GANDIA LORENZO Rafael [« Martín », « Rafles », pseudonymes de résistance]

Par André Balent

Né le 11 octobre 1917 à Yecla (Murcia, Espagne), mort à Toulouse le 20 juin 2011 ; militant du PCE, adhérent de l’UNE, officier des Guerrilleros espagnols ; résistant dans les Pyrénées-Orientales ; a résidé dans la Haute-Garonne.

Gandia en 1939
Gandia en 1939

Avant la guerre civile espagnole, Gandia, originaire de la province de Murcie, était mécanicien à Madrid.

Rafael Gandia combattit pendant la Guerre Civile espagnole dans les rangs de l’armée républicaine. Il s’enrola au Quinto regimiento du communiste Enrique Lister. Il fut capitaine de l’Armée populaire.

Il rentra en France en février 1939 (Retirada) et fut interné pendant un an au camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales).

En 1942-1943, il se trouvait dans l’Aude dans la région du Quercorb, à l’ouest du département. Dans le courant de 1942, il participa activement à la lutte armée des guerrilleros espagnols (GE). Il appartenait au 3e bataillon de la 5e brigade des GE (Aude). Celle-ci qui groupait en 1942 54 guerrilleros avait son PC à la Calmette, près de Rivel (Aude). Son rayon d’action englobait le Pays de Sault (Pyrénées audoises), le Quercorb, autour de Chalabre, le Lauragais audois avec Castelnaudary. Peu après le 11 novembre 1942 (occupation de la zone Sud par les forces allemandes), les bataillons audoise des GE qui avaient été très actifs avant cette date durent faire face à une offensive policière. Le PC du 3e bataillon dont Gandia avait pris le commandement fut attaqué par la police qui procéda à des arrestations et à des perquisitions. Gandia parvint à s’échapper d’une maison cernée par la police avec deux autres guérilleros — dont son adjoint, Madriles — et marchèrent pendant trente-six heures jusqu’à Greffeil, dans les Corbières. Trop connus des forces de répression, ils furent mutés à la 1er brigade des GE (Pyrénées-Orientales).

Rafael Gandia devint ensuite un des responsables des GE des Pyrénées-Orientales. Il commandait le 3e bataillon —implanté à Céret (Pyrénées-Orientales) et dans les environs— de la 1e brigade des GE, celle des Pyrénées-Orientales formée en 1942 et commandée d’abord par Huertas [« Arenya »] puis, à partir du 1er janvier 1944 par Juan Camara [« Paco »]. Certaines sources le présentent, à tort comme étant le chef de la 1e brigade des GE. Il était le responsable du personnel —il dirigeait une centaine d’ouvriers en 1943— d’une entreprise de travaux forestiers du Roussillon appartenant à M. Ranault, exploitant forestier du Vallespir. Des Espagnols issus des groupements de travailleurs étrangers y étaient employés à des tâches de bûcheronnage et de charbonnage et trouvèrent —en Vallespir , comme dans beaucoup d’autres départements des Pyrénées ou du Massif Central— le camouflage idéal pour la formation d’un bataillon de GE.

Parmi ses faits d’armes, il attaqua, à la fin de 1943, le siège de la Siecherheistpolizei communément connue sous le nom de « Gestapo » des thermes du Boulou (commune de Maureillas, Pyrénées-Orientales).

Il participa, le 29 juillet 1944 à l’attaque et à l’occupation momentanée de Prades (Pyrénées-Orientales) par les FTP et les GE qui suivit l’assaut de Valmanya, mais n’en fut pas la cause principale. Dans ce combat, dit la citation militaire française, certifiée par Georges Delcamp (Toulouse, 5e région militaire, 15 janvier 1947), il « s’est particulièrement distingué par sa conduite héroïque au feu ».

Il commanda les GE pendant l’attaque de Valmanya (Pyrénées-Orientales), village du massif du Canigou, les 1, 2 et 3 août 1944. Attaqué par la Milice et les forces allemandes, Valmanya fut défendu conjointement par le Maquis FTP « Henri Barbusse » commandé par Barthélemy et Julien Panchot et par les GE (voir aussi Galiano Manuel, Sabatier Émile). Gandia tint, pendant trois jours, le secteur dont il avait la charge, « assurant la retraite de ses propres forces sans essuyer de pertes » (citation du 15 janvier 1947).

Également en contact avec le « maquis 44 » qui regroupa près de Saint-Marsal (Pyrénées-Orientales) les résistants de nationalité française de Céret et du Vallespir (Voir Barde Edmond-), il participa avec eux à la Libération de Céret. Tirant au fusil-mitrailleur, il participa peu avant, à la direction du combat du Pont de Reynès (commune de Reynès, Pyrénées-Orientales) qui permit de mettre hors de combat une colonne allemande. Cinq camions, deux automobiles, une moto furent détruits, des armes et des munitions furent capturés (Voir Madern François). Contrairement à ce qu’affirme Ferran Sánchez Agustí (1999, 2003), les GE, commandés par Gandia, présents à Reynès, ne pouvaient en même temps participer à la Libération de Perpignan. Ce furent d’autres GE, peu nombreux, qui contribuèrent à la Libération de la capitale du Roussillon, aux côtés des FFI, auxquels ils étaient formellement rattachés. Pour l’action du Pont de Reynés, il fut décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze. Il est faux de laisse croire, comme Eduardo Pons Prades (op.cit., p. 67), que les GE interceptèrent seuls "un détachement allemand au pont de Reynès" et "prirent une part très active à la Libération de Perpignan". Pons Prades fait erreur sur la date de l’engagement du Pont de Reynès qui eut lieu le 19 août et non le 20. En attribuant aux seuls GE la victoire contre les Allemands, contraints de rebrousser chemin, il occulte la formation résistante cérétane et vallespirienne (le "maquis 44") à laquelle se rallièrent quelques GE du maquis du Canigou, qui s’étant dispersés après les combats des 1 er et 2 août, certains, comme Gandia, l’ayant ralliée à cette occasion. Il est tout aussi erroné, comme le fait encore Pons Prades de prétendre que les GE "libérèrent Céret, Prats-de-Mollo et Amélie-les-Bains", ces localités du Vallespir ayant été simplement abandonnées par les forces allemandes qui avaient reçu l’ordre de se replier. Quant à la participation "très active" des GE à la Libération de Perpignan évoquée par Pons Prades, elle ne fut, dans le meilleur des cas, que très marginale comme nous l’avons déjà signalé (Voir aussi : Perpignan, combats de la Libération de la ville (19 et 20 août 1944)).

De 1944 à 1946, il fut, depuis Perpignan un agent de liaison du Parti communiste d’Espagne (PCE). Par la suite, il s’installa à Toulouse (Haute-Garonne). En 1974, il habitait à Toulouse, rue Louvois.
À Toulouse, il fut président de l’Amicale des Guérilleros de la Haute-Garonne (jusqu’en 2009) et de la Casa de España de cette ville. Il adhérait aussi à l’ANACR.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49887, notice GANDIA LORENZO Rafael [« Martín », « Rafles », pseudonymes de résistance] par André Balent, version mise en ligne le 20 avril 2009, dernière modification le 4 juillet 2018.

Par André Balent

Gandia en 1939
Gandia en 1939

SOURCES : Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, II b ; De la Résistance à la Libération, Prades, 1998, p. 430, 601, 602, 603 (citation, Toulouse, certifiée conforme par Georges Delcamp*). — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, p. 352. — Lucien Maury, La Résistance audoise (1940-1944), tome 2, Carcassonne, comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, Carcassonne, 1980, 441 p. [pp. 171-173]. — Ferran Sánchez Agustí, Espías, contrabando, maquis y evasión. La II Guerra mundial en los Pirineos, Lérida, Milenio, 2003, p. 82-83. —Ferran Sánchez Agustí, Maquis a Catalunya. De la invasió de la vall d’Aran a la mort de Caracremada, Lleida, Pagès editors, 1999,p. 199 ; p. 201. — Eduardo Pons Prades, Republicanos españoles en la Segunda Guerra Mundial, Madrid, La Esfera de los libros, 2e édition, 2004, 767 p. [p. 67]. — Miguel Angel Sanz, Luchando en tierras de Francia. La participación de los españoles en la Resistència, prefacio de Jean Cassou, Madrid, Ediciones de la Torre, 1980, 254 p. [pp. 192-194]. — Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales (1939-1947), tome II, Le difficile combat vers la Libération nationale. Novembre 1942-août 1944, Lille, Marxisme / Régions, pp. 93-95. — Le Journal de la Résistance, 1246-1247-1248, 2011, p. 22, nécrologie.

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