HEYDER Ferdinand, Justin, Joseph

Par Jacques Girault

Né le 17 mars 1891 à Estaing (Aveyron), mort le 28 juillet 1971 à Jard-sur-mer (Vendée) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste en Indre-et-Loire.

Fils d’un gendarme, Ferdinand Heyder, élève de l’école primaire supérieure d’Amboise, entra à l’École normale d’instituteurs de Loches (Indre-et-Loire) en 1908. Instituteur à partir de 1911, il partit au service militaire. Devenu lieutenant d’infanterie en 1914, il fut blessé trois fois et amputé d’une jambe. Pensionné à 100 %, il se maria en septembre 1920 à Mohon (Ardennes) avec une sténodactylo qui travailla plus tard comme coiffeuse.

Il adhéra au Parti socialiste SFIO à Toulouse (Haute-Garonne) en octobre 1917 pour peser dans la lutte contre la participation socialiste puis pour le soutien à la révolution bolchevique. En 1920, instituteur à Druye, il choisit de rejoindre la section française de l’Internationale communiste et fut auditeur dans la tribune du public lors du congrès de Tours.

Il milita après 1918 à l’Association républicaine des anciens combattants (il eut un entretien avec Paul Vaillant-Couturier lors du congrès de Tours) dont il devint secrétaire. Antimilitariste, il essaya de convaincre les jeunes recrues du camp du Ruchard. Membre de la Fédération des amputés, il était aussi depuis 1919 membre du comité directeur de la Fédération ouvrière et paysanne d’Indre-et-Loire.

Ferdinand Heyder, membre du syndicat affilié à la CGT depuis 1911, engagé dans les luttes contre l’amicalisme, instituteur à Tours, fut blâmé par l’inspecteur d’académie pour ses opinions communistes au moment de l’occupation de la Ruhr, menacé de déplacement d’office, dénoncé par Maurice Dommanget dans un article de l’Humanité. À la suite d’un accord avec le Syndicat national, il fut élu en 1922 au Conseil départemental de l’enseignement primaire.

À partir de 1929, il milita dans les rangs de la Minorité oppositionnelle révolutionnaire contre les dirigeants de la Majorité fédérale dans la Fédération unitaire de l’enseignement. Secrétaire de rédaction du bulletin départemental du Syndicat des membres de l’enseignement laïque en 1928, il devint secrétaire de la section en 1933. Après l’unification de 1935, il fut membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, responsable du bulletin et des échanges, puis secrétaire adjoint de la section en 1938. Il fut à nouveau élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire en 1938. Mais il fut privé de ses responsabilités à la suite de l ‘assemblée générale de la section SNI en octobre 1939, après avoir défendu les positions communistes et refusé de désavouer le pacte germano-soviétique.

Ferdinand Heyder démissionna de la Franc-Maçonnerie et de la Ligue des droits de l’Homme au milieu des années 1920, pour se conformer aux exigences de l’Internationale communiste. Il resta membre de la Libre Pensée.

À l’époque du Front populaire, il assura de nombreuses réunions syndicales et politiques. Secrétaire d’une cellule communiste, il devint membre du comité de la région communiste d’Indre-et-Loire en 1937 et collaborait à la rubrique « Cette semaine » de l’hebdomadaire communiste La Voix du Peuple. Il fut candidat au Conseil général en 1937 à Tours.

Instituteur à Tours en 1940-1941, Heyder fut déplacé d’office par le régime de Vichy en août 1941 à Boisserolles (Deux-Sèvres), et demanda sa retraite comme mutilé de guerre. Ayant perdu le contact avec l’organisation communiste clandestine, il rejoignit sa sœur à Saint-Affrique. Il reprit contact avec les communistes à Béziers (Hérault) par l’intermédiaire de Paul Delanoue, le 19 janvier 1942. Il distribua tracts et brochures. Arrêté, avec son épouse, le 17 décembre 1943 à Saint-Affrique, conduit à Millau, il fut relâché trois jours plus tard. Il participa aux activités du maquis dans la région de Saint-Affrique. Inscrit sur la liste de suspects, il fut à nouveau arrêté le 7 juin 1944 et s’évada, lors de son transfert à Rodez, avec la complicité de deux gendarmes. Il se cacha jusqu’au 20 juillet 1944. Il participa alors à la reconstitution du syndicalisme dans le département puis revint à Tours en novembre 1944.

À la Libération, il fit partie du conseil syndical de la section départementale du SNI comme retraité. Il participait régulièrement aux réunions syndicales, prenant souvent la parole.

Il fut élu conseiller municipal de Tours en mai 1945 et devint adjoint au maire en octobre 1945. Il demeura conseiller municipal de 1947 à mars 1959. Il fut candidat en troisième position de la liste communiste aux élections de l’Assemblée constituante, en octobre 1945, et candidat au Conseil général à Tours lors des premières élections après la Libération. Il était aussi vice-président de l’ARAC pour l’Indre-et-Loire après 1945.

Heyder entra au comité de la fédération communiste d’Indre-et-Loire en 1956 et y resta jusqu’en 1959. Membre du bureau départemental de la Fédération ouvrière et paysanne des anciens combattants, il en devint le vice-président d’honneur.

Ferdinand Heyder et son épouse furent admis dans la maison de retraite de la Mutuelle générale de l’Education nationale à Arès (Gironde), où ils avaient acquis un pavillon dans l’enceinte de l’établissement après avoir vendu leur maison de Tours. Ils léguèrent à la MGEN leur logement d’Arès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49764, notice HEYDER Ferdinand, Justin, Joseph par Jacques Girault, version mise en ligne le 12 avril 2009, dernière modification le 6 juillet 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13744. – RGASPI, 495.270.5961, 517.1.1893, 1908. — Archives du Comité national du PCF. — Notice par Paul Delanoue dans le DBMOF (1914-1939). — Presse syndicale. — Julien Veyret, Les instituteurs publics d’Indre-et-Loire dans le mouvement syndical de l’entre-deux-guerres, Mémoire de maîtrise, Tours, 2001. — 1920-2000. Communistes en Touraine. 80 ans de témoignages et de récits, Tours, Fédération du PCF, (2000). — Notes de Jean-Claude Guillon et d’André Lainé.

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