FOLLET Louis, Étienne, Eugène. Pseudonymes : MONTBARS, MOUSSY

Par Jean Lorcin, Maurice Moissonnier, Claude Pennetier, Eric Panthou

Né le 6 avril 1898 à Vievy (Côte-d’Or), mort le 24 mars 1957 à Izieux (Loire) ; ouvrier fondeur ; dirigeant communiste de la Loire puis de la Région lyonnaise, dirigeant communiste et syndicaliste du Puy-de-Dôme (1929-1935), membre du comité central du Parti communiste (1926-1929), exclu du PCF en 1935.

Louis Follet était fils d’un chauffeur mécanicien.
Cet ouvrier métallurgiste fait partie de la génération des militants communistes issus des milieux syndicalistes révolutionnaires, comme il s’en réclame encore dans une profession de foi aux législatives de 1932.
Secrétaire des Jeunesses communistes de Saint-Étienne en décembre 1924, il siégeait également à la direction de la fédération communiste. C’est comme membre du Comité d’action de défense contre le fascisme qu’il prit la parole le 24 janvier 1924, à Terre-Noire (Loire), pour dénoncer le « Bloc des gauches » (« un bloc de bourgeois ») ainsi que les Jeunesses patriotiques de Taittinger qui tentaient d’implanter leurs « phalanges fascistes » à Saint-Chamond (Arch. Dép. Loire, M 539).

Quelques mois plus tard, il quitta Saint-Étienne pour Lyon, 41, rue Paul-Bert. Il devint, vers novembre 1925, l’un des dirigeants communistes régionaux. Au début de l’année 1926, il fut élu au comité régional et au secrétariat de rayon de Lyon. Le congrès national de Lille (juin 1926) le fit entrer au Comité central en même temps que son ami Benoît Frachon. Cependant son rôle resta uniquement régional et Follet ne siégea au comité central que quatre ans.

Les 11 et 12 décembre 1926, il présenta à la conférence de rayon le rapport moral qui constatait l’existence d’effectifs supérieurs au millier d’adhérents, dans soixante-dix cellules ainsi réparties : 39 cellules d’entreprises, 17 cellules de quartier et 14 de village éditant douze bulletins de cellule. À l’issue de cette conférence, le comité du rayon, qui comprenait dix-huit membres antérieurement, fut ramené à cinq et Louis Follet en fut à nouveau le secrétaire en titre, Benoît Frachon, dont Follet partageait le garni, 26, rue de Marseille, à Lyon, selon un rapport du préfet du Rhône du 15 octobre 1927 (Arch. Nat., F7/13111), étant le secrétaire régional. Le 2 avril 1928, il fut condamné, pour son action antimilitariste, à deux ans de prison, 500 francs d’amende, en même temps que Benoît Frachon* et Émile Chabanis* frappés d’un an de prison et de 100 francs d’amende.

Défendus par l’avocat stéphanois communiste Jacques Le Griel*, ils furent acquittés par la Cour d’appel de Lyon, les 11 et 19 novembre, bien qu’ils eussent publié une déclaration affirmant leur « accord avec le contenu des journaux incriminés … » (Travail, 15 décembre 1928). Le Parquet, en dépit du réquisitoire de l’avocat général, avait jugé qu’il « n’est pas délictueux le seul fait de la propagande communiste et d’être secrétaire d’une organisation communiste … » (ibid., 22 décembre 1928).

Il fut alors présenté aux élections législatives des 22-29 avril 1928 dans la 6e circonscription de Lyon où il recueillit 1 756 voix sur 15 509 inscrits, 12 792 votants et 12 630 suffrages exprimés. Il se maintint au second tour, le candidat socialiste SFIO André Février étant élu avec 6 791 voix. Follet était alors « secrétaire du comité départemental du PCF ».

Le 2 décembre 1928, la conférence du rayon de Lyon le releva du poste de secrétaire permanent du rayon « en raison de son état de santé et par suite de circonstances d’ordre privé ». Il restait cependant un militant en accord avec la ligne du Parti. Ainsi dans Le Cri du Peuple du 25 mai 1929 lit-on la condamnation en ces termes d’Urbain Malot*, démissionnaire du PC : « Des petits bourgeois désabusés comme Malot, on doit les flanquer à la porte. Notre parti se forme, il se trempe une âme d’airain en rejetant de son sein les scories petites-bourgeoises qui y étaient restées » (Le Cri du Peuple, 25 mai 1929).

Faut-il mettre sur le compte de la maladie et des « circonstances d’ordre privées » sa non-réélection au comité central lors du congrès de Saint-Denis (31 mars-7 avril 1929) ? Y avait-il conflit dans la direction lyonnaise ? Toujours est-il qu’au cours de l’année 1929, le bureau politique fit désigner Follet comme secrétaire de la Région communiste Auvergne sous le pseudonyme de Jean Moussy. Identifié et arrêté par la police, il est emprisonné d’octobre 1929 à octobre 1930 à la prison de Clermont-Ferrand où il subit des brimades en tant que militant communiste.
Au Bureau politique du 17 octobre 1930, Follet est proposé comme dirigeant de l’Auvergne, non payé par le Parti. La direction décide de faire une enquête sur son activité en prison.
Il remplace Étienne Néron à la tête de la 23e Union régionale CGTU (Auvergne) à compter d’octobre 1930. Il est permanent et fut la personnalité marquante de la CGTU sur cette période. Il est par ailleurs membre de 1932 à 1934 du Bureau régional du PCF qui ne compte que 6 membres.
En février 1931, il est à la tête du secrétariat de la XXIII° URU.
Alors que le Bureau régional a décidé d’organiser un meeting à Clermont-Ferrand le 15 février 1931 en présence de Marcel Cachin, Follet prend l’initiative d’écrire à Caralp, à la direction de la CGTU, pour désapp ce meeting qui vient selon lui directement en concurrence avec la journée internationale contre le chômage fixée au 25 février. Il estime être le seul, avec deux autres camarades, à être un bon orateur pour le Parti dans la région. Le Bureau régional du PCF dit être en désaccord avec cette lettre et dit qu’elle a été faite sans en avoir discuté. Le Secrétariat du Parti invite les membres du Bureau à discuter avec Follet pour lui expliquer amicalement que ces deux initiatives ne se concurrencent pas.
Fin novembre 1931, c’est lui qui conduit une délégation de chômeurs et un rassemblement de plusieurs dizaines d’autres auprès de la mairie de Clermont-Ferrand pour qu’elle intervienne en leur faveur. Le maire refuse de la recevoir au motif qu’il n’est pas chômeur.
Pour les cellules d’entreprises, il fut d’un précieux concours. C’est lui qui a formé les jeunes militants, en particulier ceux de la cellule Michelin qui devaient militer clandestinement. Il se mettait constamment à leur disposition chaque fois qu’ils avaient besoin de lui, soit pour faire une réunion, soit pour aller distribuer les tracts devant les usines, selon le témoignage de Robert Marchadier, futur secrétaire de l’UD après-guerre.
Principal rédacteur de l’hebdomadaire du Parti dans le département, Le Cri du Peuple, secrétaire du Comité d’action régional contre la guerre et le fascisme, propagandiste de l’ARAC, Follet est l’un des rares militants communistes auquel les services de police reconnaissent de réelles compétences politiques. Le commissaire de police spéciale de Clermont-Ferrand dit de lui en novembre 1934 qu’il "est le premier homme capable d’animer le parti."

Candidat aux élections législatives des 1er et 8 mai 1932 dans la première circonscription de Clermont-Ferrand, il recueillit 521 suffrages (3 % des voix des inscrits) et 2,6 % au second tour).
Au lendemain du 6 février 1934, l’orientation de la direction du Parti dans le Puy-de-Dôme est jugée opportuniste car les 11 et 12 février, lors des manifestations et rassemblement de masse, les dirigeants se sont refusés à critiquer la politique de la SFIO et de ses chefs. On estime en particulier que "l’intervention de Follet fut loin d’être ce qu’elle aurait dû être."
Fin 1934, le PCF est confronté à une grave crise avec le départ de ses principaux dirigeants, le groupe Henri Pranchère-[Marcel Souchal>131490]-Gaston Brunstein, qui sont accusés d’avoir mené une politique sectaire et gauchiste. Les deux premiers rejoignent le PPF de Doriot tandis que Brunstein est remplacé par Louis Bertin, employé des PTT, au secrétariat général de la région Auvergne. Marcel Berlingaud, alias Berlin, est lui exclu pour un an.

Follet se prononça jusqu’en 1935 contre l’unité d’action avec les « réformistes » de la CGT. Début 1935, selon un rapport interne sur lui fait en 1945 par le PCF, il ne fut plus permanent qu’à mi temps à l’UD mais il ne trouva pas de travail à côté. Il aurait donc été sollicité l’appui d’Henri Andraud, député SFIO qui lui, par l’intermédiaire d’Albert Paulin, autre député SFIO du Puy-de-Dôme et par ailleurs ancien secrétaire de l’UD CGT, l’a fait réintégrer à la Manufacture de Saint-Étienne. Il a donc quitté brusquement Clermont-Ferrand, en mars 1935, pour retourner chez lui à Saint-Étienne, laissant la région sans responsable syndical.

Il a été exclu du Parti en 1935 au motif de "tentatives de désagrégation des organisations et de vols de caisses", et selon les rapports internes du PCF en 1945, qu’il vivait alors avec une femme en liaison avec la police. On lui reprocha aussi d’avoir mal gérer les finances de la CGTU et du Secours Rouge International dont il avait la charge localement. Sollicité à cette occasion par la direction du PCF de la Loire, un ancien cadre du PCF du Puy-de-Dôme dans les années trente affirma qu’il n’y avait pas eu de reproches faits à Follet dans ce département, si ce n’est son laisser-aller au niveau syndical, qui pouvait s’expliquer par le fait qu’il était la plupart du temps seul, à faire les articles de l’Hebdomadaire du Parti, Le Cri du Peuple, à assurer le travail du Parti, ce qui automatiquement se faisait ressentir sur le travail syndical.

Il démissionna du PC en octobre 1935. Abandonné par ses camarades du Puy-de-Dôm. Il tenta de se réhabiliter en écrivant au président de la commission de contrôle politique du PCF. Il refusa néanmoins de "se tourner en ennemi du parti", à l’inverse de Pranchère, autre dirigeant du Puy-de-Dôme exclu au même moment. Follet écrivit en janvier 1938 : "J’ai souffert et je souffre encore de ces attaques contre mon passé de militant irréprochable, mais je reste avec le parti et y resterai quoi qu’il arrive, même si je ne suis pas réintégré.
Principal animateur de l’ensemble du mouvement communiste du Puy-de-Dôme au début des années trente, Follet commit l’erreur d’abandonner sa formation en 1935. Il fut aussitôt considéré comme un "renégat" et fut discrédité par la direction.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49708, notice FOLLET Louis, Étienne, Eugène. Pseudonymes : MONTBARS, MOUSSY par Jean Lorcin, Maurice Moissonnier, Claude Pennetier, Eric Panthou, version mise en ligne le 3 avril 2009, dernière modification le 28 novembre 2020.

Par Jean Lorcin, Maurice Moissonnier, Claude Pennetier, Eric Panthou

ŒUVRE : Correspondant du Cri du Peuple, organe du PC de la Loire, pour la région de Saint-Chamond avant 1930 (il signait Montbars). — Cahiers de Bolchevisme, « Tribune de discussion », « À propos des orateurs du Parti » (Follet critique la droite du Parti communiste), 15 novembre 1925. « Échangeons des expériences », 11 décembre 1926. Il était gérant de La Mine rouge (Loire) en janvier 1925.

SOURCES : Arch. Nat., F7/13046, F7/13090, F7/13096, F7/13111, F7/13121. — Arch. Dép. Rhône, série M, élections législatives 1928. — Arch. Dép. Loire, M 539 (dossiers politiques 1920-1925). — Arch. Dép. Puy-de-Dôme, M 3881 à 3883. — I.M.Th., 130 et 252. — Arch. Institut M. Thorez, microfilm, bobine n° 26 (Institut Marxisme-Léninisme, Moscou). — Le Cri du Peuple, 6 avril et 25 mai 1929. — Henry Destour, Les Syndicalistes révolutionnaires dans le département de la Loire entre les deux guerres mondiales, mémoire de maîtrise, Saint-Étienne, s.d. — J.-P. Vaudon, Le Mouvement social, janvier-mars 1971. — Jacques Girault, Benoît Frachon Communiste et syndicaliste, Presses de la FNSP, 1989. — Mémoires d’Eugène Fourvel, député communiste du Puy-de-Dôme, éditions Créer, Nonette, 1984, p. 27 (Fournel confond la campagne de 1928 et 1932 et présente Follet comme « clandestin » au moment des élections.). — État civil de Vievy. Fonds de la direction du Parti Communiste Français, PV BP du 17 octobre 1930 : PEG03_1930_032, p. 6, Fonds de la Section Française de l’Internationale Communiste : cote 517-1-1 1143 : Lettre de Follet à Caralp, Paris, le 30 janvier 1930 ; Lettre de Pranchère à Marty, le 7 février 1931 .— Lettre du Secrétariat du PCF à Pranchère, secrétaire régional du PCF, 3 février 1931 .— Réponse manuscrite signée Marchadier, non datée, au bas d’une lettre du PCF région d’Auvergne, adressée à Marchadier, signée C. Planeix, le secrétaire aux cadres, datée du 5 décembre 1945. (Archives Roger Champrobert) .— Fonds de la direction du Parti Communiste Français : 1934 cote 517_1_1656. Lettre de J. Nallier aux membres du Secrétariat du Parti, 2 mars 1934.-RAGSPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1743. Comité Régional de la Région Allier Auvergne 10 mars [1935] Délégué : Roucaute .— Profession de foi de Follet aux législatives de 1932 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 10 M 152 : rapport du commissaire de police spéciale, novembre 1934 .— Lettre de Follet à Marcel Chevalier, 15 janvier 1938. Cité par Caroline Spina, Le Parti communiste du Puy-de-Dôme dans l’entre-deux-guerres, maîtrise histoire, 1993, Université Clermont II, p. 100-102. — Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1931 cote 517_1_1143_517_1_1143. Rapport sur la marche du chômage en Auvergne, 23éme Union Régionale des syndicats Unitaires CGTU, 11/12/1930. — Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1933 cote 517_1_1529. Région d’Auvergne, Comité Régional élargi du 19 mars 1933. Rapport du camarade Dupuy. — Fonds de la direction du Parti Communiste Français : 1934 cote 517_1_1656.

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