FABRE Jean, Paul, Herman

Par Claude Pennetier

Né le 18 septembre 1921 à Hanoi (Indochine) ; fonctionnaire colonial ; résistant ; membre de la section économique du PCF, rédacteur en chef de la revue Économie et politique ; membre du comité central du PCF (1967-1979).

Les parents de Jean Fabre, sa mère Jeanne Bergue-Fabre et son père Louis directeur du budget en Indochine, étaient nés en Indochine. Sans appartenances politiques, ils ne s’opposèrent pas aux engagements militants de leurs quatre enfants. Jean avait une soeur, Nicole Adrien, et deux frères René Fabre, ingénieur chimiste et communiste et Claude, ingénieur des mines, également militant.

Jean Fabre rentra en France en septembre 1939. De 1941 à 1943, il poursuivit des études à Toulouse (Haute-Garonne) puis à Grenoble (Isère). Coupé des siens pendant quatre ans, il fut pris en charge par une famille aisée, les Armand, dont deux enfants périrent dans l’action contre l’occupant. Robert fut « fusillé à Saint-Barthélémy-du-Gua dans les combats de Vassieux ». Georges fut tué dans le Taillefer au Lac de Poursollet. Jean Fabre entra dans la Résistance en 1943 à Grenoble dans le cadre du Service Périclès (réseau Combat, puis MUR) après avoir fait ses preuves en terrassant un Allemand pour lui prendre son arme. Il agit en Franche-Comté puis à Lyon sous les pseeudonyme de « Fresnes », n’hésitant pas à abattre un collaborateur ou à participer activement aux combats. Il termina la guerre dans un régiment de France-Comté et partit avec le 27e RI dans le Doubs, les Vosges, l’Alsace et la région du Rhin. Toujours soldat, officier, décoré, Jean Fabre rejoignit l’Indochine en octobre 1945 par l’intermédiaire des services de la DGER. L’armée l’affecta comme administrateur adjoint à Saïgon, au Haut commissariat de France.

Titulaire du baccalauréat, étudiant en droit, Jean Fabre fut intégré à l’École nationale de la France d’Outre-Mer comme ancien admissible au concours et fit en France un stage de quelques mois avant d’être fut affecté au Haut-commissariat de France en Indochine avec le titre d’attaché de cabinet (haut-commissaire Pignon). Il revint en France en juillet 1950 et fut très malade pendant cinq ans.

L’engagement militant syndical et communiste de Jean Fabre commença deux ans plus tard. En août 1952, il adhéra simultanément à la CGT et au PCF, cellule France d’Outre-Mer, puis cellule des fonctionnaires du VIIIe arr. Il collabora quelque peu à la section économique de la France d’outre mer et au service extérieur de la CGT.

Jean Fabre était ami depuis 1943 avec Romuald Jomaron*, responsable des intellectuels pour la fédération communiste de la Seine. Gaston Plissonnier* le contacta en 1954 pour participer à un embryon de section économique avec Henri Claude*. Avec Henri Jourdain*, après la crise qu’elle traversa en 1959, il reconstitua la Section économique au début des années soixante et fut rédacteur en chef de la revue Économie et politique. Il participa à la conférence qui en 1966, à Choisy-le-Roi, adopta la thèse du « Capitalisme monopoliste d’État » (voir Paul Boccara).

Remarqué par Waldeck Rochet*, Jean Fabre siégea au comité central de 1967 à 1979 et suivit la fédération de Saône-et-Loire. Il fut candidat à deux élections législatives en 1973 et 1978 dans la circonscription d’Autun-Le Creusot. Ce fut sa première expérience de travail sur le terrain et dans les entreprises.

Domicilié à Bagneux, Jean Fabre militait à la fédération des Hauts-de-Seine. Il s’installa par la suite à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). De 1979 à 1982, il fut responsable de l’Immigration, sous l’autorité de Jean Colpin, puis à la section de politique internationale (la Polex) avec Maxime Gremetz et Francis Wurtz. Il fut ensuite, à partir de 1982, membre du cabinet de Marcel Dufriche, maire de Montreuil-sous-Bois où sa femme Micheline (Mick) était responsable culturelle.

Écrivant ses souvenir en 2006, Jean Fabre affirmait : « J’ai maintenu jusqu’à ce jour et je maintiendrai mes options communistes en dépit de leurs vicissitudes historiques avec les tragiques et haïssables déviances qui leur sont associées ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49654, notice FABRE Jean, Paul, Herman par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 mars 2009, dernière modification le 2 mars 2010.

Par Claude Pennetier

Romuald de Jomeron, Bardet, Fabre dans la Résistance (de gauche à droite)
Romuald de Jomeron, Bardet, Fabre dans la Résistance (de gauche à droite)

ŒUVRE : Jean Fabre fut le maître d’œuvre de l’ouvrage Le Capitalisme monopoliste d’État, Éditions sociales, 1971, deux tomes de 446 p. Il fut co-auteur de Les communistes et l’État avec Lucien Sève et François Hincker, Editions sociales, 1977, 253 p. Il a publié ses souvenirs sous le titre C’était un temps déraisonnable, Le Temps des cerises, 2006, 193 p.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Comptes rendus des congrès nationaux. — Entretien avec Jean Fabre, Montreuil, 3 avril 2009.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable