CADORET Michel

Par Alain Prigent, François Prigent

Né le 4 octobre 1928 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), mort en 2009 ; ajusteur chez Chaffoteaux ; responsable de la JOC et de l’ACO ; militant CGT ; secrétaire général de l’UD CFTC (1955-1964) puis secrétaire général de l’UD CFDT (1964-1971) des Côtes-du-Nord ; militant PSU puis PS ; conseiller municipal (1977-1989), adjoint (1989-1995) puis conseiller municipal (1995-2001) de Saint-Brieuc.

Orphelin très jeune, son éducation fut assumée par sa famille élargie. Frappé d’un handicap de la parole de naissance, il fut pris en charge par l’école des sourds et muets de Saint-Brieuc (centre Jacques Cartier). Jusqu’à sa majorité, l’abbé Aignel s’occupa notamment beaucoup de Michel Cadoret, dont l’éducation fut marquée par la proximité avec l’univers des prêtres des Côtes-du-Nord.

Très vite, il intégra les réseaux de la JOC, intervenant notamment lors du meeting du 1er mai 1949 à Saint-Brieuc, en tant que responsable jociste. Ajusteur chez Chaffoteaux à la fin des années 40, Michel Cadoret devint trésorier lors de la reconstitution du syndicat CGT en 1949. Après la grève de 1950, il se retrouva balayeur, subissant la répression patronale. Les archives de l’UD CGT signalent d’ailleurs qu’à l’issue de la réunion du bureau du 20 avril 1950, Georges Piquet craignait que la signature des licenciements par l’Inspecteur du travail aboutisse au retournement du syndicat de Chaffoteaux contre l’UD. Il proposa même un changement de cadres syndicaux, objets de débats importants.

Dès lors, Michel Cadoret contesta l’hégémonie de la CGT, en créant une base active de la CFTC qui recoupait en partie l’implantation briochine de la JOC. Militant d u turbulent réseau JOC dans le département, il appartint à cette génération d’ouvriers qui bouscula les clivages émanant des structures syndicales. Jugé comme « progressiste » par le délégué central, lors de sa première prise de parole au congrès de l’UD CFTC les 9 et 10 décembre 1950, il est écarté des responsabilités syndicales à cause de ses engagements parallèles à la JOC.

L’année suivante, il présenta un rapport au congrès avant d’être élu secrétaire adjoint de l’UD CFTC, dirigée par Joseph Riot*, au congrès de décembre 1951, signe de la modification des rapports de forces internes. Il participa aux efforts de formation en 1952 des militants syndicaux avec Annick Taburet*, professeur au lycée de Saint-Brieuc, militante du SGEN, et de Joseph Riot dans le cadre des ENO. Dès 1952, il représentait le courant favorable à la déconfessionnalisation de la CFTC. Il joua un rôle important dans les grèves de l’été 1953, s’interrogeant notamment sur les rapports à entretenir avec le MRP.
Incontournable dans la centrale chrétienne et dans le paysage social costarmoricain, Michel Cadoret fut élu au conseil d’administration de la caisse primaire de sécurité sociale des Côtes-du-Nord le 8 juin 1950, puis à nouveau le 17 novembre 1955. Il gravit un échelon supplémentaire dans la hiérarchie syndicale en devenant secrétaire général de l’UD CFTC en décembre 1955, occupant cette fonction durant deux décennies. Il formait avec Jean Le Faucheur* et quelques autres militants une équipe redoutée du patronat local, qui inquiétait fortement l’UD CGT, concurrencée sur le terrain des luttes sociales quotidiennes dans les entreprises. Il présenta ainsi annuellement un rapport très documenté sur la situation économique et sociale du département. Vice-président de l’UD en décembre 1971 puis en juin 1973, Michel Cadoret quitta le bureau de l’UD au congrès de décembre 1975, résultat de son choix de se concentrer sur ses responsabilités politiques au PS, au terme des Assises du Socialisme.

Son engagement dans le mouvement catholique ouvrier, au sein de la JOC puis de l’ACO, témoignait d’une proximité relationnelle avec la hiérarchie diocèsaine. Sa femme Annick Cadoret joua aussi un rôle militant de premier plan. Il rendit hommage au chanoine André Fauchet, originaire de Merdrignac et responsable diocésain de l’ACO en 1953-1954, devenu évêque de Troyes en 1967.

Déjà candidat sur la liste PSU de Yves Le Foll* aux municipales de 1965 et 1971, Michel Cadoret fut élu conseiller municipal entre 1977 et 1989, puis adjoint jusqu’en 1995. En 2001, il se retira de la vie politique locale. Il occupait des responsables importantes, en interne au PS au sein de la section, appuyant notamment l’action des élus rocardiens, polarisés par Yves Dollo*, député (1981-1986 et 1988-1993). Administrateur de l’hôpital, il fut aussi très actif dans le service des tutelles.

Issue d’une famille modeste, sa femme Annick Cadoret, décédée en mars 2001, avait obtenu son baccalauréat en 1952. Militante de la JEC puis de la JOC, elle était surtout très active au sein de l’ACO et du PSU. Conseillère municipale PS entre 1983-1989, cette militante associative et familiale avait une trajectoire concordante et commune avec celle de son mari Michel Cadoret. Conservant ses croyances religieuses, les pratiques chrétiennes du couple se délitèrent au fur et à mesure de leurs engagements militants.

Son fils, Benoît Cadoret travailla avec Charles Josselin*, comme assistant parlementaire puis directeur de cabinet au conseil général comme au ministère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49762, notice CADORET Michel par Alain Prigent, François Prigent , version mise en ligne le 7 avril 2009, dernière modification le 18 juillet 2009.

Par Alain Prigent, François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. des Côtes d’Armor, 12 W 47. – Arch. Fédérales du PS des Côtes d’Armor. – Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor. – Arch. de l’Evéché de Saint-Brieuc. – Arch. de l’UD de la CFTC puis de la CFDT des Côtes d’Armor (Arch. Dép. des Côtes d’Armor 168 J). – Arch. de la FSU 22. — L’Aube Nouvelle. — Ouest-Matin. — Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche. — Le Combat socialiste. — Entretiens avec Benoît Cadoret, Yves Dollo, Philippe Germain, François Le Garignon*. — François Prigent, « Les réseaux socialistes PSU en Bretagne (1959-1981) : milieux partisans, passerelles vers le PS, rôle des chrétiens de gauche », in Tudi Kernalegenn, François Prigent Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Le PSU vu d’en bas. Réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50 - années 80), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, pages 41-54.

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