GRADOR Jean, Raymond

Par Jacques Girault

Né le 7 mai 1907 à Paris (XIIe arr.), mort le 8 juillet 2001 à Nice (Alpes-Maritimes) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste dans la Seine.

Fils d’un postier ambulant, Jean Grador ne fut pas baptisé. Après avoir suivi les cours de l’école primaire supérieure Jean-Baptiste Say, il entra à l’École normale d’instituteurs d’Auteuil en 1923. Après son service militaire dans un régiment d’infanterie à Belfort comme soldat de deuxième classe, il exerça comme instituteur à Bondy (1927-1928), à Alfortville (1930-1939), puis, du retour de sa captivité à 1947, au cours complémentaire de la rue Robespierre à Ivry de 1948 à sa retraite en 1962.

En 1927, Jean Grador adhéra au syndicat affilié à la Fédération unitaire de l’enseignement. Il fut le trésorier du bureau provisoire de la Conférence nationale d’unité des enseignants organisée par les syndicalistes communistes à Paris, le 24 décembre 1933. Il se rendit en URSS en 1933. Le 6 avril 1935, il fut le secrétaire du bureau français du mouvement international d’unité qui organisa avec le comité central des groupes de jeunes une conférence nationale d’unité du personnel enseignant sous l’égide du Mouvement international d’unité du corps enseignants, contre les réductions, le fascisme et la guerre. Il fut désigné au bureau français de l’organisation créée. Secrétaire de la sous-section du canton d’Alfortville avant 1939, membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs de la Seine à la fin des années 1930, il fut délégué aux congrès nationaux du Syndicat des instituteurs de Nice (1935) et de Nantes (1938).

Jean Grador adhéra en 1934 au Parti communiste et devint secrétaire de la cellule du quartier de la Porte Dorée (XIIe arr.) où il habitait de 1935 à 1965. Par la suite, il enseigna à l’Université ouvrière.

Mobilisé à l’état-major de la région fortifiée de Metz en septembre 1939, Grador, en raison de son engagement communiste, fut versé, en mars 1940, dans une compagnie hippomobile du train. Prisonnier en juin 1940, sa captivité se déroula à Kullstedt, puis à Buttstedt en Thuringe (usine de lin d’Aurode). Il refusa de « devenir travailleur libre avec tout mon kommando (stalag IXC) ». Il diffusa dans les kommandos de la région de Mulhausen, des tracts communistes que Geneviève Roulon et Jean Roulon lui faisaient parvenir. Il participa aussi à de nombreuses actions anti-allemandes.

Revenu en France, en mars 1945, Grador fut, par la suite, membre du Front national universitaire de l’enseignement primaire puis l’Union française universitaire dont il présida une séance du congrès, le 3 avril 1947.

Après la guerre, secrétaire d’une cellule du quartier de la Porte Dorée puis membre de la cellule communiste Marat à Ivry-sur-Seine, il suivit le stage organisé pour les instituteurs communistes (11-29 septembre 1955) après que sa candidature eut été deux fois récusée par le secrétariat du PCF en raison de son âge. Il occupa des responsabilités dans le Parti communiste français : membre du comité fédéral à partir de juillet 1956 et de la commission de contrôle financier de la Fédération Seine-Sud, jusqu’en 1962, responsable de la commission fédérale de travail sur l’enseignement pendant quelques années. Habitant Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) de 1965 à 1979, où son père, retraité, devenu communiste, vivait depuis la guerre, il participa au bureau de la section communiste locale puis en fut le secrétaire après 1968. Il milita aussi dans d’autres organisations : amicale des locataires de la Porte Dorée, Fédération des locataires, comité de paix des instituteurs d’Ivry dans la cadre du Mouvement de la Paix, etc…

Militant du SNI, à nouveau secrétaire de la sous-section d’Alfortville jusqu’en 1948, puis de celle d’Ivry, Grador, membre du conseil syndical de la section départementale de la Seine depuis novembre 1945, élu dans la quatrième circonscription de l’arrondissement de Sceaux, membre du bureau (décembre 1945- mars 1948), fut réélu régulièrement sur les listes « Unité et Action » jusqu’en 1962, en général en deuxième position. Il fut un des dirigeants en novembre-décembre 1947 du comité de grève des instituteurs de la Seine. Partisan du maintien de l’organisation dans la CGT, il signa au début de 1948 un appel à rester dans la CGT et milita dans la FEN-CGT. Il siégea également à la commission des conflits du SNI départemental et au conseil syndical du Syndicat des enseignants de la région parisienne. Lors du congrès national du SNI, le 28 décembre 1945, dans son intervention sur le rapport moral, il se prononça contre l’échelle mobile et pour le reclassement. Il reprit à nouveau le thème du reclassement, lors du congrès des 22-24 mars 1948, et critiqua l’action du bureau national qui avait, selon lui, brisé le mouvement de la Seine. Il participa à une rencontre avec des enseignants allemands à Eisenach en 1955. Lors du congrès national du SNI à Strasbourg, il intervint le 7 juillet 1960, dans la discussion du rapport de Clément Durand sur « les formes et les conditions actuelles de la pénétration cléricale. Les perspectives de l’action laïque et de l’action anticléricale ». Il approuvait le motion déposée mais regrettait que l’action du SNI ne soit pas menée avec « le concours », au lieu du « soutien », des autres syndicats et partis politiques se réclamant de l’idée laïque.

Jean Grador collabora à la revue L’École laïque entre 1944 et 1948. Souscripteur de L’École et la Nation, il participa à son comité de rédaction de 1959 à 1962, puis en fut l’administrateur de 1962 à septembre 1970.

Après avoir habité La Trinité (Alpes-Maritimes) de 1979 à 1984, membre du bureau de la section communiste, Jean Grador habitait Toulon (Var) depuis mai 1984.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49911, notice GRADOR Jean, Raymond par Jacques Girault, version mise en ligne le 23 avril 2009, dernière modification le 24 juillet 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F1a 4738. — Arch. PPo. 304, rapport du 30 novembre 1933. — Arch. comité national du PCF. — Presse syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressé, par Robert Hirsch, Fernand Leriche, Maurice Perche et Pierre Roche.

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