BOUTIN Arthur

Par Claude Geslin, Gilles Morin, François Prigent

Né le 30 juin 1903 à Rézé (Loire-Inférieure), mort le 5 janvier 1980 à Rézé ; employé puis aviculteur ; conseiller municipal (1929-1936), premier adjoint (1936-1938) puis maire (1945-1949) SFIO de Rezé ; conseiller général SFIO de Bouaye (1945-1951) ; candidat SFIO aux législatives de 1945, 1946, 1951, 1956 et 1958 ; candidat SFIO au Conseil de la République en 1946 et en 1948 ; candidat SFIO aux cantonales de Bouaye en 1958 ; résistant Libération-Nord ; vice-président du CLL de Rezé ; dirigeant fédéral de la SFIO (1945-1965) de Loire-Inférieure ; militant CGT.

Son père Arthur Boutin était manœuvre à Maupertuis et sa mère Reine-Joséphine Padiou était ménagère.

Employé syndiqué à la CGT, Arthur Boutin était conseiller municipal dans l’équipe républicaine de Charles Rivière en 1929. Le groupe socialiste, fort de 8 éléments (Chauvelon, Chincolle, Macé, Martin, Paon, Joseph Turpin) était mené par le premier adjoint Maurice Thiéfaine*, qui devint député en 1936. Réélu conseiller municipal, il fut premier adjoint du radical Jean Vignais, nouveau maire de Rezé en 1936. Arthur Boutin, qui fut arrêté pour entraves à la liberté du travail lors de la grève générale du 30 novembre 1938, démissionna le 23 décembre 1938 de son mandat politique. En raison des positions socialistes, il semblait en retrait de la SFIO, voire proche des réseaux PSOP.

Militant de la SFIO, organisée clandestinement par le futur préfet de la Sarthe Georges Briand* depuis 1942, Arthur Boutin était vice-président du CLL (comité local « Renaissance Française ») et président du mouvement Libération-Nord de Rézé.

En 1945, Arthur Boutin, devenu aviculteur, prit le relais de Jean Vignais (nommé en 1944), comme maire de Rezé, s’appuyant sur un groupe de quatorze élus socialistes : Jean Giraud (adjoint), Clément Ollive, Félix Massieux, Jeannine Billon, François Cabelduc, François Charpentier, Albertine Leguyader, James Linand, Charles Lebreton, Lucien Marques et Alexandre Plancher* (conseiller général de Bouaye entre 1964 et 1970, puis de Rezé entre 1973 et 1978).

Outre ses deux parlementaires, la SFIO comptait seulement huit maires à la Libération : Clovis Constant* à Nantes, François Blancho* à Saint-Nazaire, Julien Lambot* à Trignac, Henri Normand* à Couéron, Pierre Ridel* à Indre, Vivien* à Montoir-de-Bretagne, Roger Fraslin* à Saint-Etienne-de-Montluc. Or, Arthur Boutin fut très actif dans les réseaux d’élus municipaux, composés, selon son estimation transmise au secrétaire fédéral, de 172 élus socialistes (2 conseillers généraux, 29 adjoints, 136 conseillers municipaux). Arthur Boutin prit d’ailleurs la tête de la nouvelle fédération des élus en 1948. Secrétaire de section dès novembre 1945, ouvertement opposé à De Gaulle, Arthur Boutin était membre de la direction fédérale de la SFIO entre 1945 et 1965.
En 1945, derrière le syndicaliste agricole Henri Robichon (5588 voix), Arthur Boutin obtint 4 397 voix, soit 37.1 % des suffrages exprimés au premier tour des cantonales à Bouye, devançant le candidat communiste Cadiou (1 857). Au deuxième tour, Arthur Boutin l’emportait nettement avec 51.3 % des suffrages (6 509 voix), côtoyant à l’assemblée départementale Jean Guitton*, député de Saint-Nazaire entre 1945 et 1958. Avec seulement 2 élus au conseil général, les socialistes enregistraient un net recul par rapport à la génération de 1937, forte de six conseillers généraux (François Blancho*, Auguste Pageot*, Eugène Le Roux*, Maurice Thiéfaine, Alexandre Fourny et Edmond Prieur*).

Notable socialiste, il figurait en sixième position sur la liste SFIO (19.1 % des suffrages exprimés) en octobre 1945, aux côtés de Clovis Constant, Jean Guitton, Théodore Staub*, Jeanne Vinçon* et Raoul Bessac*. Arthur Boutin fut candidat en cinquième position aux législatives de novembre 1946 (12 % des voix), derrière Jean Guitton, Théodore Staub, Paul Buffet et Clovis Constant. En décembre 1946, Arthur Boutin était à nouveau candidat socialiste au Conseil de la République, sur la liste menée par le secrétaire fédéral Théodore Staub.
En 1947, Arthur Boutin fut reconduit à la maire de Rezé, mais avec une majorité relative (6 SFIO) très fragilisée par les oppositions communiste et gaulliste. En novembre 1948, il fut candidat aux sénatoriales (113 voix et 8.5 % des suffrages exprimés), aux côtés du résistant Théodore Staub, du maire de Saint-Nazaire entre 1946 et 1947, Pitre Grenapin* et de l’ancien secrétaire de section de Nantes, André Duchemin. En mars 1949, Arthur Boutin fut contraint de démissionner de son poste de maire de Rezé, la ville étant dirigée par le RPF Georges Bénézet jusqu’en 1959.

Lors du renouvellement de 1951, Arthur Boutin, considéré à tort par le préfet comme « communisant », enregistra une nouvelle défaite aux cantonales, la SFIO ne conservant que le siège nazairien au Conseil Général. Au premier tour, il ne recueillit que 12.6 % des suffrages exprimés (1 112 voix), cédant la place au maire PRL de Bouguenais, Henri Robichon.

En juin 1951, il fut candidat aux législatives sur la liste SFIO (9.8 % des voix), derrière Jean Guitton, Jean Bauvieux* et Fernand Brunellière*. En janvier 1956, Arthur Boutin figurait en troisième position de la liste SFIO (16.7 % des voix), menée par Jean Guitton et Jean Lepage*. En 1958, il fut à nouveau candidat aux législatives, avec Léoneau comme suppléant, mais il n’obtint que 4835 voix au premier tour. En avril 1958, il fut une nouvelle fois candidat pour la SFIO aux cantonales à Bouaye, sans succès.

En 1959, Arthur Boutin figurait sur la liste d’Alexandre Plancher, qui resta maire jusqu’en 1978. Contre l’avis de la fédération du molletiste, André Routier-Preuvost*, cette liste à Rezé était formée d’une grande coalition unissant les communistes, les chrétiens sociaux du PSU comme André Coutant et les socialistes laïques de la SFIO. Retiré de la vie politique, Arthur Boutin qui demeura membre du milieu socialiste, décéda en 1980.

Arthur Boutin s’était marié en 1927 avec Marthe Gallais.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49873, notice BOUTIN Arthur par Claude Geslin, Gilles Morin, François Prigent, version mise en ligne le 16 avril 2009, dernière modification le 20 janvier 2022.

Par Claude Geslin, Gilles Morin, François Prigent

SOURCES : Arch. Nat., F/1a 3228, 3229 ; F/1cII 112/A, 285, 293, 321. — Arch. Dép. Ille-et-Vilaine, série U non classée. – Arch. de l’OURS, dossiers Loire-Inférieure. – Arch. du CHT de Nantes. – Arch. Fédérales du PS de Loire-Atlantique. – Le Travailleur de l’Ouest. — La Tribune Socialiste. — L’Effort Social. – Entretiens avec Jacques Floch* et Daniel Prin. — Yves Laurent et François Naud, Le Cœur et la passion. Chronique du PS (1936-1988), Ed. Crocus, 1988. — Sabine Prin, Les socialistes et la Résistance en Loire-Inférieure, Éd. OURS, 2008. — Yann Vince, Histoire Municipale de la Révolution à nos jours, Ed. Hérault, 1997. – François Prigent, « Les élus socialistes en Bretagne : réseaux, trajectoires et identités des années 30 aux années 80 », in Christian Bougeard (dir), Un siècle de socialismes en Bretagne. De la SFIO au PS (1905-2005), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008, pages 207-220. — État civil.

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