Par Claude Pennetier
Né en 1922 à Lesneven (Finistère), mort le 11 avril 2009 ; ouvrier à l’Arsenal de Brest ; grièvement blessé lors la manifestation du 17 avril 1950.
Le père de Pierre Cauzien mourut peu après sa naissance. Il fut élevé par sa tante au Cléguer, à Plougastel, où il alla à l’école. Une bourse lui a permis de poursuivre ses études et de rentrer à l’arsenal comme traceur de coques. Syndicaliste CGT, il participa à la grève et à la manifestation de soutien aux ouvrièrs du bâtiment le 17 avril 1950. En arrivant à la sous-préfecture les policiers entreprirent de disperser le cortège. Les pavés volèrent et la police tira, tuant l’ouvrier Édouard Mazé et blessant au mollet Cauzien. À l’hôpital, le chirurgien retira la « balle de gradé » qui lui avait coûté la jambe. Une vingtaine d’autre manifestants furent blessés.
Il resta handicapé. L’enquête après ces événements s’était conclue par un non-lieu, estimant impossible d’établir qui avait tiré. Cauzien chercha longtemps à faire reconnaître qu’il n’avait pas été victime d’un accident.
Il fut, pendant les années 50 et 60, secrétaire adjoint de la section syndicale des dessinateurs de l’arsenal de Brest, section du syndicat national des techniciens de la fédération CGT des travailleurs de l’État, dont le secrétaire national était Michel Warcholak. Après avoir été blessé dans la fusillade, Pierre Cauzien été reclassé chez les dessinateurs de l’arsenal, car il ne pouvait plus travailler dans les ateliers de construction navale, car il était resté très handicapé.
Pierre Cauzien fut toute sa vie un militant actif du Parti communiste et une figure du mouvement ouvrier brestois. Il s’était retiré à Ploumoguer, se consacrant notamment à la lecture de livres d’histoire et de littérature.
À la vie de sa vie, il avait obtenu une dérogation pour consulter aux Archives départementales les dossiers de justice, mais, tenu par l’engagement de ne pas révéler le contenu, il ne fit aucun commentaire. Les deux dossiers furent ouverts le 17 avril 2010, 60 ans après les événements.
Il avait un fils, Marc Cauzien.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Kris et Étienne Davodeau, Un homme est mort, Éditions Futuropolis, octobre 2006. — Ouest-France, 13 avril, 18 avril 2009. — Notes de Gilles Pichavant.