Dapère prit la relève, pour des raisons de sécurité.

Après juin 1940, Pierre Garcias participa à la rédaction et à la confection de tracts. Il s’occupa, en liaison avec Julien Dapère, de tâches matérielles. Lorsque, après la fin de 1940, ils durent, à la demande du parti clandestin, restituer la ronéotypeuse neuve qu’ils s’étaient procurée chez un liquoriste de Perpignan, Pierre Garcias prit contact avec un militant communiste, Tavude, qui trouva un local au Haut-Vernet (quartier de Perpignan) pour installer une planche à polycopier. Ce local situé sur la route de Pia, où Pierre Garcias « travaillait », fut indiqué à la police. La découverte du local et de l’imprimerie clandestine entraîna l’arrestation de Tavude. Pierre Garcias, menacé, dut abandonner ses responsabilités à Julien Dapère, moins exposé. Son action à la tête du Parti communiste clandestin permit néanmoins à Julien Dapère de mettre sur pied une organisation plus consistante et mieux structurée, présente, en juillet 1942 dans treize communes du département. Pierre Garcias fut arrêté le 22 septembre 1941 avec quatre communistes de Perpignan et un de Sorède, condamnés à des peines de deux à quinze mois de prison. Il fut interné jusqu’au 23 mai 1942.

Après la Seconde Guerre mondiale, Pierre Garcias fut un militant actif du PCF et du mouvement syndical. Il fut membre du comité fédéral, administrateur du Travailleur catalan et membre du bureau national des comités de défense de l’Humanité.

Il fut candidat à Perpignan aux élections municipales de mars 1959 sur la liste d’union ouvrière et démocratique présentée par le PCF. Il ne figurait plus sur la liste d’union des gauches formée entre les deux tours de scrutin.

Sa fille Pierrette Garcias fut une active militante syndicale.

Pierre Garcias mourut à Espira-de-Conflent et fut enterré civilement à Cabestany (Pyrénées-Orientales).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49591, notice GARCIAS Pierre par André Balent, version mise en ligne le 22 mars 2009, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Com Laroque-des-Albères, état civil. — Étienne Frénay, « Les communistes et le début de la résistance en Roussillon », Le Travailleur catalan, 26 mai 1972. — Julien Dapère, Les Communistes 1940-1941. Un polo témoigne, souvenirs recueillis et annotés par Georges Sentis, Perpignan, Institut de recherches marxistes, 1983, p. 19-20. — Georges Sentis, Les Communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, t. I : Dans la tourmente, février 1939-novembre 1942, Perpignan, 1983, p. 30, 67 et 108. — Georges Sentis, Les Communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme/Régions, 1994, p. 89-90. — L’Action syndicale, février 1935, novembre 1935, février 1936, janvier 1937, février 1937, février 1938. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, 10 février 1939, 30 décembre 1937. — Le Travailleur catalan, 21 janvier 1939. — Le Travailleur catalan, 25 mars 1982, nécrologie. — L’Indépendant, divers numéros de février et mars 1959. — Entretien avec Pierre Garcias. — Lettre du secrétaire de mairie de Laroque-des-Albères, 14 mai 1982. — Renseignements communiqués par Jean-Pierre Lacombe, de Laroque-des-Albères, avril 2004.

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