FONTENAILLE Louis, Jean, Marie

Par Alain Dalançon

Né le 31 janvier 1891 à Lyon (VIe arr.) (Rhône), mort le 16 septembre 1969 à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines) ; professeur ; militant syndicaliste du S3, du SNALCC puis du SNES, militant mutualiste.

Son père, Philippe-Marie Fontenaille, né en 1862, fils de cordier, ancien élève de l’École normale d’instituteurs de Villefranche-sur-Saône puis de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, était professeur d’école primaire supérieure au moment de sa naissance, et devint inspecteur de l’instruction primaire à partir de 1897 ; il termina sa carrière à Marseille, de 1912 à 1925, où il s’attacha à créer des cours complémentaires et à développer l’apprentissage professionnel. Sa mère, née Fanny Janez, était également professeure d’école primaire supérieure.

Louis Fontenaille accomplit sa scolarité dans plusieurs lycées (Lyon, Poitiers, Lille) au gré des affectations de son père. À Poitiers, il obtint son baccalauréat « Philosophie » en 1907. Répétiteur au collège d’Arras (Pas-de-Calais) en 1909, étudiant en histoire à la faculté des lettres de Lille (Nord), il mit fit à son stage en janvier 1910 pour devenir surveillant d’internat aux lycées de Tourcoing (Nord), puis de Douai (Nord) jusqu’en septembre 1913, et enfin au lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, où il termina sa licence ès lettres (mention histoire-géographie) en 1914.

.Engagé volontaire le 2 août 1914, il fut blessé grièvement (trois blessures dont une importante au ventre) dès septembre 1914 en Lorraine. Hospitalisé, bien que non guéri, on le renvoya au front en Champagne, en mars 1915, puis à Verdun. Après avoir été blessé une nouvelle fois, sa cicatrice au ventre s’ouvrit à nouveau. Malade, il fut réformé définitif en septembre 1916. Invalide à 65 %, il conserva une élocution difficile. Il obtint un diplôme d’études supérieures de géographie et demanda à reprendre un service d’enseignement dans un établissement proche du front dans sa région d’adoption. Nommé délégué pour enseigner l’histoire-géographie, en octobre 1916, au lycée Alexandre Ribot de Saint-Omer (Pas-de-Calais), il s’y maria le 23 avril 1919 avec Marie Fourneau avec laquelle il eut deux fils, dont seul l’aîné fut reconnu pupille de la Nation.

Ses brillants états de service durant la guerre lui valurent la médaille militaire, la Croix de guerre 14-18, et d’être promu officier de la Légion d’honneur en 1937. Il occupa d’importantes charges dans les associations d’anciens combattants : vice-président de l’Union fédérale des anciens combattants, vice-président de la Fédération internationale des AC, vice-président de l’Office national des AC, président du Comité national du souvenir. Il était également titulaire de plusieurs décorations étrangères : officier de l’ordre de Léopold de Belgique, de différents ordres de Pologne, Yougoslavie et Tchécoslovaquie.

Louis Fontenaille fut titularisé professeur licencié en 1921, au lycée de Saint-Omer, où il constitua une collection de deux mille vues photographiques à usage éducatif. À la rentrée 1938, il intégra le cadre parisien des professeurs licenciés en étant muté au lycée Hoche de Versailles où il resta en poste jusqu’à sa retraite, en exerçant dans les classes préparatoires. Il habitait 14 rue Jacques-Boyceau à Versailles.

Militant du Syndicat national des professeurs de lycée et du personnel de l’enseignement secondaire féminin (S3), Louis Fontenaille était membre de sa commission exécutive nationale dans les années 1930 et du bureau de 1937 à 1940, après sa transformation en Syndicat national autonome des lycées, collèges et cours secondaires féminins. Il était en même temps trésorier de la Caisse d’entr’aide et de la Caisse d’assurances contre les accidents de l’enseignement public en 1939, située au 5 rue Las-Cases à Paris, siège du SNALCC.

Lors de l’arrivée des Allemands à Versailles, le 14 juin 1940, il prit la responsabilité de faire rouvrir le lycée Hoche pour accueillir les élèves qui étaient restés sur place. Durant l’Occupation, il continua à réunir chaque trimestre la commission de la Caisse d’entraide et relança officiellement son activité le 17 décembre 1942. L’Information universitaire (16 janvier 1943) rendit compte de la réunion et commenta très favorablement l’appel du trésorier à la création d’une catégorie de souscripteurs perpétuels moyennant le versement d’une somme forfaitaire minimum de 500 F et les aides aux étudiants et universitaires prisonniers de guerre. Il conclut un contrat avec La Préservatrice pour la Caisse d’assurances, qui fut renouvelé en 1943.

Du fait de ses prises de position hostiles à la collaboration, Louis Fontenaille fut très mal noté par le proviseur du lycée Hoche, Morguet, ami de Darlan, mis à la retraite d’office à la Libération ; il fut donc promu de la 2e à la 1re classe de son grade en 1945 avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 1940.

Ses fils étaient entrés dans la Résistance active. L’aîné, Adolphe, adjoint au directeur du service de la main-d’œuvre de Seine-et-Oise, appartenait à un réseau pour fournir des faux-papiers et permettre à de nombreux jeunes ouvriers d’échapper au Service du travail obligatoire ; arrêté en mai 1944 par la Gestapo sur dénonciation, il mourut en déportation au camp de Buchenwald à l’âge de vingt-quatre ans. Une plaque apposée sur la façade du 10 place Hoche à Versailles, commémore son action et celle de ses compagnons morts ou disparus. Son second fils, Jacques, fut également arrêté par la Gestapo et torturé en juillet 1944 et ne dut sa libération qu’à l’arrivée des Américains le 25 août 1944 dans le sillage de la 2e DB.

À la Libération, Louis Fontenaille fut membre du bureau provisoire du nouveau Syndicat national de l’enseignement secondaire, réunissant les anciens frères ennemis du SPES et du SNALCC, séparés depuis 1937. Il fut chargé des œuvres sociales et du secours de guerre. Il siégeait en effet au bureau du Comité central du Secours de guerre de l’enseignement public créé au ministère de l’Éducation nationale sous l’égide de la Fédération générale de l’enseignement. Il continua d’être membre de la commission exécutive du SNES et du bureau national en 1945 et 1946 comme responsable des œuvres d’entr’aide de l’enseignement secondaire et du Secours de guerre et comme secrétaire de la commission de la Sécurité sociale.

Louis Fontenaille avait été proposé au grade de commandeur de la Légion d’honneur peu avant son décès en 1969.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49765, notice FONTENAILLE Louis, Jean, Marie par Alain Dalançon, version mise en ligne le 8 avril 2009, dernière modification le 10 février 2020.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat., F/17 25634. — Arch. IRHSES (dont L’Information universitaire (1942-1943), B.O. de l’Éducation nationale, 1945, L’Université syndicaliste). — Site internet Mémoire 78. — J.-P. Briand, « L’apparition du préapprentissage dans les grandes villes au début du XXe », Formation-Emploi, n°s 27-28. — Etat civil en ligne Lyon. — Renseignements fournis pas son fils et son petit-fils. — Notes de Jacques Girault.

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