FERRAND Georges, Pierre, Aimé

Par Alain Dalançon

Né le 13 octobre 1937 à Bourgoin (Isère), mort le 19 février 2022 ; professeur d’anglais ; militant du SNES, secrétaire du S3 de Lyon (1974-1979), secrétaire national, trésorier national adjoint (1979-1980).

Georges Ferrand au congrès du SNES de 1971
Georges Ferrand au congrès du SNES de 1971
[Arch. IRHSES]

Son père était un instituteur d’opinion de gauche. Fait prisonnier par les Anglais lors de leur débarquement à Diego Suarez en mai 1942 et amené en Angleterre, il resta auprès du général de Gaulle à Londres, fut responsable de l’intendance des Forces françaises libres, ne quitta pas l’armée à la Libération, devint général et demeura gaulliste jusqu’à sa mort en 1968. Sa mère était institutrice directrice d’école. Élevé avec son frère suivant une forte tradition laïque, Georges Ferrand effectua sa scolarité primaire à l’école communale de La Tour-du-Pin (Isère) de 1942 à 1944, puis au lycée français de Londres de 1945 à 1947. Il fit ses études secondaires au lycée du Parc à Lyon (1947-1954), où il obtint le baccalauréat philosophie, puis poursuivit des études supérieures d’anglais à la faculté des lettres de Lyon.

Reçu au certificat d’aptitude au professorat à l’enseignement de second degré en 1959, Georges Ferrand fut professeur certifié stagiaire au centre pédagogique régional de Lyon en 1960. Il épousa le 12 décembre 1959 à Lyon (Ier arr.) Lucienne Turpin, qui devint professeure de lettres, militante au SNES et au PCF, et avec laquelle il eut deux enfants. Proche du Parti communiste, Ferrand ne fit pourtant jamais le pas de l’adhésion.

Exempté de service militaire pour raison de santé, Georges Ferrand débuta sa carrière professionnelle comme professeur certifié d’anglais au lycée de Mâcon (Saône-et-Loire) en 1961, dont il ne tarda pas à devenir le secrétaire de la section du Syndicat national de l’enseignement secondaire (1964-1968), se reconnaissant dans le courant B Unité et Action. En 1968, il anima la lutte syndicale dans son établissement et à Mâcon, fut en conflit avec son proviseur qui envoya un rapport au ministère : « indésirable en lycée, mauvaise influence sur les élèves », ce qui l’empêcha d’obtenir une mutation en lycée à Lyon comme il le souhaitait.

En 1969, Georges Ferrand fut donc nommé au collège Chaponnay à Lyon, alors que son barème lui aurait permis d’obtenir un poste en lycée. Puis l’année suivante, à la suite d’une permutation, il fut muté au lycée Brossolette à Villeurbanne où il termina sa carrière en 1998, promu au grade d’agrégé par liste d’aptitude depuis 1992. Il s’investit alors beaucoup plus dans le syndicalisme. Il succéda à Jacques Eyssautier au secrétariat de la section départementale du SNES du Rhône de 1971 à 1974, entra au secrétariat de la section académique et succéda à Janine Chapard comme secrétaire académique (1974-1979).

Membre de la commission administrative nationale à partir de 1974, il s’affirma vite comme un des militants de la nouvelle génération les plus écoutés et intégra la direction nationale. Membre du bureau national, il entra au secrétariat national en 1978 et fut élu trésorier adjoint au côté de Théodore Haddad en 1979. Il fut alors un des principaux animateurs de la lutte contre le projet de « plan d’expérimentation » des langues vivantes du secrétaire d’État à l’Éducation Jacques Pelletier ; il présenta les 70 000 signatures récoltées par le SNES dans un débat à la télévision qui l’opposait au ministre. Depuis plusieurs années, il suivait en outre, en tant que représentant du SNES et interprète, les réunions de la Fédération internationale des professeurs du second degré officiel, dont André Drubay était le secrétaire général.

Ce parcours plein de promesses s’interrompit brusquement au printemps 1980 à la suite de l’échec de la vente des immeubles du SNES, afin d’acheter de nouveaux locaux plus vastes et fonctionnels dans le quartier du Châtelet, projet approuvé par le congrès du mois de mars à la quasi unanimité. La Caisse centrale de coopération économique avait en effet renoncé à acquérir les locaux du syndicat, la DATAR et la préfecture de Région ayant refusé son extension à Paris. Mais Gérard Alaphilippe, secrétaire général adjoint, soupçonna dans cette affaire, où le SNES, selon lui, risquait d’être l’otage de l’« empire de la FEN » – soit en s’endettant auprès de la CASDEN, dont Théodore Haddad était trésorier national adjoint, pour le paiement d’un éventuel dédit, soit en vendant ses locaux à la MRIFEN. Il soupçonnait un véritable double complot contre la direction, ce qu’il dénonça ensuite devant les membres de la tendance Unité et Action de la CA nationale. Un repreneur pour l’immeuble du Châtelet fut cependant trouvé par les trésoriers et le SNES n’eut pas à payer de dédit. Georges Ferrand fit un rapport circonstancié devant le secrétariat national du 14 juin 1980 sur les raisons juridiques et administratives qui avaient empêché la réussite de l’opération mais démentant les soupçons d’intervention politique visant à nuire au syndicat. Gérard Alaphilippe resta cependant convaincu de la validité de sa thèse qui ne fut pas combattue publiquement par les deux trésoriers qui préférèrent s’abstenir de participer à la réunion de tendance précédant la réunion du conseil national des 24 et 25 juin et donner leur démission, en spécifiant qu’elle était motivée par des désaccords sur les méthodes de travail de la direction nationale. Étienne Camy-Peyret, secrétaire général, annonça, sans commentaires, cette démission collective au CN. Théodore Haddad et Georges Ferrand furent remplacés immédiatement par Jean Reynaud et Bernard Flageollet. Le nouveau trésorier inaugura une nouvelle politique financière et fit passer l’essentiel des avoirs du SNES au Crédit mutuel de Marseille.

Georges Ferrand revint donc à la base, assez meurtri. Il s’investit dans de nombreuses associations, notamment en tant que membre et directeur de plusieurs chorales de negro spiritual, dont l’amour lui avait été transmis par Louis-Thomas Achille, son professeur d’anglais au lycée du Parc.

Ses obsèques eurent lieu au crématorium de Chambéry le 24 février 2022.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49813, notice FERRAND Georges, Pierre, Aimé par Alain Dalançon, version mise en ligne le 9 avril 2009, dernière modification le 26 mars 2022.

Par Alain Dalançon

Georges Ferrand au congrès du SNES de 1971
Georges Ferrand au congrès du SNES de 1971
[Arch. IRHSES]

SOURCES : Arch. IRHSES (S3 Lyon, CA, congrès, secrétariat national, L’Université syndicaliste). — Renseignements fournis par l’intéressé.

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