Par Hélène Chaubin
Né le 2 décembre 1919 à Barcelone (Espagne), mort le 9 mai 1989 à Paris (Xe arr.) ; professeur d’espagnol ; militant communiste à partir de 1944 ; secrétaire général de la Fédération communiste de l’Hérault de 1953 à 1956 ; journaliste à Bucarest en 1956.
Michel Schuwer naquit dans la capitale de la Catalogne espagnole, Barcelone. Sa mère, Isabelle Boxa, était espagnole. Elle avait été modiste avant son mariage avec Frantz Schuwer, un dessinateur publicitaire. Tous deux étaient communistes. Ils eurent un second fils, Jean, né en 1921. La famille revint en France en 1931. Jean Schuwer, engagé dans la résistance communiste, fut arrêté par la Gestapo et fusillé en 1944. Il semble que ce drame familial ait fortement marqué Michel Schuwer et renforcé ses convictions.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Michel Schuwer, après s’être engagé en octobre 1939 pour la durée de la guerre, fut démobilisé en octobre 1940 avec le grade d’aspirant. Il poursuivit des études d’Espagnol à la Sorbonne. Il y rencontra sa future épouse, Odette Mirel, étudiante comme lui en Espagnol. Il fut membre des Étudiants communistes et adhéra au Front National des étudiants en 1942 et 1943 sous le pseudo de “Lecomte“. Il fut responsable de l’organisation clandestine de la faculté d’octobre 1942 à mai 1943. Depuis février 1943, Michel Schuwer, réfractaire au STO, se cacha puis quitta Paris. Il obtint un poste de professeur délégué d’abord au Mans, dans la Sarthe, puis dans le Rhône, à Lyon. En 1944, revenu à Paris où il habita dans le XIVe arrondissement, il renoua avec le Front National ; il travailla au Musée de l’Homme. En août 1944, il participa à l’insurrection dans la capitale et adhéra au Parti communiste français. Il fut secrétaire de sa cellule dans le XIVe arrondissement en 1944-1945, cellule qui était aussi celle de son épouse.
En 1946, Michel et Odette Schuwer qui avaient obtenu l’agrégation d’espagnol, furent nommés à Carcassonne dans l’Aude. En 1946, Michel appartint au comité puis au bureau fédéral de l’Aude en 1948. Il fut le trésorier de la section syndicale (S1) de son lycée du Syndicat national de l’enseignement secondaire.
En 1948, les Schuwer furent mutés dans l’Hérault à Montpellier. Deux enfants naquirent à Montpellier : Catherine, le 2 octobre 1948, et François, le 2 novembre 1951. Michel enseigna au lycée Joffre. Il milita au SNES. En 1950, il était secrétaire de la section du Parti communiste de Montpellier. Il adhéra au Mouvement de la paix.
En février 1953, il fut élu premier secrétaire de la Fédération de l‘Hérault et fut réélu en 1954. Il fut proposé pour suivre l’école du Parti de quatre mois en 1953 et en 1954 mais y renonça pour une question de congés. Il donna des articles au Travailleur du Languedoc. Les autres membres du secrétariat étaient trois militants bien connus dans le département : un agriculteur, Louis Nadal, et deux ouvriers agricoles, Georges Carrière qui fut en juin 1956 le successeur de Michel Schuwer, et Manuel Bernabeu, issu d’une famille d’immigrants espagnols, qui accéda au secrétariat fédéral en mai 1957. A l’époque où Michel Schuwer assura le secrétariat fédéral, Paul Balmigère, qui fut considéré comme le personnage le plus influent au sein du Parti dans l’Hérault, résida à Paris : il était membre du comité central de 1951 à 1957. Michel Schuwer, qui fut reconnu pour ses qualités intellectuelles, était un homme réservé, parfois décrit comme distant : une personnalité fort différente de celle de tribuns communistes alors très populaires en Languedoc comme Raoul Calas et Paul Balmigère. En 1949, il fut proposé en deuxième position pour être candidat au Conseil général à Montpellier 2. En mai 1955, il fut candidat aux élections cantonales de Montpellier 2. Il était en tête au premier tour avec 3 388 voix sur 12 321 suffrages exprimés. Mais au deuxième tour, il n’était qu’en troisième position derrière les candidats de la SFIO et du CNI avec 4 519 voix sur 13 714 suffrages exprimés.
En 1955, Michel Schuwer quitta la France avec sa famille pour un séjour de huit mois à Bucarest (Roumanie) où il fut appelé à remplacer Denis Bizot comme responsable de l’édition française de l’hebdomadaire Pour une paix durable, pour une démocratie populaire. Denis Bizot avait assuré ces fonctions depuis 1951. De retour en France en 1956, à Paris, Michel Schuwer travailla encore pour la presse communiste (l’Humanité et France Nouvelle). Il avait repris un poste de professeur au lycée Jacques Decour et milita dans la cellule du lycée. Toujours attentif aux évolutions politiques en Espagne, il assura en 1960 le secrétariat général de la Conférence pour l’amnistie des prisonniers en Espagne. Il participa d’autre part à la rédaction de l’Histoire du Parti communiste français parue en 1964 aux Editions Sociales.
Il resta jusqu’au bout un simple militant de la section du IXe arrondissement de Paris où il résida. Sa fille était devenue professeur de mathématiques, agrégée, et son fils, podologue. Sa femme, Odette, lui survécut dix ans : elle mourut le 28 octobre 1999 à Vernon (Eure) où exerçait son fils, François Schuwer.
Par Hélène Chaubin
SOURCES : Arch. Dép. Hérault, 541W48, élections cantonales, et 676W195, Partis politiques. — Archives du comité national du PCF. — Le Travailleur du Languedoc, collection conservée à la Fédération départementale à Montpellier, ZUP de Tournezy. — Entretiens et correspondance avec François Schuwer en 1999 et 2000 et avec Maurice Verdier (Secrétaire de la Fédération de l’Hérault de 1966 à 1987) en 1998 et 1999. — Témoignage de Claude Willard en 1999. – Biographie de Denis Bizot dans le Maitron — Notes de Jacques Girault.