ADÈRE-DEGEER Alice. Pseudonyme : BERTEAU, Alice

Par José Gotovitch

Née le 4 mai 1902 à Montegnée (Liège, Belgique), morte le 15 novembre 1977 à Liège ; ouvrière, ménagère ; élève de l’École léniniste internationale (ELI), membre du comité central du Parti communiste belge, députée.

Issue d’une famille ouvrière de huit enfants, dont le père était métallurgiste, Alice Adère travailla comme manœuvre à quatorze ans. Ouvrière aux fours à coke, elle participa en 1921 à la grève de sept mois qui paralysa l’usine métallurgique Ougrée-Marihaye à la suite de laquelle elle fut mise à la porte. En 1922, elle épousa Joseph Degeer, un mineur, militant du PC. Elle fut un temps cigarière, puis se qualifia elle-même de ménagère. Établie à Seraing, localité rouge de la ceinture industrielle de Liège, elle rejoignit le Front rouge, organisation d’autodéfense communiste et la Ligue des femmes contre la guerre et la misère. Elle adhéra formellement au Parti communiste belge en 1931.

En septembre 1931, elle fut proposée par le bureau politique pour l’ELI où elle fut admise sous le nom d’Alice Berteau. On y souligna son niveau très faible de formation, une certaine indiscipline, mais aussi ses progrès, son application et son bon sens de classe. À son retour, pour les grèves de l’été 1932, elle fut secrétaire du comité régional de Seraing. Bonne oratrice, très active sur le terrain de l’agitation sociale, elle encourut de multiples arrestations et condamnations. Elle se lança également dans l’action pour les droits des femmes, par l’intermédiaire du groupement La Porte ouverte et du Comité pour le droit au travail des femmes. Elle entra au comité central en 1935.

Les élections législatives de mai 1936 lui valurent un siège de députée au Parlement, et firent d’elle l’une des trois premières femmes élues en Belgique, alors même que les femmes n’avaient pas le droit de vote. Elle prit figure de dirigeante communiste pour le travail des femmes, mena des actions réussies, notamment avec les femmes socialistes. Toutefois son dossier à l’IC révèle ses faiblesses d’organisation et certaines difficultés relationnelles. Ayant émigré à Ougrée, autre bastion rouge de la région liégeoise, elle conduisit, en 1938, une liste commune avec les socialistes aux municipales et devint échevine de l’état-civil, poste conserva lors de la rupture occasionnée par le Pacte germano-soviétique. Réélue au Parlement en 1939, arrêtée en mai 1940 par les autorités belges et déportée à Gurs, elle est libérée en juillet grâce à un subterfuge utilisé par l’avocat communiste belge Jean Fonteyne. Le 22 juin 1941, elle plongea dans l’illégalité. Elle remplit, dans la clandestinité, diverses responsabilités au niveau local

Elle fut l’unique rescapée de la fraction parlementaire communiste présente à Bruxelles à la Libération et assuma tous les rôles.
Élue sénatrice à Mons en 1946 dans un arrondissement qui lui était étranger, elle n’exerça pas son mandat et en 1948, des différends d’ordre personnel l’écartèrent du Parti dont elle fut exclue pendant dix-sept ans. Devenu dirigeant syndical des mineurs, son mari était également entré en opposition avec le PC. Réadmise en 1965, ne jouant plus aucun rôle politique, elle estima avoir subi la dureté de la condition féminine au sein du Parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49894, notice ADÈRE-DEGEER Alice. Pseudonyme : BERTEAU, Alice par José Gotovitch, version mise en ligne le 22 avril 2009, dernière modification le 3 août 2010.

Par José Gotovitch

SOURCES : RGASPI, 495 93 216, 495 10a 153. — CARCOB, Dossier CCP. — Interview par l’auteur, 1972.

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