FASSNACHT Frédéric

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

Né le 18 novembre 1891 à Reutlingen (Allemagne), mort le 11 janvier 1952 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; ouvrier du bâtiment ; militant communiste et syndicaliste CGTU puis CGT du Bas-Rhin, secrétaire de l’Union des syndicats des ouvriers du bâtiment CGTU du Bas-Rhin (1922-1936), trésorier de l’Union régionale des syndicats CGTU d’Alsace (1926-1928), secrétaire de l’Union locale CGTU de Strasbourg, secrétaire-trésorier de l’Union CGT des Syndicats du bâtiment du Bas-Rhin (1936-1939, 1945), président du sous-rayon de Strasbourg et membre du bureau régional du Parti communiste ; conseiller municipal communiste de Strasbourg (1929-1935).

Fils naturel de Joséphine ou Catherine Fassnacht, d’origine alsacienne, Frédéric Fassnacht fut mobilisé dans l’armée allemande en 1914 et fut blessé. Français par réclamation, ouvrier du bâtiment à Strasbourg après la Première Guerre mondiale, il adhéra en 1919 au Parti socialiste SFIO et au Syndicat des ouvriers du bâtiment CGT. Il fut l’un des fondateurs de l’Union des invalides de guerre d’Alsace et de Lorraine.

Frédéric Fassnacht adhéra au Parti communiste en 1921. Devenu permanent syndical, il fut de 1922 à 1936 secrétaire de l’Union des syndicats des ouvriers du bâtiment (Bauarbeiterverband) CGTU. Il fut également trésorier de l’Union régionale des syndicats unitaires d’Alsace au moins de 1926 à 1928, et secrétaire de l’Union locale des syndicats unitaires de Strasbourg au plus tard en 1927. L’insuffisance de sa rémunération l’obligea à trouver un complément de ressource en jouant de la cithare dans les cafés. Il assista à plusieurs congrès nationaux de la CGTU, mais n’y prit guère la parole, en raison de son ignorance de la langue française. Dans les comptes rendus imprimés, son nom était le plus souvent orthographié de manière fantaisiste, ce qui traduisait ses difficultés de communication avec ses camarades de « l’intérieur » de la France : en 1929, on trouve Fassnacht, mais aussi Fassnalt ou Faswald, en 1931 Paslac.

De 1929 à 1935, Frédéric Fassnacht fut conseiller municipal de Strasbourg élu sur la liste Hueber*. Comme Joseph Mohn*, il suivit un moment Hueber dans sa dissidence en 1929, mais regagna rapidement le parti « ligniste » SFIC. Il fut candidat aux élections législatives à Strasbourg I en 1932 et, à plusieurs reprises, représenta le PC aux élections cantonales. Il joua un rôle important dans la longue grève de l’industrie du bâtiment de Strasbourg (juin-août 1933).

Après la réunification syndicale de 1936, Frédéric Fassnacht garda ses fonctions de secrétaire-trésorier de l’Union CGT des syndicats des ouvriers du bâtiment du Bas-Rhin. Il était également trésorier adjoint de l’Union départementale et secrétaire de l’Union locale de Strasbourg, délégué régional de la Fédération nationale des travailleurs du Bâtiment et membre du bureau régional du Parti communiste. Le 30 mai 1936, il réussit à convaincre les 120 carriers de Saint-Nabor (Bas-Rhin) d’entamer une « grève des bras croisés », à la suite de la propagation d’une rumeur selon laquelle le conseil général du Bas-Rhin, propriétaire de la carrière, envisageait une baisse de 10 % des salaires. Ce fut la première grande grève de 1936 en Alsace. Il se fit enchaîner à un poteau devant les Tanneries de France à Lingolsheim (Bas-Rhin), dont la direction lui interdisait l’entrée. Il réussit à haranguer les ouvriers, tandis que les gendarmes essayaient de le détacher.

Lors de l’évacuation de Strasbourg, le 3 septembre 1939, il se réfugia avec son épouse, Joséphine Wurmser, à Saint-Stail (Vosges). Le 21 novembre 1939, il tenta de faire virer la majeure partie du livret d’épargne de son Union syndicale d’un montant de 60 000 francs à son compte personnel. Écroué le 9 décembre 1939 à Épinal (Vosges), il fut inculpé de tentative d’escroquerie, d’abus de confiance, mais aussi d’infraction au décret du 26 septembre 1939 portant dissolution du Parti communiste et des organisations communistes. Il fut disculpé de ce dernier chef d’accusation puisque son syndicat n’était pas considéré comme lié au PCF, mais l’affaire du livret lui valut une condamnation à un an de prison prononcée le 6 mai ou le 6 juin 1940 par le tribunal correctionnel de Saint-Dié (Vosges), dont on ignore si elle fut exécutée.

Resté à Saint-Stail pendant toute la période de l’Occupation de même que Mohn*, il rentra à Strasbourg après la Libération, pour y reprendre la direction de l’Union des syndicats du bâtiment, mais il en fut écarté dès la fin de l’année 1945. Il fut pourtant, le 24 novembre 1946, tête de liste communiste des grands électeurs pour l’élection au second degré des Conseillers de la République. Frédéric Fassnacht, qui figurait sur la liste communiste aux élections municipales de 1947, aurait dû, en 1950, remplacer au conseil municipal Suzanne Fath*, démissionnaire. Son nom ne fut pas retenu par le parti car Alphonse Boosz lui reprochait sa condamnation de 1940 et Mohn accusait Fassnacht et sa femme d’avoir dénoncé en 1944 le maquis de Saint-Stail aux Allemands. Cette grave accusation se révéla calomnieuse, puisqu’on apprit ensuite qu’un autre habitant de la commune avait donné, sous la torture, la liste des résistants. De toutes façons, le siège municipal n’était plus vacant, puisque Suzanne Fath* était revenue sur sa démission tout en quittant le PC.

Frédéric Fassnacht mourut à Strasbourg le 11 janvier 1952. Cette même année, l’Union des syndicats des ouvriers du bâtiment fusionna avec celle des ouvriers du bois dirigée par Sommer*. Un autre Fassnacht (son fils ?) aurait été secrétaire de la nouvelle union de 1952 à 1954.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49687, notice FASSNACHT Frédéric par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss, version mise en ligne le 1er avril 2009, dernière modification le 1er avril 2009.

Par Françoise Olivier-Utard, Léon Strauss

SOURCES : Arch. Nat., F7/13130, année 1932. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 98 AL 635, 1278, 102 AL 47, 544 D 1, 40. — Comptes rendus des congrès confédéraux de la CGTU, 1929 à 1935. — Le Travailleur syndicaliste, Strasbourg, 1er décembre 1937. — Der Republikaner, Mulhouse, 20 avril 1937. — L’Humanité, Strasbourg, 2 mai 1939. — La Presse Libre de Strasbourg, Freie Presse, Périgueux, 15-16 juin 1940. — L’Humanité d’Alsace et de Lorraine, Strasbourg, 17 novembre 1946. — Y. Bastien, Die Neue Welt en 1929-1930, mémoire de maîtrise, Strasbourg II, 1973. — L. Strauss, « Grèves », Encyclopédie de l’Alsace, Strasbourg, t. 6, 1984, p. 3500. — Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, n° 10, Strasbourg, 1987, p. 897. — Claude Keiflin, L’été 36 en Alsace, Strasbourg, 1996, p. 47. — Entretiens de L. Strauss avec A. Boosz.

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