FONDRAS Jean-Marie

Par Fabien Conord

Né le 19 septembre 1909 à Biollet (Puy-de-Dôme), mort le 28 octobre 1995 dans un accident de la route à Saint-Priest-des-Champs (Puy-de-Dôme) ; agriculteur, commerçant ; militant communiste et syndicaliste agricole du Puy-de-Dôme, secrétaire de la FDSEA du Puy-de-Dôme ; maire de Biollet, conseiller général.

Jean-Marie Fondras était issu, comme il l’explique dans son livre Mon village à l’heure française, d’une famille de petits propriétaires exploitants. Son père avait travaillé comme maçon dans sa jeunesse et professait des idées de gauche, Jean-Marie Fondras notant même qu’il lisait Jaurès. L’enfance de Fondras, écolier puis aide familial sur le domaine de ses parents, semble avoir été marquée par le pacifisme, puisqu’il consacra dans son autobiographie de nombreuses pages à l’horreur de la guerre (son père avait passé la Première Guerre mondiale comme prisonnier dans les mines de Bavière) et y fit mention de réunions où l’on entonnait régulièrement La Chanson de Craonne. L’engagement de Jean-Marie Fondras au PCF se fit d’ailleurs par l’intermédiaire des comités Amsterdam-Pleyel pour lesquels il avait organisé une réunion publique à Biollet en 1935. Fondateur de la cellule de Biollet du PCF la même année, il en devint aussitôt le secrétaire.

Marié depuis juin 1938 et père d’un enfant, Jean-Marie Fondras fut incorporé en 1939 dans la marine à Toulon (Var). Démobilisé le 8 juillet 1940 et de retour à Biollet, il devait rester fidèle à son parti. Il participa en mars 1943 à la fondation du camp Gabriel-Péri dans le bois de la Brousse (au cœur des Combrailles), regroupant des maquisards FTP. Le chef en était Robert Delmas alias commandant Lucien.
Sous la direction de Pierre Girardot, alias Negro, responsable de la région Auvergne, et sous le pseudonyme de Constant, Jean-Marie Fondras organisa à partir de mars 1944 le PC clandestin, le Front national et les Comités de défense et d’action paysanne (CDAP) du Puy-de-Dôme, avant de se consacrer à la mise en place de Comités locaux de Libération (CLL) dans diverses communes du département.

La Libération fut pour Jean-Marie Fondras synonyme d’une « avalanche de responsabilités », comme il qualifiait lui-même les nombreux mandats qui lui échurent en 1944-1945 : membre du Comité départemental de Libération, du bureau fédéral du PCF (élu à la 1ère conférence fédérale du 4 août 1945), du conseil d’administration de la Mutualité sociale agricole (MSA), délégué du Puy-de-Dôme aux États généraux de la Renaissance fançaise, maire de Biollet en mai 1945, conseiller général du canton de Saint-Gervais d’Auvergne, secrétaire du conseil général. De plus, Jean-Marie Fondras ajouta à ces responsabilités électives une activité syndicale dans le monde agricole puisqu’il fut, aux côtés d’Abel Gauthier notamment (avec qui il avait travaillé à épurer les administrations agricoles de Vichy), à l’origine de la naissance de la CGA et de la FDSEA, fédération dont il devint le secrétaire en 1947 lors de sa fondation.

Jean-Marie Fondras, dont nous avons déjà pu souligner la fidélité au Parti communiste, suivit en février 1947 les cours de la première école centrale de l’après-guerre, expérience dont il disait garder un souvenir inoubliable. Il fut d’ailleurs délégué au Xe congrès du PCF à Strasbourg. Il fut membre du Bureau fédéral du PCF de 1945 jusqu’à la 4ème conférence, des 22 et 23 mai 1948 où il devient simple membre du comité fédéral, renouvelé en 1949. A l’issue de la 6ème conférence, 28 et 29 janvier 1950, il réintègre le bureau fédéral. Son nom disparaît ensuite des instances départementales du Parti.

Battu lors du renouvellement cantonal de 1949, il demeura candidat à toutes les élections cantonales jusqu’en 1967, date de son retour au conseil général du Puy-de-Dôme, avant un dernier échec en 1973.

Jean-Marie Fondras, qui restait maire de Biollet, y avait acheté un café en 1956, sans perdre pour autant le contact avec le monde agricole. Dans sa gestion municipale, assez consensuelle semble-t-il, marquée notamment par le classement de l’église comme monument historique dès 1947, Jean-Marie Fondras connut toutefois un épisode agité : sa suspension par le préfet pour une durée d’un mois du 10 octobre 1949 au 10 novembre 1949, en raison de l’organisation d’un vote pour la Paix le 2 octobre 1949 en mairie de Biollet. Cette journée de lutte était préconisée par le comité français du Congrès mondial des partisans de la paix, à l’initiative du PCF. L’action du maire fut d’ailleurs approuvée par un vote unanime du conseil municipal en date du 11 octobre 1949.

Mais les actions de Jean-Marie Fondras n’étaient pas toutes aussi subversives. C’est ainsi qu’il s’investit beaucoup dans l’intercommunalité, puisqu’il fut président-fondateur du SIVOM du canton de Saint-Gervais d’Auvergne le 13 juin 1973, président du syndicat d’électricité de la région d’Espinasse et vice-président du syndicat de voirie de Menat.

Âgé de soixante-quatorze ans, Jean-Marie Fondras démissionna de la mairie de Biollet le 18 décembre 1983, tout en restant conseiller municipal, ainsi que DDEN et membre du comité directeur départemental de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR). Il était titulaire de nombreuses décorations : chevalier de l’ordre national du Mérite, officier du Mérite agricole, croix de combattant volontaire de la Résistance, médaille de la Résistance, médaille de la Jeunesse et des sports, médaille de la Ligue d’Auvergne de football (cycliste averti, il avait aussi créé un club de football dans sa commune) et enfin titulaire de la médaille d’honneur départementale et communale.

Jean-Marie Fondras mourut le 28 octobre 1995 dans un accident de la circulation, près de Biollet. Son nom fut donné au stade de Biollet.

La lecture de son autobiographie, intitulée Mon village à l’heure française, laisse paraître une inébranlable fidélité à son parti, agrémentée de deux corollaires fréquents parmi les communistes ruraux de sa génération : un pacifisme chevillé au corps et un antisocialisme non moins tenace.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49680, notice FONDRAS Jean-Marie par Fabien Conord, version mise en ligne le 1er avril 2009, dernière modification le 5 avril 2022.

Par Fabien Conord

ŒUVRE : Mon village à l’heure française.

SOURCES : Arch. Mun. Biollet. — La Montagne, 30 octobre 1995. — Regards sur l’Auvergne, 3 novembre 1995. —Archives de la fédération PCF du Puy-de-Dôme. Compléments par Eric Panthou.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable